Le Premier ministre Soumeylou Boubèye MAIGA, à la faveur des premières assises de l’Alliance Ensemble pour le Mali (EPM), a affirmé le samedi dernier que le chantier de la révision constitutionnelle débutera dans moins d’un mois avec le dialogue avec l’ensemble des acteurs.

En prélude aux réformes envisagées par le Gouvernement, l’Alliance Ensemble pour le Mali (EPM) a tenu ses premières assises, le samedi dernier, à l’ex CRES de Badalabougou. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le président de l’EPM, Bokary TRETA, en présence du Premier ministre Soumeylou Boubèye MAIGA ; du représentant spécial de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh ANNADIF ; du représentant de la CEDEAO au Mali, Chaka TOURE. Des responsables politiques de l’EPM, ainsi que des Mouvements signataires de l’Accord pour la paix y étaient également.

L’objectif de ces assises était de préparer la contribution de l’EPM pour améliorer le processus des réformes annoncées en 2019 par le Gouvernement. Ces assises ont été marquées essentiellement par des échanges sur la révision constitutionnelle, l’Accord pour la paix et le regard croisé entre l’Accord et la Constitution du 25 Février 1992. Pour cela, la Majorité présidentielle a fait appel à l’expertise de près d’une dizaine d’experts et constitutionnalistes.

Mahamat Saleh ANNADIF a apprécié cette initiative de l’EPM parce qu’elle permet de créer le débat sur la révision constitutionnelle qui continue de susciter légitimement de nombreuses interrogations, préoccupations et parfois passions au Mali.

« Une constitution ne peut prétendre à l’éternité et une révision constitue toujours une opportunité pour un pays d’insuffler les nécessaires changements », a affirmé le représentant des Nations unies au Mali. Selon lui, la révision de la Loi fondamentale malienne est devenue nécessaire avec notamment la crise de 2012 et la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Dans ce document de recherche de la paix, l’État malien a pris des engagements dont certains doivent être constitutionnalisés.

« La révision est devenue une question de nécessité pour la survie et la stabilité démocratique au Mali. Ceci pour dire que les réformes constitutionnelles sont d’abord une exigence nationale », a soutenu M. ANNADIF, tout en souhaitant que le processus soit inclusif. C’est à ce prix, est-il convaincu, que le Mali tournera une page « importante de son histoire de son ère démocratique, en faisant en sorte que les insuffisances et lacunes servent résolument à aller de l’avant ».

Pour la bonne conduite de ladite réforme tant attendue et à la fois critiquée, le Chef de la MINUSMA a conseillé aux différents acteurs d’adopter une approche consensuelle et inclusive en mettant plus l’accent sur la « dimension politique de cette réforme constitutionnelle plutôt que sur ses aspects techniques ». Cette attitude permettra, Selon lui, de surmonter les blocages psychologiques entre des acteurs de la Majorité, de l’Opposition et de la Société civile.

Le Premier ministre est aussi d’avis qu’il faut impérativement aller à la révision de la Constitution du 25 Février 1992. Cette nécessité était reconnue par des gouvernements successifs qui ont tous tenté à une époque de réviser le texte fondamental, a-t-il rappelé. Mais toutes ces tentatives ont échoué.

Les leçons à tirer de ces échecs est d’entamer un processus inclusif, retient Soumeylou Boubèye MAIGA. C’est pourquoi, il prévoit de commencer très rapidement le dialogue avec l’ensemble des acteurs (la société civile et la classe politique) afin de dégager un consensus.

« Nous souhaitons que le Comité d’experts qui sera mis en place traduise en des termes appropriés le consensus qui sera dégagé. Pour le moment, notre intention est d’aboutir à un consensus autour du début du mois de mars », a indiqué Soumeylou Boubèye MAIGA.

Le Chef du Gouvernement souhaite terminer le processus de la révision constitutionnelle avant de démarrer le parachèvement du processus d’élections (législatives, régionales, du District). Au regard de ces perspectives, 2019 s’annonce pour le Premier ministre comme une année de « grand chantier institutionnel, électoral ». Mais, pour la réussite de ce chantier qui démarrera en début février, il est indispensable de faire des consultations, des concertations, des consensus, afin d’avoir un certain apaisement.

« En début février, je vais reprendre le dialogue avec la classe politique et la société civile (…). Nous souhaitons que ce chantier puisse être mené assez rapidement en évitant la cristallisation inutile. C’est sur le fond que nous constatons qu’il y a une divergence majeure. Au niveau de la méthode, il faudrait qu’on fasse en sorte que chacun ait le sentiment d’être écouté », a relevé M. MAIGA.

Dans la même veine, le président de l’EPM, Bokary TRETA a annoncé qu’il prendra langue avec les responsables de l’Opposition sur les différents chantiers de réformes institutionnelles. « Cette semaine, nous allons rencontrer l’Opposition », a annoncé le président TRETA.

Par Sikou BAH

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