Dans un communiqué rendu public le jeudi dernier, le Procureur général près la Cour d’appel de Bamako a annoncé le report du procès du Général Amadou Aya Sanogo et ses co-accusés pour une prochaine session de la Cour d’assises. Selon plusieurs sources, ce report cache beaucoup de zones d’ombre.

Initialement prévu pour le 13 janvier, le procès tant attendu du chef de la junte de 2012 et ses co-accusés est reporté sine die.

Pour motiver sa décision, le Procureur général près la Cour d’appel évoque des raisons de stabilité et de quiétude.

Il n’en fallait pas plus pour que le ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement relaye le communiqué sur sa page Facebook et Twitter.

Avec une grande surprise, les proches des accusés qui, récemment, faisaient feu de tous bois pour demander leur jugement ou leur libération, ont décidé de se barricader derrière un mutisme assourdissant face à cette décision du parquet général. Toutes les tentatives pour leur gratter la langue sont restées vaines. « On ne veut pas commenter des décisions de justice. On va laisser la justice faire son travail», confie l’épouse d’un accusé.

Le jour de la prise de cette décision, 23 personnes supposées être proches de l’ex-homme fort de Kati ont été invitées par une lettre signée du ministre de la Défense et des Anciens combattants à rendre visite au célèbre détenu dans les locaux du Camp I de la gendarmerie, où l’intéressé avait été placé dans la perspective de son procès avorté. Est-ce une visite de courtoisie pour des invités peu ordinaires ou étaient-ils venus recevoir des consignes ? Dans tous les cas, cette visite a été annulée le jour-j et les intéressés ont été sommés de rendre les correspondances qui leur avaient été adressées.

Néanmoins, si les proches des accusés se refusent à tout commentaire sur la décision du report du procès, ce n’est pas le cas de la Fédération internationale des droits de l’homme, de l’Association malienne des droits de l’homme, les parties civiles et leurs avocats qui, dans un communiqué, affirment prendre acte du report du procès, initialement prévu le 13 janvier. « Nous souhaitons qu’une nouvelle date soit fixée dans les meilleurs délais pour que cette affaire puisse aller à son terme, comme nous le demandons depuis trois ans », rapporte le communiqué. Ils affirment  vouloir veiller à la sauvegarde des droits des victimes à obtenir justice et réparation, composante essentielle de la lutte contre l’impunité.

Pour sûr, cette affaire qui a fait couler autant d’encre que de salive dure depuis plusieurs années déjà. Et chaque observateur va de son commentaire. Pour les uns, la tenue du procès serait compromettante pour le régime, parce que Sanogo et co-accusés détiendraient des secrets d’Etat. Ils affirment par ailleurs que l’affaire serait négociée et qu’elle finirait en queue de poisson avec la relaxation des détenus et le dédommagement des parties civiles par l’Etat.

En attendant, cette affaire n’a pas fini de dévoiler tous ses secrets.

Harber MAIGA

Source : Azalaï Express