Samedi, vers 12 heures. Je suis assis devant la boutique d’un ami, un confrère de passage s’arrête. Il me salue et avance : « Yalkoué, ça tombe bien.

Boubacar Yalkoue

Depuis jeudi je cherche à te voir. J’ai demandé tes contacts avec des journalistes, ils ont refusé de me les donner ». Je lui demande, ce qu’il a de si urgent à me dire. Et sa réponse : « Fais attention, contrôle tes mouvements ! Des hommes proches de l’honorable Moussa Timbiné se renseignent sur toi, tes activités, où se trouvent ton bureau, ta maison et ton grin. J’en suis témoin quatre fois. Et les quatre hommes sont tous proches de Timbiné. Il me semble que ton article du jeudi dernier, là où tu parles de l’assassinat de Ras Bath, en est la cause ».

Sur place, mon ami commerçant ajoute « Yalkoué, il a raison. Fait très attention à toi. Ce régime n’aime pas la vérité, sinon tout le monde est conscient de la situation désespérante  qu’on vit. Les gouvernants surtout ceux du parti au pouvoir, RPM, se voient en chute libre et ils pensent que tu fais partie des hommes qui veulent les assassiner politiquement à travers leurs plumes ».

Au bureau ce samedi après-midi, lorsque notre Directeur de Publication, Boubacar Yalkoué, nous relatait les faits, un climat glacial régnait dans la rédaction. Chacun, les journalistes, de son côté s’inquiétait. Comment dans une République sérieuse, un journaliste peut être menacé à cause de sa ligne éditoriale ? Le Pays, depuis sa création en juillet 2013 s’est inscrit dans la logique de dénoncer mais aussi de reconnaitre en toute impartialité s’il y a de bonnes actions dans la gestion du régime, les actions de l’opposition et de la société civile. Il s’est aussi toujours intéressé à tous ceux ont pour vocation de défendre les intérêts de la République face aux politiques véreux  qui tuent le Mali à petit feu  à travers leurs ambitions égoïstes, égocentriques. Ceux-là qui pillent les maigres ressources de la République, ignorent le peuple dans  sa souffrance et s’aventurent dans la belle vie. C’est ainsi que nous rimons aujourd’hui avec le Collectif pour la Défense de la République dont Ras Bath est le porte-parole. Avant lui, nous avons tissé de très bons rapports avec le BIPREM, le bloc qui avait porté plainte contre IBK pour ‘’Haute trahison’’, les collectifs des Maliens de la diaspora.

IBK, Tréta, Boulkassoum Haîdara, Diarrassouba, Abdouaye Idrissa Maïga, Issiaka Sidibé, Karim Keïta, Moussa Timbiné… Ces hommes clés du parti au pouvoir, RPM, notre journal s’est toujours inscrit contre la plus part de leurs démarches qui enfoncent davantage le Mali.

Nous n’avons à aucun moment  été menacés par  les sept premiers. Cela sous-entend qu’ils ont du respect pour notre profession et savent qu’elle est l’un des piliers importants d’une démocratie forte qui accepte les critiques constructives. Chose que nous avons d’ailleurs toujours évoqué dans nos colonnes. Personne parmi elles, ne peut apporter un démenti sur les sujets que nous avons abordés.

Quand le tour fut arrivé à l’honorable Timbiné, c’est là où nous avons compris que ce régime a une face sauvage qui pense que nous sommes dans la préhistoire et que tout est lié à la raison du plus fort. Pas question de critiquer le chef au risque de se voir la tête débarrassée du corps.

L’honorable Timbiné, lui-même, menace  les journalistes, envoie des loubards sur des lieux de meeting des patriotes pour verser du sang et enfin il traite la plus part de ceux qui dénoncent leur façon de gouverner de ‘’drogués’’. Quelle maladresse !

La nuit du jeudi au vendredi, lors du débat politique de Kassim Traoré sur la radio Kledu, le représentant du RPM, tel un griot de Timbiné, s’est attaqué à notre Directeur, Boubacar Yalkoué, au porte-parole du CDR, Ras Bath et au journaliste Abdoul Niang. Il estime que ces trois n’ont autre vocation que d’abattre politiquement Timbiné et par-delà déstabiliser la République. Et il ajoute : « vous vous êtes attaqués à tout le monde, mais Timbiné que vous venez de toucher cela mettra  fin à votre sale bande ». Une menace ? Oui ! Le petit homme pense que nous sommes aux heures de l’AEEM où Timbiné s’exprimait par la violence.

Si Timbiné qui a construit sa personnalité dans la violence continue de prévaloir la force du muscle, qu’il sache que l’arme la plus redoutable, c’est bien le verbe. Argument contre argument. S’il n’est pas d’accord avec les reproches, qu’il avance tout simplement ses preuves.

Rien ne pourra intimider la liberté d’expression. Les journalistes qui coupent le sommeil aujourd’hui au régime sont dans leur rôle. Ils ne travaillent que pour  le peuple  et face à l’intérêt de la République aucun humain n’est grand pour être critiqué surtout ceux qui ont la destinée du Mali entre leur main. Le Mali leur a été confié par le peuple et s’ils violent le contrat social, les journalistes patriotes dénonceront et demanderont au peuple de mettre ces gouvernants incompétents sur les rails.

Notre Directeur, Yalkoué, a fait son choix : la défense de la République et aucune intimidation ne lui fera dévier de sa trajectoire.

La Rédaction