Pour notre blogueur Ghost Writer (pseudo), l’élection de Mohamed Ag El Moctar à la tête de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCAM), outre la polémique, a réveillé des clichés dangereux pour la réconciliation et le vivre ensemble.

 

L’élection de Mohamed Ag Mohamed El Moctar à la tête de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), en remplacement de l’inamovible Bakary Togola,  empêtré dans des démêlés avec la justice, a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux.

Si la majorité des internautes maliens n’y voient rien de spécial,  hormis son caractère inédit, certains y sont très vite allés de leurs petits commentaires. Et cette élection a remis au goût du jour certains clichés, à la limite stigmatisant, au moment où le pays cherche tant bien que mal la réconciliation et le vivre-ensemble.

Pour les plus radicaux, à l’image d’un certain Haroun(*), qui, sans autre forme procès, lance : « Ce n’est pas n’importe qui qui doit être à la tête de cette prestigieuse chambre ». Et il revient à la charge en insinuant : « Pour être président de cette chambre, il est impérieux d’avoir des connaissances avérées du monde agricole. »

Raisons judiciaires

Un autre internaute, Amidou, enfonce le clou et n’y va pas par quatre chemins. Selon lui, « l’APCAM n’a pas besoin d’un « El Moctar », qui serait mieux au ministère de l’Élevage. En effet comment va-t-il s’y prendre pour échanger avec le monde paysan de Sikasso et de Kita. Il lui faudra certainement un interprète (sic). »

Ce dernier commentaire, à mon avis, est celui de trop, car  l’internaute estime, sans détour, que Mohamed Ag Mohamed El Moctar, président de l’APCAM de Tombouctou ne mérite pas, en raisond e son origine, d’être au ministère de l’Agriculture. Un autre nom de famille aurait-il fait autant de polémique ? Pire, il insinue qu’il faut parler une langue nationale  pour être hissé à un poste de responsabilité.

Un autre internaute du nom Fazzeplus tempéré, se demande si «  l’agriculture est devenue une histoire de couleur ou de région au Mali ? », avant d’expliquer que El Moctar «  était vice-président de l’APCAM et n’a pas été parachuté. C’est un homme du sérail. ». En effet, Mohamed Ag Mohamed El Moctar était le 2e vice-président de l’APCAM et son élection est due au fait que le président et le 1er vice-président se trouvent empêchés pour des raisons judiciaires.

Signe d’intégration

Cette polémique met en exergue un danger qui refait de plus en surface sur les réseaux sociaux de nos jours : celui de la stigmatisation et de la division des Maliens. L’appartenance communautaire d’une personne portée à un niveau de responsabilité ne doit pas susciter une telle polémique, qui n’a aucune raison d’être. Bien entendu, toutes les communautés maliennes s’identifient par des domaines d’activités spécifiques, mais cela ne signifie pas pour autant que cela soit une généralité qui s’applique à tous.

Un dernier internaute du nom de Abba, tranche sagement ce débat et conseille aux précédents d’arrêter « ces préjugés qui sont nourris par la rébellion ».

Cette élection est pourtant un bon signe d’intégration qui symbolise le vivre ensemble à la malienne. Elle démontre une fois de plus que tout malien, indépendamment de son nom/origine, pourrait occuper n’importe quel poste sans aucune autre considération que celle du consensus et des voies légales. En attendant que chacun revienne à des meilleurs sentiments, cette élection continue pourtant de faire polémique.

Source : benbere