Mata Diop, 21 ans, vit seule avec sa mère divorcée depuis ses 4 ans. Depuis la séparation des deux parents, le père a presque renié sa fille. A travers la plume de Salimata Traoré, elle exprime sa mélancolie et l’espoir de retrouver un jour l’amour de son père.

Étudiante en Inde, je fais actuellement un master en informatique. C’est ma mère qui finance intégralement mes études grâce à son travail la rendant indépendante vis-à-vis de mon père. Elle a toujours cédé à mes caprices. Pourtant, ma vie n’est pas des plus roses.

Je me plains chaque jour, car j’ai l’impression qu’une autre partie de moi est floue. Une partie que j’ignore, qui m’est inconnue : mon père. Je peux vous compter sur les doigts de la main le nombre de fois où j’ai vu mon père, passé du temps avec lui. J’ai mal lorsque mes autres frères issus d’un autre mariage m’appellent demi-sœur. J’aurais aimé qu’on me dise « sœur » tout court. Je ne leur en veux pas, parce que ce n’est pas de leur faute. Ils n’ont pas été préparés à m’appeler « sœur ».

Rancœur de mes géniteurs

J’ai très souvent demandé à ma mère ce qu’elle avait fait à mon père  pour qu’il ne me considère pas comme sa fille. J’ai l’impression qu’il est un bon père avec les autres et pas avec moi.

Je suis même allée jusqu’à fouiller dans le passé et j’ai découvert que mes parents se sont séparés à cause d’une grande prise de tête. Mais est-ce une raison pour renier ou pour s’éloigner de son enfant ? Ils ont peut-être des différends voire des rancunes. Pourtant, ma mère n’a jamais mal parlé de mon père qui passe tout son temps à la dénigrer en ma présence.

Grandir seule auprès de ma maman, sans mon père, m’a ôté toute confiance en moi. Je suis reniée par ma famille paternelle pour qui je ne suis qu’une inconnue. Souvent, je suis très pessimiste. J’ai du mal à me faire des amies. Je suis solitaire. Je n’arrive surtout pas à m’engager avec un homme, parce que j’ai peur qu’il n’arrive la même chose à mes enfants. J’ai l’impression qu’ils me renieront tous, tôt ou tard, comme l’a fait mon papa Diop.

Tenir malgré tout

J’arrive un peu à tenir et à me surpasser grâce au soutien et à l’amour de ma mère. Je me dis souvent qu’un jour je pourrais entendre mon père me dire : « Mata Diop, ma fille, je t’aime. » Je caresse l’espoir que mon père pourra m’aimer un jour. Je sais, je n’ai rien fait, je suis en train de payer pour une faute que je n’ai pas commise. Pourtant, je fais tout pour rendre fière mon père et lui montrer que je suis digne de lui. Mais rien n’y fait !

Il y a quelques jours, je discutais avec ma camarade de classe Mah Cissé. Elle me racontait le calvaire qu’elle vit du fait de la séparation de ses parents : « Mata, depuis le divorce de mes parents, mon père a refait sa vie et ne demande plus des nouvelles de mon petit frère et moi. C’est comme s’il n’avait pas divorcé qu’avec ma mère mais avec nous aussi », se lamente-t-elle.

Mon père a une place importante dans ma vie. Il doit continuer à occuper cette place malgré le divorce entre maman et lui. Cette situation me traumatise. Je n’ai pas eu la chance d’avoir l’amour de mon père. J’espère que mes enfants n’auront à pas subir le même sort.

 

Source: benbere