L’imam Mahmoud DICKO était ce mercredi 5 février l’invité de la radio Niétaa. Au cours de cet entretien, l’ancien président du Haut conseil islamique s’est prononcé sur deux questions importantes de l’actualité du pays : les arrestations de présumés homosexuels et l’épineuse question du dialogue avec les jihadistes maliens : Iyad Ag GHALI et Amadou KOUFFA. Du reste, pour les deux questions, l’imam n’est pas un novice en la matière. Le dignitaire religieux est connu pour sa position tranchée sur ces deux questions.

 

lors qu’il était président du HCIM, il avait, sans cesse, invité les autorités à dialoguer avec tous les acteurs maliens de crise, notamment les djihadistes pour une sortie rapide de crise. De même, on se rappelle de sa croisade contre l’homosexualité, notamment la question sur l’enseignement de la sexualité à l’école.

Ces derniers temps, l’imam, selon ses propres confidences, a été plusieurs fois interpelé sur cette dernière question à la suite de l’arrestation de 15 présumés pédés. Si la majorité de ses interpellateurs souhaite entendre sa voix sur la question, pour l’imam DICKO, c’est aux autorités qu’il convient de s’adresser pour des principes de concordance. N’était ni autorités nationale et ayant accompli sa mission à la tête de l’organisation musulmane, Mahmoud DICKO pense qu’il n’est plus la personne indiquée pour être le premier à agir face à certains dysfonctionnements.   

L’homosexualité

Sur la question, l’imam Mahmoud DICKO a indiqué qu’il lui est revenu plusieurs fois que la pratique l’homosexualité est devenue monnaie courante dans notre pays.

« J’ai appris que des gens ont été arrêtés ces derniers temps à ce propos. On m’a relaté que des enfants ont été soumis à des pratiques indignes que la religion musulmane condamne avec la dernière rigueur : des injections sur des garçons pour les rendre impuissants et bien disposés à l’homosexualité… », a-t-il expliqué avant de donner les raisons de son silence qui n’est d’ailleurs pas un silence au sens du terme.

« Je voudrais bien qu’ils comprennent ma position. Quand j’avais à la tête du HCI, je parlais au nom de tous les musulmans. Chaque fois que les choses ne se passaient comme ça se devait, je sortais pour condamner ces genres de comportements qui heurtent les principes de l’islam au nom des musulmans du Mali. Là, j’étais dans mon rôle et dans mon droit. Pendant 11 ans, j’ai été à l’avant-garde de ce combat à la tête du Haut conseil. À la fin de mon mandat, nous avons en place en commun accord un bureau consensuel qui a désormais en charge cette responsabilité. Je pense plutôt que nous devons nous mobiliser pour aider ce bureau dans sa nouvelle mission.

Pour ce faire, il n’est pas opportun que je profite de chaque occasion pour me prononcer unilatéralement sur toutes les questions sans me référer aux responsables du HCIM. Dans ma vision des choses, nous ne devons pas agir de cette manière. C’est pourquoi vous ne m’entendez plus beaucoup sur les questions d’actualité ces derniers temps. Pour moi, c’est une question de principe », a-t-il fait savoir. Surtout sur ce sujet sur lequel la police une émanation de l’autorité de l’État a déjà fait un travail colossal, Mahmoud DICKO pense qu’il faut plutôt les aider à faire aboutir toutes les enquêtes avant de faire quel que réaction que ce soit.

Par ailleurs, l’Imam DICKO pense d’ailleurs que l’homosexualité n’est pas une question nouvelle.

« La pratique existe depuis longtemps dans notre pays. Pour ma part, j’ai toujours condamné et interpellé qui de droit. D’ailleurs, ce n’est pas la seule préoccupation dans ce pays. Il y a aujourd’hui des officines spécialisées dans l’avortement dans notre capitale. Nous avons toujours signalé ces cas quand on avait l’occasion. Et ma dernière grande bataille a été sur le module sur l’homosexualité. Quand j’ai été informé, j’ai fait mes investigations. On ne peut sortir en public dénoncer quelque chose si on n’a pas la preuve », a-t-il confié.

Dialogue avec les jihadistes ?

Sur la question du Dialogue avec les djihadistes, Iyad Ag GHALI et Amadou KOUFFA, conformément aux recommandations du DNI, Mahmoud DICKO reste constant sur les vertus du dialogue dans notre pays.

Malgré le fait qu’on ait mis fin à sa mission en décembre 2017, l’imam Mahmoud DICKO souligne que sa conviction n’a pas changé : « J’ai toujours dit à qui veut l’entendre qu’il serait plus raisonnable pour le Mali de dialoguer avec les djihadistes maliens. Pour moi, cela était possible à partir du moment où ils ont dit qu’ils respectent l’intégrité territoriale du Mali. À partir du moment où nous avons accepté de dialoguer avec les séparatistes, on devrait tout faire pour établir le même dialogue avec les jihadistes au même titre, puisque ce sont des Maliens comme nous. Les djihadistes ont trouvé que nous sommes déjà convertis à l’islam, ils ont juste amené leur manière de comprendre l’islam sous forme de revendications. Vu que nous sommes dans un monde où il y a des revendications partout, il fallait accepter de les écouter et d’échanger avec eux. Si ce dialogue peut nous ramener la paix, je pense qu’il faut le faire. J’ai toujours dit cela et je le maintiens.

À l’époque, quand j’ai avancé l’idée, cela m’a valu d’être traité de tous les noms d’oiseau jusqu’à me traiter de complice avec les djihadistes. Mais ces accusations ne m’ont pas fait changer d’avis. Je suis convaincu que le Mali est un pays fragile. Je ne suis pas sûr qu’on ait les moyens de contrôler et de sécuriser ce vaste territoire. En tout, ce n’est pas une chose facile surtout dans un contexte de guerre contre le terrorisme. C’est pourquoi je pense qu’il faut agir avec raison et éviter de prendre les décisions sous le coup de la passion ».

Mahmoud DICKO, convaincu de la vertu du dialogue, apprécie l’initiative du Haut représentant du président du président de la république pour les régions du Centre. Car ne dit-on pas que les toutes guerres se terminent autour de la table ? D’ailleurs, c’est grâce à ‘’mes missions de bons offices que le gouverneur est revenu à Kidal. Et il y est toujours. Mais aujourd’hui, la crise est devenue très complexe parce qu’on n’a pas su trouver rapidement les bonnes voies de sortie de crise. Aujourd’hui, on parle de violences intercommunautaires. Toutes choses qui s’écartent des objectifs de départ de cette crise. Nos divisions et tergiversations ont contribué à faire que la situation échappe aujourd’hui à tout contrôle’’.

Mahmoud DICKO a invité les Maliens au dialogue et à la concertation. « Sans ce dialogue, il n’y a pas d’issue à cette crise », est-il convaincu. Entre Maliens, dit-il, on peut toujours se comprendre dans le cadre d’un dialogue.

« Je suis pour cette solution depuis le début de la crise et je maintiens encore cette option. Aujourd’hui, ceux qui meurent, ce sont des Maliens comme nous. Que les victimes soient des civiles ou des militaires, c’est le Mali qui perd ses fils », a-t-il conclu.

Par  Abdoulaye OUATARA

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