La première audience publique des six prévues par la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR), s’ouvre le dimanche 8 décembre 2019 à Bamako. Cet espace sera, pour les victimes des crises politiques et sécuritaires de 1960 à nos jours, un cadre de partage de leurs vécus avec les populations afin de faciliter la réconciliation et le vivre ensemble.

 

A moins d’une semaine de l’ouverture des travaux de la première audience publique de la CVJR, le président de ladite commission, Ousmane Oumarou Sidibé, a animé hier mardi une conférence de presse sur les audiences publiques. Il s’agissait pour lui d’édifier les journalistes sur les objectifs, l’importance, les critères de sélections des victimes ou témoins des auditions publiques de la CVJR. Pour le conférencier, ces audiences seront une occasion pour les populations d’apprendre et de comprendre la souffrance des victimes afin de faciliter la réconciliation nationale.”Les récits des victimes sont une vecteur d’information, d’éducation et de sensibilisation favorisant le dialogue, le vivre ensemble et la réconciliation nationale”, a précisé le président de la CVJR.

A ne pas confondre avec la justice ordinaire

L’occasion était opportune pour le conférencier d’éclairer la lanterne des journalistes sur les audiences publiques de son institution, qu’il ne faut pas confondre avec la justice ordinaire. “Il ne s’agit pas de confronter les victimes et les bourreaux comme dans les procès de la justice ordinaire. Les audiences publiques ne remplacent pas non plus la justice pénale. Notre rôle n’est pas de mettre en accusation qui-que ce soit, mais de permettre aux Maliens de comprendre les violations graves de droit de l’Homme, à travers les témoignages des victimes”, a-t-il déclaré. Avant d’ajouter que “situer les responsabilités personnelles ne relève pas de la compétence de la CVJR, c’est un pouvoir qui revient à la justice ordinaire ou internationale”.

Pourquoi les audiences publiques

Les audiences publiques de la CVJR ont pour objectifs, précise le conférencier, de rendre aux victimes leur dignité et faciliter un début de guérison, en reconnaissant publiquement ce qui leur est arrivé, promouvoir la reconnaissance nationale des victimes et l’intégration de leurs récits à la mémoire et à l’histoire nationale. Elles permettront aussi, à l’en croire, d’utiliser l’information reçue comme un outil d’éducation et de sensibilisation  pour la population dans son ensemble, afin de promouvoir le dialogue sur le passé et la réconciliation nationale et faire mieux connaitre la CVJR.

Pour atteindre ces objectifs, six audiences sont prévues par la CVJR dont la première est fixé au 8 décembre 2019 et le reste courant 2020. Elles sont reparties comme suit : quatre audiences thématiques basées sur les violences graves couvertes par le mandat de la CVJR et deux audiences thématiques basées sur les particularités des violations commises contre les groupes spécifiques femmes et enfants qui prennent en compte les violences sexuelles. Chaque audience durera une journée.

Le président de la CVJR, Ousmane Oumarou Sidibé, rassure qu’en plus des langues de fonctionnement de la CVJR qui sont le français, le bamanankan, le peulh, le tamasheq, l’arabe et le songhai, des dispositions sont prises pour permettre aux victimes ou témoins de s’exprimer dans la langue de son choix.

Pour cette première audience publique, environ 10 témoins et victimes seront entendus. Les personnes invitées à témoigner lors des audiences publiques sont choisies en fonction des critères tels que le genre, la variété des périodes historiques couvertes, la diversité régionale et contextuelle, la représentativité en termes de types de violences racontées, la catégorie de victimes et d’auteurs. L’accompagnement psychologique et médial avant, pendant et après les audiences, des différentes personnes invitées à témoigner, sont assuré par la CVJR.

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