Après le renvoi du premier procès en décembre 2015 de Amadou Aya Sanogo et co, à Sikasso, par l’ex-garde des sceaux, Me Mamadou Ismaël Konaté, la justice malienne sous le leadership de Me Malick Coulibaly s’organise pour la reprise du procès le lundi prochain. Quelques difficultés pointent à l’horizon.

 

Enlèvement de personnes, d’assassinat et de complicité des faits reprochés par l’instruction du 2e cabinet du Tribunal de grande instance de la Commune II à certains dignitaires du CNDRE notamment Issa Tangara, Amassongo Dolo, Oumarou Sanafo dit Kif Kif, Amadou Haya Sanogo, Mamadou Koné, Fousseyni Diarra dit Fouss, Christophe Dembélé, Blonkoro Samaké, Mady Oulé Dembélé, Siriman FANE, Siméon Keita, Cheickna Siby, Mamadou Cissé, Tiémoko Adama Diarra, Ibrahim Keita, Soiba DIarra, Drissa Coulibaly, Lassana Singaré, Yamoussa Camara, Tahirou Mariko, Amadou Konaré,  Mohamed Issa Ouedrago,  Bakary Coulibaly, Ibrahim Boua Koné, Ibrahima Dahirou Dembélé, basé à Kati en 2012. Du moins de l’avis des juristes, ces faits sont prévus et punis par les articles 24, 25,199, 200 et 240 du Code Pénal.

Les faits ! 

Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2012, le Régiment des commandos parachutistes (33eme RCP) dirigé par le colonel Abdine Guindo, concoctait un plan d’opération contre le CNDRE basé à Kati. Ainsi, un groupe monta à l’assaut du Camp Soundiata de Kati, siège des anciens mutins du CNRDRE. Un second groupe se dirigea sur l’ORTM où les agents de sécurité sont maitrisés. La radio prise et un dernier groupe lança un assaut sur l’aéroport qui fut très brièvement sous contrôle du 33e Régiment des commandos parachutistes. La riposte fut immédiate et les militaires de Kati repoussèrent les différentes attaques au prix de plusieurs morts et blessés. Des militaires appartenant au corps des bérets rouges furent faits prisonniers et certains d’entre eux seront montrés à la télévision nationale. Parmi ceux-ci, des éléments du camp de Djicoroni Para, des policiers et des militaires d’autres unités sont conduits au Camp I de la Gendarmerie nationale où débutera l’enquête préliminaire. Quant aux autres éléments du 33e RCP, ils seront détenus au camp de Kati comme prisonniers. Les parents et proches de ces éléments dans leur quête de s’enquérir des nouvelles de ces militaires se heurteront à un mur de silence voire d’absence de nouvelles. Aucune information quant au lieu de détention de ces militaires alors que leur compagnon d’infortune faisaient déjà circuler la nouvelle d’une sinistre exécution nocturne quelques jours après les événements au cours desquels ils avaient été arrêtés. Certains militaires iront jusqu’à nuitamment menottés. Les visages bandés et conduits vers une destination inconnue. Devant la persistance des rumeurs, le parquet général par la lettre n 021 du 21 Juillet 2012 instruit au Procureur de la République près du Tribunal de grande instance de la commune II du district de Bamako d’ouvrir une enquête et par la suite requérir l’ouverture d’une information contre X pour enlèvement de personnes. A la suite de cette information, plusieurs officiers et sous-officiers qui étaient membre du CNDRE sont inculpés des faits d’enlèvement de personnes dont parmi le général Amadou Haya Sanogo, les capitaines, Issa Tangara, Amassongo Dolo, Christophe Dembélé, les sous-officiers, Ousmane Sanafo dit Kif Kif, Mamadou Koné, Fousseyni Diarra dit Fouss et autres qui lors des premières comparutions reconnu formellement les faits d’enlèvement et d’assassinat d’un certain nombre d’éléments du 33e RCP et avouaient y avoir participé. En plus de cette double reconnaissance des faits, ils indiquèrent dans les moindres détails l’endroit où étaient sommairement enterrés les victimes.  Le magistrat instructeur ordonnait un transport sur les lieux, à savoir dans les environs du village de Diago non loin de la cimenterie. Dans la campagne au beau milieu d’un champ de cultures, Fousseyni Diarra et Mamadou Koné deux des personnages clés dans cette affaire, indiquaient l’endroit exact où se trouvaient les restes des corps des suppliciés. Une exhumation était faite par les agents de la police technique et scientifique du service d’investigation judiciaire de la Gendarmerie nationale. Ainsi dans une fosse, 21 squelettes ont été exhumés. Sur la base de ces faits nouveaux, le parquet, par un réquisitoire supplétif en date de décembre 2015, requérait l’extension de l’information à ces faits nouveaux pour inclure les crimes d’assassinats et de complicité d’assassinats. Tant au cours de leur interrogatoire de première comparution et lors des confrontations, l’adjudant-chef Mamadou Koné et l’adjudant-chef Fousseyni Diarra dit Fouss ne variaient guère sur leurs déclarations. Il en sera de même pour Adama Tiemoko Diarra, lequel a également reconnu les faits, à partir de la version des faits tenue par Fousseyni Diarra dit Fouss, Mamadou Koné et Adama Tiemoko Diarra. Selon eux, c’est là dans la nuit du 2 mai 2012, qu’une liste fut remise fut donné à l’adjudant-chef Mamadou KONE par le lieutenant Soiba Diarra. Mais avant, le lieutenant Soiba aurait demandé à Mamadou KONE de creuser une fosse. Ainsi, tard dans la nue, un camion vint se garer près de l’endroit où étaient gardé les bérets. L’appel sera fait et chaque militaire appelé sortait de sa cellule les mains attachées au dos, les yeux bandés. Ils furent 21 à être embarqués dans le camion mais le 21e militaire en la personne de Mohamed Diarra a miraculeusement débarqué sans que l’on sache pourquoi et remplacé par lieutenant Aboubacar Kola Cissé qui était détenu à l’Ecole d’Application de Kati et dont la garde relevait du capitaine Amassongo Dolo. Et c’est Mohamed Diarra qui était parmi les 21 militaires embarqués qui a témoigné le premier de l’issue de l’embarquement nocturne de ses compagnons d’arme suivi de leur exécution non loin de Diago. Au moment où les 20 suppliciés étaient embarqués, Lassana Singaré et Cheickna Siby allaient chercher le lieutenant Aboubacar Kola Cissé, détenu à l’Ecole d’application de Kati pour compléter à nouveau la liste à 21 personnes. Tout au long du déroulement des événements du 30 avril au 1er mai 2012, en plus des militaires du 33e Régiment des Commandos Parachutistes, certains policiers furent recherchés arrêtés et violentés par leurs compagnons de corps. Au nombre de ces victimes, figurent les agents de police Adama Coulibaly et un certain Ouologuem. Mais ces derniers sont accusés essentiellement comme étant les tortionnaires en l’occurrence, les policiers Siméon Keita et Siriman Fané. Au cours de l’information, plusieurs militaires de fonctions différentes feront l’objet d’inculpation de la part du magistrat instructeur pour des faits de complicité.

La complicité de Dahirou et Yamoussa Camara

Le procès qui s’ouvre le lundi prochain est le 2 e après celui de 2015 qui avait été suspendu pour manque de respect de certaines formalités. Et en plus d’une question de forme, cette année les difficultés majeures résident au niveau de certains accusés. Yamoussa Camara, ancien ministre de la Défense le Général et le chef d’Etat-major général des armées, le général Ibrahim Dahirou Dembélé, à l’époque, sont accusés pour avoir signé des actes portant mise à disposition de personnel militaire dans l’opération « Badenko au Nord, lesquelles décisions concernaient également les bérets rouges portés disparus.  Plusieurs sous-officiers de l’entourage du général Amadou Aya Sanogo seront également inculpés pour des cas de complicité.

Alors que le fait d’enlever des personnes fussent- elles des militaires, de les conduire dans les environs de Diago et de les faire exécuter par des agents en uniforme en marge de la hiérarchie militaire et ne répondant à aucun ordre légal, ne revêtait donc pas de caractère militaire.

Après les vérifications et examens médicaux légaux préliminaires ont conclu qu’il s’ agissait des corps des 21 bérets rouges disparus : Aboubacar Kola CISSE, Youba DIARRA, Pagalé SAGARA, Yéba TRAORE, Samba DIARRA, Adama Bagayoko, Ibrahim Maiga, Abdoul Karim KEITA, Bamory Diarra, Aboubacar Poudiougou, Bouyé Diallo, Mamadi dit Bakoroba Kané, Kabiné KEÏTA, Bourama NIARE, Bourama Coulibaly, Kléné Niara, Bazoumana Kaloussy, Youssouf Bamba et Boncana Maiga.

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