Madame, j’ai beaucoup de respect pour votre parcours intellectuel et politique en tant qu’historienne émérite et ex première dame de la république. Cependant je me dois d’intervenir lorsque vous et d’autres élites veulent ethniciser le discours dans le contexte actuel du Mali. Partout où la question ethnique a dominé le débat celà a contribué à saper l’unité nationale et pour certains cas a culminé à une guerre civile sinon même un génocide. (Libéria, Sierra Leone, Biafra, Somalie, Rouanda).

Vous parlez d’une épuration ethnique. Les mots sont forts madame !

 

Vu votre statut je crois qu’il vous est impératif de faire preuve d’objectivité et de retenue surtout que vous êtes écoutée et respectée de tous. Sinon ça s’appelle de la malhonnêteté intellectuelle.

 

Vous confondez l’émotivité et la réactivité madame et vous avez une lecture biaisée de la situation actuelle dans le Pays Dogon.

 

En effet, Ogossagou est un village Dogon, où vivent non seulement des peuhls mais aussi d’autres communautés et bien évidemment des dogons. D’ailleurs le chef du village de Ogossagou est un Dogon. Vous ne faites pas ressortir cet aspect dans votre discours, madame.

 

À Ogossagou existait une milice Peuhl aux moments des faits et les enquêtes des élus locaux ont démontré que 80% des victimes étaient les membres de cette milice. Pourquoi ne dites-vous pas que ce sont les membres du mouvement de la libération du macina qui ont attaqué le village de Ogossogou selon les rescapés ? Sans aucune preuve vous sacrifiez toute une communauté sur le plateau de l’opinion nationale et internationale. Est-ce une preuve de bonne foi?

 

Montrez-nous les preuves de l’implication de Dana Amassagou !

 

Une pièce d’identité appartenant à un milicien peuhl tué a été retrouvée sur les lieux, pourquoi vous n’en parlez pas ?

 

Pourquoi ne dites-vous pas que le chef de village (Dogon) de Ogossagou a été massacré avec toute sa famille, aussi bien que le quartier dogon?

 

Pourquoi ne dites-vous pas que parmi les victimes il y avait les membres des autres communautés ?

 

Je me permets de vous interroger parce qu’avec vous je suis sûr de m’adresser à une maîtresse des lettres tout comme moi et que vous et moi savons pertinemment que les mots sont importants dans leurs sens syntaxiques et sémantiques; surtout lorsque vous vous adressé à des lecteurs avisés. Vous savez madame qu’en tant que chercheur vous vous devez impérativement de faire preuve d’objectivité dans vos écrits.

 

Vous savez madame qu’en tant que ex première dame mère de la nation vous avez le devoir moral de traiter tous vos enfants sur le même pied d’égalité et surtout de dire la vérité.

 

Vous avez le devoir de respecter la mémoire de toutes les victimes de Ogossagou y compris les peuhls que vous prétendez défendre en proférant des contre-vérités qui n’apaisent ni l’âme des disparus ni le cœur de leurs parents.

 

Ce message est valable pour tous ceux qui veulent profiter de la faiblesse de l’état malien pour régler leur compte (politique) sans se soucier du sort des pauvres innocents. L’histoire retiendra vôtre malhonnêteté ! Il est clair que derrière cette attitude victimaire se cache une ambition politique de la part de certaines personnalités. En attendant, c’est le cercle de Bankass qui paye le prix fort de leurs ambitions démesurées pour le pouvoir et ses prestiges. Il n’y a qu’au Mali que les frontières entre un État islamique et une république restent à déterminer. Comprendra qui le pourra !

 

Bien à vous,

(Sylvain Ère Sangala. Chercheur civilisationiste)

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