Aujourd’hui au Mali, il est regrettable de constater dans les milieux islamiques, des déviances dans l’appel à Allah, caractérisée par des injures ; des manquements aux fondements et au sacré de la religion ; des atteintes à l’honneur et à la dignité des personnes ; ainsi que la multiplication des conflits au sein des mosquées. Toutes choses qui constituent des menaces pour la sécurité et la stabilité dans le pays.

 

En effet, pour mettre fin à ces dérives, le Haut Conseil Islamique du Mali a décidé de prendre le taureau par les cornes, en préconisant plusieurs mesures administres et juridiques. Ces mesures ont été prises lors de la journée nationale de réflexion sur le document élaboré sur la problématique par la commission mis en place depuis quelques semaines au niveau du HCIM, ce dimanche 12 juin 2022 au CICB.

Cette journée qui a regroupé plus de 200 personnes composées de représentants des organes nationaux et régionaux du HCIM, des imams, des associations islamiques et des leaders religieux, visait à soumettre ledit document aux participants pour appréciation et amendement.

Au terme des travaux, trois grandes résolutions ont été prises par la faîtière des musulmans qui n’exclut pas de faire appel à la justice face aux cas de prêcheurs et imams qui se rendraient coupables de violations des dites décisions.

Pour les prêches

Dans ledit document, il est écrit que le cadre des prêches est considéré comme actes répréhensibles. Ainsi, les atteintes aux symboles de l’Islam et ses fondements tels que le Divin, le sacré, les Anges, les Messages, les Prophètes, les Livres révélés, la famille du Prophète, ses épouses, et ses Compagnons, les Saints, les Pieux et les piliers de l’islam et de la Foi.

De même, les injures proférées par les prêcheurs, par tous les moyens de communication, entre autres, les réseaux sociaux sont reconnus comme étant des actes répréhensibles.

Par ailleurs, les falsifications et les manipulations de sons, d’images ou de vidéos visant à opposer les prêcheurs et semer la zizanie entre eux entrent aussi dans ce cadre.

Gestion des mosquées

Sur la gestion de ces lieux de cultes, l’atelier a défini deux catégories de moquées, notamment les mosquées communautaires et les mosquées privées.

Ainsi, les mosquées communautaires sont des mosquées dont le titre de propriété est au nom de la communauté. Quant aux mosquées privées, elles sont celles dont le titre de propriété est au nom d’un ou de plusieurs individus, d’une association ou d’une organisation.

Des résolutions issues de l’atelier du dimanche dernier, il ressort que la gestion de la mosquée communautaire se fait par consensus ; quant à la mosquée privée, sa gestion relève exclusivement du propriétaire.

Dans les deux cas, la gestion doit se faire conformément aux règles de l’islam et à la législation en vigueur, indique le texte.

Autres précisions de taille.  « L’imam est le premier responsable de la mosquée. L’intronisation de l’imam dans une mosquée communautaire est du ressort de la communauté. Dans une mosquée privée, elle relève du propriétaire de la mosquée », a-t-on  insisté dans ledit document.

De même, la désignation des adjoints de l’imam et des muezzins dans une mosquée communautaire se fait, obligatoirement, en concertation avec l’imam. Dans une mosquée privée, l’avis de l’imam est souhaité dans cette désignation. Enfin, le document du HCIM indique que le Comité de gestion de la mosquée collabore étroitement avec l’imam dans la gestion des affaires de la mosquée ; et que ce dernier est désigné à vie, sauf s’il ne satisfait plus aux conditions de l’imamat.

Les Sanctions

Selon l’atelier, le recours est porté devant le Haut conseil islamique du Mali pour tous les cas de violation, de litige ou d’interprétation des présents dispositifs, conformément aux Statuts et règlements intérieurs du HCIM.

En cas de violation des présentes dispositions, les sanctions suivantes sont prévues par le Haut conseil islamique du Mali, à savoir : l’avertissement ; le blâme ; l’interdiction pour une période appropriée dont la durée est définie par le HCIM.

«L’application des sanctions se fera par les autorités compétentes sur proposition du Haut conseil islamique du Mali.», ajoute le document.

En cas de persistance dans la violation, et face à l’impossibilité pour le HCIM de trouver une solution, les différends seront portés devant les autorités, poursuit le texte adopté en plénière.

Pour ce faire, les autorités administratives et les pouvoirs judiciaires sont invités à prendre attache avec le Haut conseil islamique du Mali dans le règlement des différends mettant en cause les prêcheurs, les imams, les leaders religieux, et dans la gestion des conflits au sein des mosquées.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin