Parlant du bilan de Moussa Traoré, il dira que tout n’est pas négatif. « Dire que le bilan de Moussa Traoré est négatif est une erreur », a-t-il ajouté. Et pourquoi, dans l’histoire du Mali, le nouveau président ne fait-il pas table rase du passé, du bilan de son prédécesseur ?

Choguel Kokala Maïga répondra que la construction et l’avancement d’une nation ne se fait pas sur une table rase. « Ce qui aurait été bien pour le Mali, c’est qu’il faut faire chaque fois qu’un président quitte le pouvoir que ce soit à la suite d’un coup d’Etat, d’une insurrection, d’une élection, c’est de faire le point de ce qu’il a pu construire pour notre pays. Parce que le président ne s’assoit pas au Palais pour régenter le pays. Il a des ministres, des directeurs, des administrateurs et lorsqu’il quitte le pouvoir, on doit faire le point. A l’occasion du cinquantenaire, un journaliste m’a interrogé sur ce que je pensais d’Alpha Oumar Konaré. Ce journaliste croyait que j’allais me mettre à le critiquer parce que tout le monde savait que nous étions opposés à lui. Alpha n’était plus au pouvoir et ça ne servait à rien de le critiquer. Il a fait ce qu’il pouvait faire, il faut qu’on fasse son bilan. Mais j’ai dit qu’au moment où il quittait le Mali, on ne se tirait pas dessus. Dans mon parti je ne critique pas » a-t-il précisé.

Et il poursuit ainsi : « Quand Moussa Traoré a quitté le pouvoir, on a dit qu’il n’a rien fait. Quand Moussa Traoré quittait le pouvoir, j’ai été à Gao en 1996 pour demander aux gens de Gao ce qu’ils voulaient que je réalise si je suis président ? Ils m’ont répondu que leur rêve est de faire la route Gao-Labzanga qui fait 240 Km. Je leur ai demandé la distance que fait Sévaré-Gao qui fait plus de 500 Km. Avant que cette route soit construite par Moussa Traoré, les gens faisaient deux semaines, un mois entre Sévaré et Gao. Des gens mouraient de soif dans le désert. Je ne peux pas accepter que les gens disent que Moussa Traoré n’a rien fait. A Diré les légumes et le blé coûtent deux fois moins chères qu’à Bamako grâce à l’initiative de la politique de Moussa Traoré. Des années après la chute de Moussa Traoré, les 80 % de l’énergie consommée au Mali, c’est Manantali et Sélingué qui le produisent. Les salles dans lesquelles les gens se réunissent à Bamako, Palais de la culture, le Centre international de conférence de Bamako (CICB) sont faits sous Moussa. L’armée que Moussa Traoré a construite, c’était l’armée la plus forte de l’Afrique francophone au Sud du Sahara. On pouvait prendre ces acquis pour avancer. Le projet d’université qu’ils ont trouvé sur place avec des grandes écoles décentralisées à Sikasso avec la Faculté d’agronomie à Ségou, la Faculté d’agriculture à Mopti qui devait s’occuper de l’élevage et de la pêche, à Tombouctou la Faculté des lettres, à Gao la Faculté d’architecture, à Kayes la Faculté de mécanique. Ces facultés allaient favoriser le brassage des étudiants. Ce projet a été mis de côté. Le projet de la décentralisation avec la création de plus de 300 communes a été mis de côté. Cela a été une erreur » a-t-il relevé.

Il avertit ensuite : « Et demain, quand IBK va quitter le pouvoir, ceux qui vont s’asseoir pour dire qu’IBK n’a fait que du mal, je serai parmi ceux qui vont les contester. Parce que dans le bilan d’un président, il y a toujours quelque chose. C’est bout à bout et des générations et des générations se consacrent pour construire une nation stable. Voilà notre vision et c’est ce qui justifie notre combat. J’ai été clair avec tout le monde, je ne suis pas lié à Moussa Traoré. Notre parti se bat pour une façon de concevoir la politique. Donc j’aimerai bien que tout le monde le comprenne. On n’est contre personne. Ceux qui ont été victimes du régime à différentes étapes, je m’incline devant les mémoires de ceux qui sont morts. Je demande pardon à ceux qui ont été blessés », s’est-il expliqué.

Il a ajouté qu’il a passé 3 heures dans les locaux de la Sécurité d’Etat une semaine avant la chute de Moussa Traoré et qu’il devait être pris pour un 2e interrogatoire le vendredi 22 mars 1991 à 10 heures. Les événements ont commencé et il n’a plus été interrogé. « Je pouvais me retrouver dans le camp des adversaires pour dire que je suis contre Moussa Traoré. Je savais que le pouvoir cherchait à s’informer sur nous parce que nous étions en avance dans les débats sur le multipartisme. Et je veux que les Maliens le comprennent définitivement. Il faut qu’on se tourne vers l’avenir. Nous n’accepterons pas que certains remuent chaque année le couteau dans la plaie et faire du sujet un fonds de commerce, parce que c’est du faux», a-t-il prévenu.

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