Au Mali, la radiation de 22 nouvelles recrues en cours de formation à Markala défraie aujourd’hui la chronique. Dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, des jeunes recrues de la protection civile qui, depuis un mois, étaient en formation à Markala, disent être victimes d’un renvoi abusif au profit d’enfants nantis. Pour se défendre, la direction générale de la protection civile a organisé, le mercredi 29 mai 2019, un point de presse animé par son directeur général, Colonel major, Seydou Doumbia sur l’affaire.

Après environ un mois de formation militaire à Markala, la radiation de 22 nouvelles recrues suscite une grande brouille au sein de la protection civile. Les victimes accusent la direction d’avoir abusé d’eux au profit d’un recrutement par affinité. Dans la vidéo qui circule sur internet, une des « victimes » Maminata Diawara explique leur déboire : « C’est après notre recrutement qu’on nous a envoyé à Markala pour la formation. Avant notre départ, nous avons subi une visite médicale sans aucun problème. Tout le monde était bien portant. A Markala aussi, nous avons fait une visite médicale d’entrée à Markala qui a confirmé notre bonne santé. Raison pour laquelle les chefs de nos formateurs ont reçu l’instruction de bien nous faire baver.  On est resté comme ça jusqu’à la propagation de rumeurs qui annonçaient l’exclusion de 32 personnes qui seront remplacés par des jeunes venant de Bamako. Le lendemain, au moment du rassemblement, ils ont appelé 22 personnes dont moi. Ils nous ont demandé de nous mettre en tenue civile, pour aller à Ségou faire une autre visite médicale. On voulait prendre nos affaires (téléphones, argents, etc.) mais ils ont dit que ce n’était pas la peine puisqu’on allait revenir juste après la visite médicale. A Ségou, il ne fut point question de visiter. On a poireauté et on n’avait aucun interlocuteur. On a passé la nuit dehors à la merci du vent. Au réveil, on a nous expliqué que la visite médicale est finalement prévue à Bamako. Pendant qu’on errait nos remplaçants avaient déjà quitté Bamako pour prendre nos places à Markala. C’est une fois arrivée à Bamako, plus précisément à la direction de la protection civile à Sogoniko qu’on nous a signifié notre renvoi lors d’une réunion. Surpris, on a demandé des explications sur les motifs de notre renvoi. Ils nous ont répondu que c’est parce qu’on ne peut pas tenir la formation. Chose incompréhensible pour nous car après un mois de formation personne n’est jamais tombé malade. Nous sommes tous des enfants de pauvres. C’est parce qu’on est impuissant qu’ils veulent nous faire remplacer par des enfants de riches qui n’ont passé ni le concours écrit ni le test de santé. Qu’ils aient pitié de nous. Qu’ils reviennent sur cette décision pour qu’on puisse reprendre notre formation ».

La vidéo du témoignage de la jeune recrue a fait un buzz sur les réseaux sociaux. Des internautes, écœurés, ont exigé des explications de la part des autorités de la protection civile.

Face à cette situation, le directeur général de la protection civile, Colonel major, Seydou Doumbia, a donné, hier mercredi,  sa version des faits. Selon lui, le recrutement 2018 a retenu 500 candidats admis sur plus de 17 000 postulants dont le processus de recrutement s’est déroulé dans les régions par quota. Pour lui, cette liste des 500 candidats retenus, aux mois d’Octobre et Novembre 2018, a été suivie d’une liste d’attente de 23 éléments selon le quota par région en cas de désistement de certains candidats. A la fin de cette première étape, 10 candidats ont désisté avant le début de formation donc leurs remplaçants ont été puisés dans la liste d’attente. A l’en croire, les 500 candidats sont donc entrés en formation militaire à Markala le 30 avril 2019 où ils ont subi une visite d’arrivée à partir du 8 mai dernier par un médecin qui a décelé certaines anomalies chez 22 candidats vers les 25 et 26 mai dernier pouvant compromettre leur formation et même leur vie. C’est ainsi que, dira-t-il, la direction de la protection civile a procédé à leurs remplacements toujours en puisant dans la même liste d’attente. « Ces 22 cas avérés de pathologie peuvent déboucher soit sur une contamination ou soit sur des problèmes personnels susceptibles de compromettre leur vie. Les dossiers des candidats concernés sont disponibles à la direction générale et les intéressés sont libres de venir s’entretenir avec le médecin sans problème», a-t-il expliqué.

Moussa Dagnoko

SourceLerepublicainmali