Tout le monde attend impatiemment la prise de la parole par deux témoins clés du procès d’Amadou Haya Sanago. Le religieux Cherif Ousmane Madane Haïdara et l’ancien chef d’Etat par intérim Dioncounda Traoré étaient annoncés comme témoins lors de la tentative de jugement des membres de l’ex-junte en 2017. Hélas, ce procès tenu dans la ville de Sikasso sera écourté pour des raisons propres à la justice.

 

Plus de deux ans après, le chef de l’ex-junte militaire et ses coaccusés sont appelés à la barre le 13 janvier 2020. Depuis le procès de Sikasso, beaucoup d’eaux ont coulé sous le pont. Entre temps, certaines personnalités clés ont connu des fortunes diverses, passant de simples témoins à des responsabilités publiques qui rendent difficiles, mais non impossible, leur témoignage dans le procès qui va s’ouvrir.

L’ancien président Dioncounda Traoré est ainsi devenu le représentant du président de la République pour les régions du centre du pays où existe une crise sécuritaire aigue. Cité comme témoin, l’ancien chef d’Etat malien devra apporter un certain éclairage à la justice sur des faits relatifs aux agissements de l’ex-junte dont les membres sont poursuivis pour plusieurs chefs d’accusations.

Dioncounda Traoré ne s’est jamais prononcé publiquement sur le cas Amadou Haya Sanaogo, même lorsque le procès avorté de Sikasso défrayait la chronique. En tout cas, l’ancien président de la République en sait beaucoup sur l’homme qui a renversé le président Amadou Toumani Touré en 2012. Dioncounda était alors président de l’Assemblée nationale, et il dût son salut à un concours de circonstances qui ont éloigné finalement le chef de la junte du pouvoir.

Quant au religieux Cherif Ousmane Madani Haïdara, il n’a pas gardé le silence lorsque son nom a été cité parmi les témoins lors du procès écourté de Sikasso. Haïdara qui est aujourd’hui devenu le président du Haut conseil islamique du Mali avait déclaré qu’il était prêt à témoigner dans un procès s’il était convoqué. On se souvient notamment qu’il a affirmé qu’il était prêt à prendre sa voiture pour aller à Sikasso afin de témoigner si cela pouvait aider le pays.

Dans la foulée du procès de Sikasso, Haïdara a tenu une conférence de presse chez lui pour rapporter des faits qui ont eu lieu entre lui et les membres de l’ex-junte. En somme, le religieux a indiqué que Sanogo et ses camarades n’ont pas écouté ses conseils lorsqu’ils étaient aux affaires en 2012. En attendant l’ouverture du nouveau procès le 13 janvier, tout le monde se demande ce que les deux témoins pourront apporter comme nouveauté.

Dougoufana Kéita

La Sirène