C’est parti pour la campagne des 16 jours d’activisme de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles sous le thème : «La fin de la violence contre les femmes et les filles : une priorité pour le Mali, je m’engage». Le coup d’envoi a été donné, hier à Kangaba, par la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Wadidié Founé Coulibaly.

La cérémonie a enregistré la présence du maire de Kangaba, Mamary Diabaté, de la représentante du coordonnateur résident du Système des Nations unies au Mali, Mme Béatrice Eyong, du représentant de l’Union européenne (UE), Mateusz Prorok et de nombreux invités.

Cette campagne œuvrera sans relâche à mettre fin aux violences basées sur le genre en général et aux violences faites aux femmes et aux filles en particulier. Elle se veut aussi un cadre stratégique de concertation des personnes et organisations qui appellent à l’action contre la violence à l’égard des femmes et filles.

La ministre en charge de la Promotion de la Femme a expliqué que la violence à l’égard des femmes et des filles est l’une des violations des droits fondamentaux, les plus fréquentes dans le monde et se manifeste sous plusieurs formes. Selon Mme Wadidié Founé Coulibaly, les principaux facteurs de risque de la violence à l’égard des femmes et des filles ont été exacerbés par l’insécurité et la Covid-19.

À l’échelle mondiale, on estime qu’une femme sur trois a été victime de violence physique au cours de son existence. Selon l’Enquête démographique et de santé du Mali (EDSM-VI 2018), au moins 45% des femmes de 15 à 49 ans ont subi des actes de violence physique ou sexuelle. Environ la moitié des femmes, soit 49% de la même tranche en union ou en rupture d’union, a subi des violences émotionnelles, psychologiques, physiques ou sexuelles.

Parmi les victimes, 68% n’ont jamais recherché d’aide et n’en ont jamais parlé aussi à personne. La ministre en charge de la Promotion de la Femme a également expliqué que la même enquête montre un taux de mariage de 53 % avant l’âge de 18 ans et de 18% avant 16 ans, toujours dans la tranche d’âge de 15 à 49 ans. 77% d’entre elles ont bénéficié de la prise en charge médicale, 38% ont pu être dans un lieu sûr après le référencement et 16% ont bénéficié de réinsertion socioéconomique.

La ministre en charge de la Promotion de la Femme a indiqué que pendant la campagne de 16 jours d’activisme, les activités porteront sur l’information et la sensibilisation des communautés, des scolaires et des universitaires sur l’ampleur et les conséquences des violences faites aux femmes et aux filles, mais aussi sur l’incitation des survivantes et des communautés à dénoncer immédiatement les auteurs de violences. Il s’agira aussi d’assurer la formation et le plaidoyer auprès des décideurs. Elle a remercié les partenaires techniques et financiers (PTF) et les autres acteurs de la lutte contre les violences à l’égard de la gent féminine.

La représentante du Système des Nations unies a déclaré que malgré les sensibilisations et les informations sur le respect des droits humains, la violence physique entre partenaires sexuels demeure très fréquente au Mali et semble être banalisée par la perception générale. Selon EDSM 2018, a-t-elle rappelé, 79% de la population pensent qu’il est justifié qu’un homme batte sa femme. Elle a aussi renouvelé l’engagement des PTF aux côtés du gouvernement afin d’apporter aux femmes et aux filles une vie meilleure et épanouie.

L’un des temps forts a été la visite d’un centre de prise en charge pour les femmes de Kangaba victimes de violences basées sur le genre par la ministre et sa délégation. Il a été financé par l’initiative Spotlight (un programme de prévention des violences faites aux femmes).

Amsatou Oumou TRAORÉ

Source : L’ESSOR