Le général Moussa Diawara a été placé en détention provisoire dans le cadre de l’enquête sur la disparition du journaliste d’investigation malien Birama Touré en 2016.

 

Un ancien chef des services de renseignements maliens a été arrêté jeudi 29 juillet dans le cadre de l’enquête sur la disparition d’un journaliste en 2016, dans laquelle Karim Keïta, fils de l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, selon une source judiciaire.

Le général Moussa Diawara, à la tête de la Direction générale de la sécurité d’Etat (DGSE) pendant sept ans sous Ibrahim Boubacar Keïta, a été inculpé de « complicités d’enlèvement, de séquestration, de tortures, etc. », a indiqué à l’AFP une source judiciaire ayant requis l’anonymat, une information confirmée au Monde Afrique.

L’enquête porte sur la disparition du journaliste d’investigation Birama Touré, qui travaillait pour l’hebdomadaire Le Sphinx et qui n’a plus été vu depuis le 29 janvier 2016. Ses proches craignent qu’il ait été assassiné. Le général Diawara est actuellement « détenu au Camp 1 de la gendarmerie » de Bamako, selon une source au sein de la gendarmerie.

Dossier compromettant pour Karim Keïta

Il est connu au Mali pour avoir été proche de l’ex-député et influent président de la commission de la défense de l’Assemblée nationale, Karim Keïta, qui a trouvé refuge en Côte d’Ivoire après le coup d’Etat qui a renversé son père le 18 août 2020. Le Mali est dirigé par le colonel Assimi Goïta, principal artisan de deux putschs en neuf mois, celui du 18 août 2020 et un second fin mai.

Un juge d’instruction de Bamako a émis début juillet un mandat d’arrêt international à l’encontre du fils de l’ex-président. Le directeur du Sphinx, Adama Dramé, avait affirmé en 2018 que Birama Touré avait approché Karim Keïta à propos d’un dossier qu’il présentait comme compromettant pour le fils du président. Karim Keïta, qui a toujours fermement démenti toute implication dans la disparition du reporter, a jusqu’à présent refusé de venir s’expliquer devant la justice de son pays.

« Il est essentiel que Karim Keïta dise ce qu’il sait, compte tenu des liens qu’il a avec cette affaire », avait estimé début juillet le responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières (RSF), Arnaud Froger. L’ONG a affirmé dans un communiqué avoir recueilli en 2019 le témoignage d’un homme affirmant avoir été détenu avec le journaliste dans une prison secrète de la DGSE malienne.

Selon ce témoin, dont RSF ne dévoile pas l’identité pour des raisons de sécurité, Birama Touré a été torturé pendant plusieurs mois, avant d’être exécuté « de trois coups de feu » à la fin de l’année 2016.

Source : Le Monde avec AFP