Dans le souci de réduire, voire éradiquer les conflits fonciers opposants agriculteurs et éleveurs, la Fédération nationale des groupements interprofessionnels de la filière bétail-viande au Mali (FEDEVIM), sous la houlette du ministère de l’Élevage et de la pêche, avec le soutien financier du Projet d’appui au pastoralisme au sahel (PRAPS) et celui de la Banque mondiale, a organisé un Forum national de 3 jours sur le foncier pastoral et la mobilité du troupeau.

litige foncier perimetre sotuba

À l’issue des travaux, les participants ont fait des recommandations qui siéent à leurs préoccupations et dont l’adoption résoudra de façon définitive les grincements de dents entre éleveurs et agriculteurs.
Durant trois jours, les débats de ce forum ont porté sur la Charte pastorale au Mali, la transhumance transfrontalière, la Politique foncière agricole, le rôle et place des commissions foncières agricoles, ainsi que le transfert de certains services d’élevage aux collectivités décentralisées.
Aussi, ont-t-ils identifié certains graves dysfonctionnements qui entravent le secteur de l’élevage, notamment les causes de la dégradation des ressources naturelles qui sont la sécheresse, les feux de brousse, l’extension des parcelles de cultures. L’importance des commissions foncières dans les communes en vue d’arbitrer les litiges fonciers ; le décret portant création des commissions foncières, la création de commissions foncières villageoises et de fraction afin de concilier différents types de conflits avant de saisir le tribunal, ont été des sujets des groupes de travail et des séances de plénière.
Outre ses points, l’exposé sur la transhumance transfrontalière a défini les facteurs qui entrainent cette pratique millénaire, ses avantages et ses inconvenants.
Les législations transfrontalières en matière de transhumance Inter-Etat entre le Mali et le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger, la Côte d’Ivoire et les pays membres de la CEDEAO ainsi que la mise en œuvre des plans d’action sur la transhumance au Mali en vue de déterminer la période de la transhumance et de donner l’information aux pasteurs ont aussi été largement débattus entre éleveurs, agriculteurs et services techniques.

Quelques recommandations salvatrices
À la fin des travaux, les participants ont recommandé entre autres : la réalisation des schémas pastoraux en vue de faciliter l’accès aux ressources et la mobilité du troupeau ; l’autorisation d’accès aux nouvelles forêts classées ; l’application stricte des textes en vigueur, notamment la Charte pastorale, la transhumance et la Loi d’orientation agricole.
Sur la base des constats selon lesquels des agents des eaux et forêts baissent les bras pour l’application des règles contre les feux de brousse abusifs, les participants ont recommandé d’interdire les feux de brousse ou appliquer des feux contrôlés selon les lieux.
Dans la même dynamique, les participants souhaitent vivement que les ministères mettent en place des brigades mobiles de lutte contre les feux de brousse.
Pour l’application de ces règles, les participants ont proposé la sensibilisation des éleveurs à se faire identifier et avoir des cartes professionnelles.
Le vol des bétails étant devenu « une coupe sommeil pour les éleveurs », ces derniers recommandent de criminaliser le fléau avec des peines lourdes pour décourager les larrons

Une bonne politique de sensibilisation
Pour mettre au même niveau d’information tous les acteurs des secteurs de l’élevage et ceux de l’agriculture, les participants ont recommandé la diffusion des textes en vigueur en des langues locales.
Les capacités des acteurs, notamment les agents de l’administration, des services techniques, les membres des organisations paysannes des éleveurs et agro éleveurs sociétés civiles et de la justice doivent être renforcées ; la mise en place ainsi que le renforcement des commissions foncières (COFO) dans tous les villages, communes, cercles et régions, ont été également vivement recommandés.

Des mécanismes pour départager éleveurs et agriculteurs
Les participants recommandent aux autorités et leurs partenaires de prévoir les voies d’accès aux aménagements hydro agricoles, de promouvoir les cultures fourragères en vue d’accroitre les productions animales, de restaurer les pâturages dégradés, d’évaluer, réviser ou résilier les contrats des réserves de faunes et de mettre en place un programme national d’hydraulique pastorale.

Des pistes de solution pour sauvegarder le bétail malien
Les participants ont recommandé le suivi des mandataires en vue d’accroitre le taux de vaccination de tous les animaux, y compris la production de vaccins de quantité suffisante ; de mettre en place un programme national de construction et de réhabilitation des parcs de vaccination ; d’appuyer l’élaboration et la communication des conventions locales et aussi appuyer l’organisation des éleveurs, et doter tous les secteurs de développement dans les Communes en personnel technique.
Les participants ont aussi invité les élus locaux à insérer dans les programmes de développement social, économique et culturel (PDSEC) des différentes collectivités les solutions liées au pastoralisme et enfin appuyer la fonctionnalité des différents comités, à travers la mise à leur disposition des ressources financières appropriées.

Par Christelle KONE

 

Source: info-matin