Le ministère des Affaires religieuses et du culte, qui entend initier un projet de loi visant à réglementer certains aspects de la pratique de la religion musulmane, a soumis ledit projet de loi à l’appréciation des leaders religieux avant qu’il ne soit adopté par le Conseil des ministres, voté à l’Assemblée nationale, et promulgué par le président de la République. En réponse, comme il fallait s’y attendre, les organisations musulmanes du Mali ont exprimé leur désapprobation.

En effet, ce projet de loi du ministère des Affaires étrangères et du Culte, qui comprend une trentaine d’articles, vise à réglementer la prière dans les mosquées notamment le jour du vendredi, le choix du thème du sermon et aussi l’autorisation pour organiser une assise de prêche. Ainsi, ledit projet de loi interdit aux fidèles musulmans de prier dans les rues même si les mosquées sont pleines à l’intérieur ; réglemente la construction de mosquées, c’est-à-dire personne n’aura le droit de construire une mosquée sans l’accord du gouvernement ; invite les imams à choisir les thèmes du sermon (Koutbah) le jour du vendredi sous le contrôle des autorités compétentes ; interdit tout imam de se déplacer pour aller prêcher dans une autre région du pays sans l’accord du gouvernement avec le thème qu’il va choisir, entre autres.

A cet effet, dans une lettre adressée au ministre de la tutelle, les leaders du Haut conseil islamique du Mali (HCIM) ; de l’AMUPI ; de la LIMAMA ; le Groupement des leaders spirituels musulmans du Mali ; la Ligue des prédicateurs du Mali ; et l’Union des jeunes musulmans du Mali (UJMMA) ont exprimé leur désapprobation relative à ce projet de loi. Il ressort de leur correspondance, signée par le secrétaire général du Haut Conseil islamique, Mamadou Diamoutani : Après avoir examiné le rapport de loi portant organisation de la liberté religieuse et de l’exercice des cultes au Mali que le ministre leur a fait parvenir, ils sont arrivés à la conclusion que ledit projet, dans beaucoup de ses dispositions, est restrictif des libertés religieuses et jure avec l’exercice pacifique des cultes qu’a toujours connu notre pays.

«C’est pourquoi, les structures ci-dessus énumérées, estiment non opportun ce projet et recommandent son abandon en attendant que le pays retrouve sa stabilité et qu’une autre initiative allant dans le sens de la réaffirmation de la liberté religieuse soit prise par les structures faîtières des organisations religieuses et votre département », indique la correspondance,

Par ailleurs, l’Imam Abdoulaye Keita estime que ce projet n’a pas sa place au Mali. Selon lui, le ministre des Affaires religieuses et du Culte, Thierno Amadou Omar Hass Diallo, initiateur de ce projet de loi, semble ignorer la réalité du pays, et la pratique de l’islam au Mali.

« Comment fait-il que si la mosquée est pleine, les autres fidèles musulmans qui viennent sont privés de prier hors de la mosquée ? Ces derniers doivent chercher d’autres mosquées et s’ils arrivent là-bas aussi et les trouvent pleins, comment vont-ils faire ?», s’interroge-t-il.

Pour cet autre fidèle musulman de Banakabougou, ce projet est une comédie et irréfléchie de la part du ministre et ses collaborateurs. « Le projet veut qu’on s’inscrit alors pour être membre d’une mosquée et avoir une place pour la prière. C’est inadmissible. Le Mali est un pays laïc majoritairement musulman et ce petit moment de la prière doit être accepté pour les uns et les autres. C’est comme lorsque le Président se déplace, ils coupent la route lors de son passage et pourquoi nous empêcher de faire nos prières dans les rues lors de la prière du vendredi ».

Par contre, beaucoup d’autres personnes interviewées sur le sujet soutiennent que ce projet contient d’énormes articles importants pour réglementer la bonne pratique de l’islam dans notre pays, exercée dans un désordre indescriptible. Ces dernières estiment que le gouvernement doit prendre toutes ses responsabilités pour des raisons de sécurité des fidèles musulmans priant dans les rues, et réglementer surtout les prêches qui ne doivent pas se faits par n’importe qui, n’importe où et importe comment.

Affaire à suivre….

Seydou K. KONE

Source: Bamako News