En milieu bambara du Bèlèdougou et plus particulièrement dans l’aire culturelle mandingue, les fêtes de fin d’année arrivent généralement vers les mois de novembre et de décembre suivant le calendrier traditionnel appelé « diominè kalo ».

Ces cérémonies habituellement, ne donnent pas lieu à de grandioses réjouissances, sauf qu’il y a peu on y organisait nuitamment des courses à dos d’âne à travers champs accompagnées de jeux au cours desquels garçons et filles tapaient dans des morceaux de calebasses et d’assiettes, produisant de cette manière un boucan à faire empêcher de dormir tout un village et qui durait jusqu’à 23 h.

L’islam, religion importée mais dite majoritaire, a introduit dans cette coutume des modifications profondes en y enlevant les aspects dits mécréants ou pas conformes au dogme musulman.

Les courses à dos d’âne furent supprimées au profit de la lecture du coran en séance publique (à laquelle souvent la présence des chefs de famille est obligatoire). Si les chrétiens minoritaires certes mais puissants du fait du poids de l’Eglise dans les affaires nationales, fêtent cet évènement avec éclat, en revanche les musulmans semblent le mépriser pour des raisons doctrinales.

D’une manière ou d’une autre, aussi bien du côté catholique que de celui des protestants, les fêtes de fin d’année occasionnent de grandes dépenses pour les chefs de famille. Ceux-ci sont obligés selon la tradition à acheter de nouveaux habits pour leurs habitants mais surtout d’offrir à la maisonnée et même aux voisins un copieux repas.

La fête de Noël, soit le 25 décembre de chaque année, représente la nativité du Christ. Sa date fut fixée selon des calculs astrologiques depuis la fin de l’empire romain et à partir de cette date tous les chrétiens de tous les pays du monde fêtent cet évènement dans la joie et l’allégresse.

Le 1er janvier symbolise le début de l’année nouvelle selon le même calendrier établi par le Pape Grégoire, et dit calendrier grégorien, qui ne tient pas compte des oscillations lunaires auxquelles tiennent tant les musulmans. Ceux-ci n’ont pas retenu une date fixe pour fêter la naissance du prophète Mahomet (PSL) parce que pensent-ils, d’une part on ne connaît pas avec précision la date exacte de naissance d’un bédouin du désert et d’autre part, il serait indécent pour des enfants de célébrer la naissance de leurs ascendants.

Le paradoxe demeure dans le fait que dans le calcul lunaire musulman, on fait croire que l’humanité commença par l’avènement de Mahomet, ce qui historiquement est faux.

Mais récemment, vers les années 1970, avec la montée en puissance des monarchies arabes, le Maouloud fut inventé sans doute par imitation du Noël chrétien en tenant compte du calendrier musulman, mis à jour à cet effet. Toutefois on assiste chaque année à des empoignades verbales violentes entre les sectes de la foi mahométane à propos de l’opportunité d’organiser et de fêter ces fêtes de fin d’année décrites comme un cadeau empoisonné du christianisme et de l’occident.

Mais apparemment les fêtards se foutent absolument de la vieille rivalité entre musulmans et chrétiens et entre sémites orientaux et européens d’Occident.

Facoh Donki Diarra

(écrivain Konibabougo).

Mali Tribune