C’est une véritable épidémie de grève que nous observons actuellement au Mali. Au même moment, presque tous les travailleurs de l’administration publique, parapublique et même les privés sont sur le pied de guerre.

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Le début de l’année 2017 semble être très éprouvant pour la ministre de la Fonction publique, chargée des relations avec les institutions. Depuis le 9 janvier, le front social est marqué par une succession de manifestations. Presque tous les secteurs d’activités sont concernés, notamment la justice, l’éducation, la santé, les mines, les affaires étrangères et le commerce. Tous envisagent de débrayer pour exiger de meilleures conditions de vie et de travail.

Tout a commencé avec les deux syndicats des magistrats, le Sylima et le SAM, qui ont observé, à partir du 9 janvier dernier, 7 jours d’arrêt de travail, avant de se lancer dans une grève illimitée. Cette grève a fait couler autant d’encre que de salive. Une guerre de chiffonniers a eu lieu pendant cette période et qui a tenu toute la République en haleine. Ce qui était un dialogue de sourds entre les parties a fini par se transformer en guerre des tranchées au sein de la famille judiciaire. Ce n’est qu’après moult tractation que les parties sont parvenues à un accord, avec à la clé une satisfaction partielle des doléances.

Comme si cela ne suffisait pas, le Syndicat des travailleurs du ministère de la Justice a aussi introduit un préavis de grève. Le ministre Konaté, essoufflé par les batailles rudes qu’il a livrées contre les syndicats de la magistrature, se voit à nouveau devant la scène publique. A peine il a commencé à prendre connaissance du dossier des travailleurs qu’il est éclaboussé par un autre préavis dans son secteur. Cette fois-ci, c’est le Syndicat national des greffiers, secrétaires de greffes et parquets qui monte sur ses grands chevaux. Les dates qu’il a choisies sont les 15, 16 et 17 février 2017 pour manifester. Les greffiers revendiquent à leur tour un salaire décent et des équipements de qualité pour mieux répondre aux besoins de la population.

La justice est talonnée par l’éducation, où les enseignants menacent de remettre l’année scolaire en cause. Ainsi, les différents syndicats se sont manifestés l’un après l’autre pour demander l’adoption d’un statut autonome de l’enseignement malien et l’harmonisation de leurs salaires avec ceux des enseignants de la sous-région, entre autres doléances.

Les travailleurs du ministère des Affaires étrangères semblent aussi être très fâchés. Pour cela, ils envisagent de bouder les bureaux du 22 au 24 février par un arrêt de travail. Le Syndicat des travailleurs des Affaires étrangères dénoncent ce qu’il appelle ‘’la gestion managériale du département’’.

Si les mois de janvier et de février ont été sans répit pour le gouvernement, il devrait encore remettre ça pour le mois de mars. Car d’autres syndicats attendent ce mois pour se faire entendre. Ainsi, courant mars, les travailleurs des collectivités territoriales comptent observer une grève de 72 heures, allant du 22 au 24 mars. A eux s’ajoutent les commerçants détaillants et les pompistes qui avaient annoncé des journées sans commerce pour protester contre les décisions du gouverneur de Bamako de les faire déguerpir des voies publiques. Même s’ils n’ont pas donné de date précise pour manifester, la situation reste quand même une poudrière qui peut dégénérer à tout moment.

Dans le complexe minier de Loulo-Gounkoto, dans le cercle de Kéniéba, les travailleurs sont en déphasage avec l’administration, à qui ils réclament beaucoup d’argent. Ils souhaitent être traités sur le même pied que leurs collègues de la sous-région.

Les travailleurs du ministère de la Fonction publique envisagent également de fermer les bureaux pour demander une amélioration de leurs conditions de vie et de travail.

Le syndicat des travailleurs de la santé ont vu leur projection de grève éviter in extremis par un accord trouvé à quelques heures seulement de la date butoir de leur grève.

Qu’à cela ne tienne, toutes ces catégories sociales ont des problèmes d’ordre financier qui peut s’expliquer par la hausse du coût de la vie.

Ce qui fait dire à certains que cette multiplication de grèves n’est pas sans conséquence pour le pays qui fait face au problème du développement, et surtout la mise en œuvre de l’accord pour la paix.

Face à toutes ces revendications, le gouvernement semble être noyé sous les flots. Il doit s’atteler à trouver des voies et moyens pour désamorcer la crise.

Harber MAIGA

Source: Le Prétoire