Tandis que certains cherchent l’amour de leur vie via Internet, d’autres optent pour une méthode pour le moins insolite : se rabattre sur les mosquées à la quête d’« un amour offert au nom d’Allah » ou « Allah man di ». Notre blogueur nous explique le mode d’emploi.

Comment faire pour trouver son futur époux ou épouse ? De cette question découlent plusieurs autres, qui peuvent même souvent revêtir un caractère existentiel. Aujourd’hui, les rencontres se font le plus souvent sur Internet. Ce service matrimonial 2.0 se décline sur Facebook, Instagram ou encore Tinder. Aux antipodes de ce monde des réseaux sociaux, certains prétendants jettent leur dévolu sur les mosquées. Et deviennent des fidèles assidus dans l’espoir d’y trouver l’âme sœur par le biais du « Allah man di », que l’islamologue Thierno Hady Thiam traduit par « offrir son amour au nom d’Allah ».

Celui qui est également le 2e vice-président du Haut conseil islamique du Mali (HCI) explique que la pratique remonte au temps du prophète Mahomet (PSL) : « Une femme est venue voir le prophète pour lui dire qu’elle souhaiterait qu’il l’épouse. Il a accepté, mais pour des raisons de jalousie par la suite le mariage n’a pas été consommé ».

« Ce n’est pas gratuit »

Au Mali, les personnes intéressées par une telle relation approchent l’imam de la mosquée dans laquelle elles prient le plus souvent pour lui faire part de leur projet. L’imam Cissé de la mosquée Baba Cissé à Badalian 1, en commune III du district de Bamako, confie que ce sont les parents qui démarchent le plus souvent pour leurs filles. Par la suite, il fait des annonces à l’issue des différentes prières. Ceux qui sont intéressés s’informent auprès de lui pour plus de détails.

Le religieux, à son tour, s’assure que les candidats ont les profils recherchés par les familles avant la mise en relation. Contrairement à une idée répandue, Thierno H. Thiam assure que les deux parties ne pas sont obligées d’accepter de s’unir si cela ne leur convient pas. « Ils ont toutes latitudes de refuser si ça ne colle pas », tranche l’islamologue. « Ce n’est pas gratuit », insiste l’imam Cissé. Si accord il y a entre les deux parties, l’une des deux doit payer la dot pour que l’union puisse être célébrée par la suite, prévient-il.

« Une demande surprenante »     

Par ailleurs, selon Thierno H. Thiam, certaines femmes recourent à la pratique en vue d’obtenir des visas pour le pèlerinage à la Mecque. L’Arabie saoudite n’acceptant pas, à l’en croire, d’en accorder à des femmes célibataires. Le célibat n’empêche pas d’accomplir ce pilier de la religion musulmane, enseigne-t-il tout de même. « Elles proposent elles-mêmes de payer la dot pour que les choses aillent vite. Une fois rentrée de la Mecque, plusieurs de ces femmes mettent fin à leur mariage », a-t-il constaté.

D’autres tentent de s’enrichir via ce genre de mariage. Comme cet homme, marié à la quête d’une deuxième épouse, veuve ayant sa propre maison. « Une demande surprenante » pour l’imam, qui lui a néanmoins donné rendez-vous quelques jours plus tard. Mais les candidates ont opposé une fin de non-recevoir à la demande. « Cela n’avait rien à avoir avec l’islam. Il voulait simplement profiter du fruit de quelqu’un d’autre », s’exclame l’imam, résolu à ne plus servir d’intermédiaire. « Personnellement, il me sera très difficile de le faire maintenant. Il y a beaucoup de divorces et de mauvaises habitudes. Ta réputation peut en pâtir. De même, ça se fait de moins en moins. Les choses ont beaucoup évolué de nos jours, et les gens n’ont plus confiance. »

Il est difficile de quantifier les unions « Allah man di », car comme le précise Hady Thiam, au sein de la Ligue des imams du Mali (LIMAMA), il n’existe aucune commission chargée de cette la question.

 

Source: benbere