Avant-hier Samedi, les opposants au régime d’IBK ont convergé en masse au siège du parti d’Aliou Boubacar Diallo, l’ADP-Maliba, dans la perspective d’un ralliement des marcheurs mobilisés à leur appel. Pris au piège durant plus de 3 heures, leur manifestation pacifique a été finalement avortée. Elle a tourné en bras de fer avec les forces de l’ordre qui, en application de la décision d’interdiction des autorités administratives, ont violemment étouffée la marche à son stade embryonnaire. 

C’est depuis le milieu de la semaine que le mercure a commencé à monter, suite à l’apparition des partis politiques d’opposition devant la presse en vue de partager les préparatifs de leur marche de dénonciation des allégations de victoire du président de la République sortant dès le premier tour. L’épreuve de force était ainsi engagée sur l’arène médiatique car les autorités ont aussitôt réagi à coups de communiqués de désapprobation que les initiateurs de la manif ont décidé de braver. Mais c’était sans compter avec la détermination de la puissance publique à sévir contre ce qui était visiblement considéré par le pouvoir comme un test de défiance grandeur-nature. Un impressionnant dispositif sécuritaire a été ainsi déployé sur les lieux aux environs de 8 heures avant même l’arrivée des principaux meneurs. Il s’agit de figures emblématiques du gotha politique tels les anciens ministres Djibril Tangara, et Mohamed Ali Bathily, le président du Parena Tiébilé Dramé, le député  de l’ADP Amadou Thiam, le chef de file de l’opposition Soumaila Cissé, entre autres.

Alors que la foule s’apprêtait à sortir, un torrent de gaz lacrymogène a commencé à pleuvoir de partout, obligeant leaders et liesse à battre en retraite devant la charge de fumée toxique qui a perduré  plus d’une heure durant au siège de l’ADP-Maliba littéralement (transformé en champ de bataille) avant l’évacuation d’une première vague de victimes de par les sapeurs-pompiers. Mais à peine les secouristes partis que la pluie de gaz a aussitôt repris. Le chef de file de l’opposition ainsi que le candidat de l’ADP-Maliba et le président du PARENA sortent des lieux. Pendant qu’ils discutent avec les chefs des forces de sécurité, des échauffourées avec un marcheur agressé déclenchent l’épisode de sévices corporels qui contraignent les leaders à se réfugier à nouveau dans les locaux de l’ADP-Maliba.

La police se retirera finalement des lieux aux environs de 11h30 pour ouvrir la voie publique aux usagers, mais laissant une rue du Haut Conseil des Collectivités (ex-Primature) inondée de gaz lacrymogènes et de débris de cartouches présentées comme des balles réelles tirées sur la foule. La marche s’est ainsi réduite en conclave de plus d’une heure au sortir duquel le président de l’URD et chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé s’est brièvement adressé à la foule avant de se rendre au chevet de blessés dans les hôpitaux de la capitale. A l’issue d’une réunion extraordinaire sur la démarche à suivre, les organisateurs de la marche semblent n’avoir nullement capitulé. En dépit de l’interdiction, Bamako retiendra son souffle jusqu’au vendredi prochain, date à laquelle rendez-vous a été donné aux manifestants pour remettre ça. C’est dire que l’épisode de samedi pourrait avoir crevé l’abcès avant l’heure en déclenchant une véritable incertitude préélectorale sur fond de méfiance et de crispation alors tous avaient les yeux rivés sur crise post-électorale.

Idrissa Keïta 

 

Marche avortée de l’opposition :

Les leaders politiques réagissent 

Cloîtrés au cœur du siège de l’ADP-Maliba, de nombreux cadors de la classe politique malienne n’ont pas été épargnés par la répression policière. Notre rédaction a pu recueillir leurs réactions dans le feu de l’action.

Mamadou Igor Diarra  

«On est dans l’exercice du jeu démocratique. Les élections, les manifestations, le droit de marcher sont reconnus par la loi fondamentale. Dire qu’il y a Etat d’urgence est une parodie car il y a deux poids deux mesures. On voit bien la propagande diffusée sur l’ORTM. Les tensions ne devaient pas se surchauffer, à cause du mois de Ramadan. Ceux qui aiment le Mali doivent être dans la dynamique de paix»

Nouhou Togo (PDES)

«On a voulu marcher pour nos droits, mais il veulent prendre le pays en otage. Le pouvoir et ses acolytes sont responsables de la violence qui prévaut. Il y a eu des arrestations et des tirs réels sur la foule que nous condamnons. Nous allons mettre fin à ce régime»
Aboubacar Abou Touré, (MSR) :

«Le gouvernement ne devrait pas interdire la marche car la charte des partis la prévoit. Mieux, elle est inscrite au sein de la Constitution. Nous sommes dans une situation où les gens se radicalisent et si les interdictions continuent, aux organisateurs de prévoir une autre marche. Pour ma part je négocie des parrainages afin de déposer ma candidature»
Recueillis par Idrissa Keïta 

 

Source: Le Témoin