Quatre ans après son premier rapport, l’organisme Hague Institute for Innovation of Law (HiiL) a rendu public son deuxième rapport sur les « Besoins et satisfaction en matière de justice au Mali». Le document a été présenté, ce lundi 08 avril, aux principaux acteurs de la justice, à l’hôtel de l’Amitié de Bamako.

 

La justice est, pour les Maliens, l’institution la plus corrompue. Elle est suivie de la Police, de la Douane, de la Gendarmerie et de la municipalité. Cette perception de la corruption, révèle le document, diffère selon le niveau de scolarisation des personnes. Ainsi, 63% des personnes de niveau supérieur estiment que la justice est l’institution la plus  corrompue contre 52% de personnes non scolarisées. Sur la Santé, ils sont 20% de Maliens non scolarisés et 20% de niveau de primaires à penser que le secteur de la Santé est le plus corrompu au Mali.

Pour régler leurs problèmes, 09 Maliens sur 10 préfèrent éviter la justice. Soit 87% des personnes interrogées. Un nombre en hausse par rapport à 2014 où, seulement, 76% des Maliens préféraient régler leurs problèmes eux-mêmes que de saisir un tribunal. Aussi, le rapport 2018 révèle que le foncier reste le premier problème de justice au Mali. Ainsi, 27% des personnes interrogées affirment s’être rendues à la justice pour un problème foncier, 15% pour des crimes et délits, 11% pour des problèmes de famille.

«En toute sincérité, nous croyons que notre méthode de travail, basée sur les données, nous permet vraiment d´améliorer l´accès à la justice au Mali», a indiqué Dr Sam Muller, PDG de HiiL. Pour beaucoup d’acteurs de la justice, présents à la cérémonie de présentation du rapport, les Maliens ont, en général, une mauvaise perception de la justice parce qu’ils ignorent tout du fonctionnement de l’institution judiciaire. Malick Coulibaly, président de la Commission nationale des Droits de l’Homme estime que le vrai problème de la justice au Mali est un problème d’argent. Dans la plupart des juridictions, indique-t-il, les magistrats n’ont que la lumière du jour pour travailler. Aussi, comment voulez-vous que la Police fasse réellement son travail avec 10 litres d’essence par trimestre, s’interroge l’ancien ministre de la justice.

Pour la lutte contre la corruption, les Maliens estiment que les «lourdes sanctions» sont efficaces. 73% des Maliens, avec des problèmes de justice, clament cette demande de sanctions lourdes. Pour 55% de ces personnes, une formation des citoyens sur leurs droits et devoirs peut être aussi nécessaire. Pour les auteurs du rapport, une meilleure application des règles et des campagnes de sensibilisation sont nécessaires pour lutter contre la corruption au Mali.

Mamadou TOGOLA

Maliweb