Chérif Ousmane Madani Haïdara, le leader d’Ansardine international, était sûr de l’emporter avant même l’élection du nouveau bureau du Haut conseil islamique du Mali. L’on considérait que l’élection de Haïdara signerait la fin du duel à distance entre deux écoles idéologiques. Mais la division de la communauté musulmane semble irréversible.

Pendant les deux mandats de Mahmoud Dicko Dicko( sunnite), le fossé entre son courant religieux qui est plus rigoriste et la vieille tradition malékite incarnée par Chérif Ousmane Madani Haïdara n’a cessé d’être perceptible ; un antagonisme que les deux leaders ont pourtant su dépasser par moment pour faire cause commune.

Les deux étaient côte à côte à la faveur d’une mobilisation importante de la communauté musulmane contre un projet de révision du code de la famille en 2009. Mais la sacrosainte alliance ne dépassera pas  le cap du règne d’ATT écourté en 2012 par un coup d’Etat. Dicko s’est impliqué pour l’élection du candidat Ibrahim Boubacar Keïta avec d’autres groupes religieux dont Moussa Bah de Sabati 2012 fait partie.

Le même Moussa était candidat à la succession de Mouhmoud Dicko dont il s’est éloigné en 2018 en accordant le soutien de Sabati 2012 au président IBK. Hors, Mahmoud Dicko a ouvertement retiré soutien à la réélection du président Keïta.

Cette rupture s’est exacerbée depuis la fin du processus électoral en août dernier. Et la suite est la marche du 5 avril ayant mobilisé une foule jamais aperçue dans les rues de Bamako pour réclamer un changement de gouvernance. Au même moment, Haïdara choisissait un style différent en appelant les acteurs politiques et religieux à s’ouvrir davantage au dialogue.

Mais au-delà de l’opposition des manières, Mahmoud Dicko et Chérif Ousmane Madani Haïdara représentent deux concepts de culte difficilement conciliables ; et beaucoup de Maliens craignent  un durcissement des positions en dehors des querelles autour des mosquées de quartier et même à l’intérieur du pays.

Mahmoud Dicko est ainsi pressenti à la tête d’une nouvelle institution : le Conseil supérieur de l’islam. C’est la preuve que l’imam Dicko entend réunir autour de sa personne plusieurs courants musulmans afin de mieux agir comme il sait le faire face à un pouvoir au bout du souffle.

Mais le brassage ethnique et la tradition de tolérance des Maliens sont plus forts que les divergences idéologiques. Haïdara qui est allé jusqu’à s’ouvrir aux confessions chrétiennes au nom de la paix a des ressources pour transcender le clivage entre les deux grands courants musulmans du Mali.

Soumaila T. Diarra

SourceLerepublicainmali