La présidentielle s’approche à grand pas. Le régime IBK, carrément en retard dans les préparatifs de cette échéance électorale, doit aussi faire face un front social sur lequel la tension est en passe d’atteindre son paroxysme.  Le mois prochain s’annonce, sans doute, stressant pour les gouvernants qui devront satisfaire plusieurs syndicats ou voire des secteurs clés de l’économie paralysés par des grèves. Les agents de la justice, les surveillants de prison, les commerçants, les cheminots ont déjà donné de la voix.

En effet, la section syndicale de la justice a déposé, le lundi 16 avril, un préavis de grève de 5 jours (à compter de 8 mai 2018) sur la table du gouvernement. Il revendique, à travers 11 points, l’amélioration des conditions de travail et de vie des 819 agents évoluant dans le secteur. «Le mouvement de protestation débutera le 08 Mai 2018 à 00H et prendra fin le 12 mai 2018 à 23H 59Mn », selon Issa Sékou Sidibé, secrétaire général de ce syndicat. Sur la même période, la section syndicale des surveillants de prison (SSSP), affiliée à la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (CDTM) prévoit un débrayage. Un préavis de grève de 48 heures (à compter du 8 mai 2018) est, depuis le 14 avril dernier, sur la table du ministre en charge de la Fonction publique fonction et des relations avec les institutions. Les surveillants de prisons sont révoltés par l’avis défavorable émis par le ministre de l’Economie et des Finances concernant l’adoption des projets de décret allouant des primes et indemnités aux surveillants de prison. Pour le syndicat, les arguments du ministre violent la loi n°2016-031 du 07 juillet 2016 en ses articles 145, 148 et 149. Mais, de son côté, le ministère de l’Economie et des Finances, soutient l’incidence financière des deux projets de décret s’élève 2 806 509 238 F CFA. « Cette incidence ne prend pas en compte la prime de technicité, la prime de qualification professionnelle, l’indemnité de caisse et de gestion, l’indemnité de déplacement, l’indemnité pour heures supplémentaires, l’indemnité de cherté de vie et le taux journalier d’allocation. Les primes et indemnités proposées sont identiques à celles allouées aux fonctionnaires de la Police nationale tandis que les deux corps ne sont pas investis des mêmes missions. Par ailleurs, l’incidence financière dégagée n’est pas prévue dans le budget d’Etat 2018 », souligne le département. Pour le secrétaire général de la SSSP, Brahima Sogodogo, «le débat sur l’appartenance du corps des surveillants de prison aux forces de sécurités est révolu et voilà que la lettre du ministre de l’économie et des finances fait revenir le sujet. Le faisant, il viole la loi N°2016-031 du 07 juillet 2016 en son article 148 et la constitution du 25 février 1992 en son article 70. Cela est constitutif de faute grave de la part d’un ministre de la République ». Aussi, le syndicat estime qu’une loi de finance rectificative peut être initiée pour prendre en compte l’incidence financière des deux projets de décret.

La fin du bras de fer n’est visiblement pas pour demain. Et les surveillants de prison sont davantage indignés par le comportement « passif et l’incapacité des départements ministériels chargés de défendre ce dossier ».

Conséquence : Le bureau exécutif dudit syndicat, après plusieurs correspondances pour donner la chance au dialogue social, d’observer une grève de 48 heures si ses revendications ne sont pas satisfaites.

Les commerçants aussi sont sur le pied de guerre, excédés par la cherté du prix de dédouanement des marchandises. Réunis en Assemblée générale,  le 24 mars dernier, ils ont dénoncé le coût élevé des taxes sur le dédouanement. En la matière, notre pays, soutiennent-ils, fait moins d’effort que  ses voisins de la sous-région tel que le Burkina Faso dont le dédouanement des marchandises de 40 pieds est estimé à 6 millions contre 14 millions au Mali. «Les taxes élevées sur le dédouanement étouffent notre activité. A cause de cette situation, les chiffres d’affaires de commerçants sont en rouge. Certains sont en train de mettre les clés sous le paillasson», a déclaré le porte-parole du regroupement, Ibrahim Maïga. Les commerçants exigent une réduction de 80% sur les taxes de dédouanement et à défaut d’avoir gain de cause, ils sont déterminés à n’engager aucune procédure de dédouanement de leurs marchandises qui sont au niveau des postes de douane.

De son côté, le syndicat des cheminots, qui a animé une conférence de presse le mardi 17 avril dernier, ne cache plus sa colère, engendrée par le non-paiement des salaires de ses membres, les problèmes de locomotives…

Sambou Diarra

 

Source: L’Aube