Le Grand Dialogue du studio Tamani a accueilli, le jeudi 16 janvier 2020, certains acteurs qui pratiquent l’orpaillage au niveau du cercle de Kangaba. L’objectif de ce débat était de discuter sur la montée actuelle de la participation des femmes dans l’orpaillage. Compte tenu des risques importants liés à cette activité, l’invité Alidji Bagna Touré, préfet adjoint de Kangaba a sensibilisé sur la nécessité d’écarter les femmes de cette activité.

 

Avant tout, Hawa Magassouga, exploitante clandestine de mine artisanale (clando), depuis près de 7ans, a expliqué les raisons fondamentales de cette influence des femmes vers les zones d’orpaillages. Selon elle, la plupart des femmes qui se livrent à cette activité, dont certaines sont des veuves, le font, à cause des difficultés socio-économiques afin d’assurer la prise en charge de leur foyer ou concernant l’éducation de leurs enfants. Tout en disant comprendre les risques et tout le danger qu’encourent ces femmes, Hawa Magassouga a souligné que les femmes ne font pas ce travail par gaieté de cœur. Au contraire, elles sont obligées de faire parce qu’elles n’ont pas d’autres solutions. En ce qui concerne les jeunes femmes, Hawa Magassouba a laissé entendre aussi que c’est généralement des enfants de familles pauvres n’ayant pas reçu une éducation formelle ni une formation professionnelle. Elle a trouvé d’ailleurs normal ce travail, pour une grande fille, qui au lieu de rester à la maison pour augmenter les charges, doit travailler. Cela pourrait l’aider, selon elle, à avoir de l’argent pour non seulement aider la famille, mais aussi aider sa maman à préparer son trousseau de mariage. Pour elle, ce sont les autorités qui doivent chercher des solutions si elles veulent mettre fin à cette activité. Pour elle, c’est une activité qui lui permet d’entretenir sa famille tout en prenant en charge l’éducation des enfants, voire même contribuer à certains investissements du mari. Abdoulaye Berthé, également (clando) et membre de ‘’Ton Boloma’’ (association qui veille et régularise les activités sur le terrain), affirme que cette activité est indispensable sans les femmes, même si selon lui, elles n’interviennent que lorsque, les fruits commencent à être visibles. S’agissant des taches pour femme, Berthé a noté que c’est de tirer la terre creusée par les hommes des trous et de le laver pour avoir de l’or. Il a indiqué que les femmes ne descendent jamais sous le sol, à cause de tout le risque qui se trouve à ce niveau. Il indique même que les horaires de travail des femmes se limitent de 7h à 17h, au-delà desquels elles s’exposent à des sanctions définies par les membres de ‘’Ton Boloma’’. Des sanctions qui ne visent pas que les femmes, mais tous ceux qui enfreignent les règles et peuvent aller du paiement d’une amende (argent) à l’expulsion de la personne fautive, si la faute est grave. Aux dires de M. Berthé, la cohabitation est parfaite entre cette structure et les autorités. Pour preuve, il indique que la liste et une copie du règlement du ‘’ Ton Boloma’’ a été rendues à toutes les autorités, administratives, locales, les élus locaux ainsi que les autorités judiciaires. Cela pour leur permettre de pouvoir trancher tout litige sans même l’intervention des acteurs sur le terrain. Pour Sanaba Keita, responsable de l’organisation des femmes rurales, ce ne sont pas uniquement les femmes de la localité de Kangaba, qui travaillent dans cette mine, mais aussi celles des pays voisins tels que le Burkina Faso, la Guinée, la Côte d’Ivoire, du Niger, etc.

Selon cette dernière, en plus de l’orpaillage, le maraichage est pratiqué dans la localité de Kangaba. Mais à ce niveau, souligne-t-elle, le problème récurrent est l’eau. Elle a souligné que tous les puits qui servent à arroser les plantations des femmes ont tari depuis les mois de mars et Mai conduisant les femmes à pratiquer l’orpaillage. Pour elle, le rôle de la femme n’est pas seulement indispensable, mais dépasse de loin ce que font les hommes. Mais elle a déploré le fait que le bénéfice soit tout autre. Elle s’est également prononcée sur ce qui indique que le site d’orpaillage ne soit pas digne pour une femme. Cela est dû, selon elle, au nombre d’entre elles qui perdent leur dignité une fois arrivée dans cet endroit.

Selon elle, c’est l’obsession de ces femmes qui les conduit à s’engager dans des relations inouïes appelées ‘’ petit mariage’’. Pour mettre fin à ça, Sanata a sollicité beaucoup d’actions de la part des autorités comme la construction des forages et des puits, en vue de renforcer le maraichage, ainsi que l’organisation des formations professionnelles à l’endroit de ces jeunes femmes qui évoluent dans ce milieu.

Alidji Bagna Touré, préfet adjoint reste lui, catégorique, affirmant que l’orpaillage n’est pas une activité pour femme. Selon elle, si ce n’est à cause des difficultés financières, aucune femme ne doit pratiquer une activité d’orpaillage, non seulement à cause des multiples risques, mais aussi à cause de l’environnement très hostile et fréquenté par des individus de tout bord. Le préfet adjoint a dit avoir entrepris des démarches qui vont dans le sens de sensibiliser les femmes à abandonner cette activité pour en embrasser d’autres, différentes de l’orpaillage. Mais malheureusement selon lui, ces femmes sont incitées par l’intérêt et la facilité. Le représentant de l’État ne s’est pas limité aux dangers qu’encourent les femmes. Selon lui, les hommes aussi prennent de gros risques en descendant dans des profondeurs allant de 7 à 50 mètres, sous terre sans aucun dispositif de sécurité. Concernant la participation des femmes sur laquelle il a beaucoup insisté, M. Touré a exhorté les organisations de femmes à sensibiliser et à planifier des projets pour que les femmes puissent arrêter ce travail dont les conséquences sont très désastreuses pour leur vie.

ISSA DJIGUIBA

Source : LE PAYS