Souvenons-nous, tout a commencé en janvier 2012 par un appel à la France au secours du Mali, quand une colonne de terroristes (occupant les régions du nord depuis 10 mois) se dirige vers le sud. L’opération Serval (devenue Barkhane qui étale son intervention au Sahel) disperse les terroristes à Konna et engage avec l’armée malienne la récupération des régions occupées. Une intervention vivement saluée et célébrée par des Maliens. L’histoire retient ces moments d’euphorie. Mais après la libération de Gao et de Tombouctou, les FAMa sont empêchées d’entrer à Kidal (sous le contrôle des rebelles du MNLA et de la CMA plus tard). Paris évoque des raisons politiques. Le citoyen lambda ne comprend pas.

 

Impuissantes face à la situation, les autorités de la transition de l’époque sont contraintes de signer en juin 2013 un accord « intérimaire » avec la rébellion. C’était pour permettre un redéploiement de l’armée et de l’administration à Kidal afin d’y organiser l’élection présidentielle. Les choses se déroulent relativement bien.

En 2014, suite à une visite jugée forcée du Premier ministre Moussa Mara à Kidal, l’armée subit un revers (d’aucuns parlent de trahison) face à la rébellion soutenue par des terroristes et sous le regard des forces Barkhane et de la Minusma. Beaucoup de Maliens n’ont toujours pas compris l’attitude de la France ce jour-là à Kidal. En position de faiblesse, le Président Ibrahim Boubacar Keita est aussi contraint de signer avec les groupes armés (CMA, Plateforme…) un accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger.

En dépit de cet accord et de la forte présence des forces étrangères, les terroristes gagnent du terrain. De vieux conflits intercommunautaires sont réveillés dans plusieurs localités. Des groupes d’autodéfense se créent un peu partout dans le nord et le centre du pays. Des villages entiers sont brûlés et des civils massacrés. D’année en année, la situation sécuritaire se dégrade. Les pauvres et innocentes populations vivent au quotidien dans la peur. Les plus chanceuses trouvent refuge dans les localités relativement stables. Le pays compte à ce jour plus de 311 000 déplacés internes et près de 144 000 réfugiés dans les pays voisins selon des chiffres officiels.

Face à ce triste et sombre tableau, beaucoup s’interrogent sur l’opportunité ou sur la nécessité de la présence de ces forces étrangères au Mali. Ils perçoivent notamment Barkhane plus comme une force d’occupation qu’une force partenaire des FAMa. Ils ne perçoivent pas de résultats concrets. Difficile de les convaincre devant ce qu’ils vivent eux-mêmes depuis près d’une décennie maintenant.

Parallèlement, le discours de certaines autorités françaises n’aide pas à calmer les ardeurs. Sur le dossier malien et du sahel en général, le Président Emmanuel Macron s’exprime sans langue de bois comme un chef colon. Beaucoup se souviennent encore du ton par lequel il a « convoqué » les chefs d’Etat du G5 Sahel à Pau en France pour venir « clarifier leur position sur la présence de la France dans la région ». Le ministre des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian ou encore la ministre des Armées Florence Parly tiennent fréquemment des discours choquants et menaçants envers le peuple malien. Ils s’ingèrent trop dans les affaires intérieures du pays allant jusqu’à vouloir imposer ou dicter par exemple à l’État malien les groupes djihadistes avec lesquels il faut négocier

Le Mali, la digue

Non, certains maliens n’aiment pas ça. Ils exigent un respect mutuel dans la coopération. Ils veulent la vérité et la transparence pour mieux comprendre l’engagement de la France au Mali. Ces Maliens aiment juste leur pays et n’ont pas besoin de se crever les méninges pour comprendre enjeux géopolitiques et stratégiques liés au dossier Mali.

Pour regagner le cœur de ces Maliens, la France doit simplement revoir sa copie, disons plutôt sa politique à commencer par le cas Kidal. Elle doit avoir comme seul interlocuteur, l’Etat malien. Oui, la France est capable d’aider le Mali à désarmer la CMA et tous les autres groupes armés dans le pays. La France est capable de mobiliser la communauté internationale à soutenir le Mali dans la bonne mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale. La paix au Mali est source de stabilité dans la sous-région et source de sécurité en Europe et dans le monde.

Maliden Kura

Source : Mali Tribune