Chers parents et élèves,

Dans un souci d’apporter ma pierre à la construction du pays, il est du devoir de tout un chacun de faire de son mieux en termes d’idées et d’actions. Nous nous assignons comme devoir d’accompagner cette rentrée scolaire.

Chers parents et élèves défavorisés financièrement, parfois nous nous appelons « pauvre» ou « enfant de pauvre ». Il y a aussi des commentaires comme « le pauvre n’a pas de moyens, il ne peut rien ». Nous sommes dans un pays où le contexte social n’est pas favorable à une vie décente pour la majeure partie de la population jusqu’à preuve de contraire.

Ceux qui ont les moyens veulent garder ce statu quo jusqu’à nouvel ordre. Lorsqu’on a un avenir certain, on prépare aussi celui des enfants, comme disent certains ; sinon je pense qu’on doit préparer l’enfant pour l’avenir. Ceux qui ont le pouvoir de gouverner préparent leurs enfants pour le pouvoir. Personne ne laissera sa part à une autre personne. Cette tendance est celle que vit notre pays, le Mali. Et c’est ça la réalité et la vérité. Il y a trop de pauvres et trop d’enfants de pauvres. Cette situation a donné naissance à une insécurité sociale sur tous les plans et à tous les niveaux. La méfiance s’est installée, l’égoïsme et la haine sont devenus les forces de frappe de la population. Ce sont nos compatriotes qu’on frappe. Bref, les gens sont dégoutés de la vie qu’ils mènent.

Chers parents et élèves défavorisés,

La tendance doit changer pour permettre un avenir meilleur à tous. Il ne s’agit de créer des richards, mais que chacun arrive à satisfaire les besoins premiers de sa vie. C’est de là que le vrai développement commence. Un développement est toujours au premier cycle lorsque les soucis sont toujours : comment avoir de la nourriture en quantité et en qualité ? Comment avoir de l’eau potable ? Un bon toit ?

Les choses doivent changer, oui il faut changer. Pour se faire, le premier échec dans cette démarche c’est de toujours attendre de ceux qui ont déjà « réussi matériellement » ou qui ont le pouvoir de diriger. Chacun ne voit que sa tête. Le ministre voit sa tête d’abord, le député la même chose, le directeur, la même chose, ainsi de suite jusqu’au président de la république. C’est ça la réalité de notre pays, disons-le haut et fort. Et, ce n’est pas mal.

Pour permettre un changement, l’éducation (aller à l’école) ou s’instruire est le bon chemin à suivre. Nous sommes pauvres, nous ne devons pas mourir pauvres. Nous devons aller à l’école chers élèves. Nous devons accompagner nos élèves chers parents. Je sais que les choses sont difficiles, mais sachons que ceux qui sont aux affaires penseront d’abord à eux-mêmes, à leurs enfants, à leurs proches et ainsi de suite. Pour nous, ce sont les « restants » que nous aurons.

Cher élève, mon frère, ma sœur, tu es un enfant de pauvre. Sache que la pauvreté n’est pas une fatalité. Je te parle parce que nous appartenons à une même terre, et je suis convaincu que les choses vont changer. La médiocrité ne va pas persévérer à gérer ce pays. Enfant de pauvre, tu sais, je n’aime pas le mot pauvre tout simplement je sais que la pauvreté résulte d’une erreur sociale. Sinon personne ne nait pauvre et personne ne meurt riche. Donc, il faut apprendre à te comporter. Tes parents n’ont pas les gros moyens pour t’inscrire dans des écoles réputés, pour t’envoyer au Canada, en France, en Espagne, à Dubaï, donc tu dois étudier. Tu prends ton temps juste pour surfer sur le net : facebook, whatsapp, imo, etc. tandis que tu dois lire. Ecoute, si tu as la chance de lire, lis.

Renseigne toi sur le nombre de jeunes qui meurent dans la méditerranée chaque année. Détrompes-toi, les bienfaits des riches du monde d’aujourd’hui et pour la plupart des cas, c’est comme du bonus que Malitel ou Orange nous offre. C’est occasionnel et en plus ils gagnent en retour. On n’a pas les mêmes chances dans la vie, c’est la raison pour laquelle il faut saisir les opportunités. Il ne faut pas suivre ces élèves qui ont déjà tout eu avant qu’ils ne naissent et qui ne travaillent pas à l’école. S’ils ne réussissent pas à l’école, l’argent de papa va gérer.

Ma sœur, débarrasse-toi de ces fils à papa qui viennent te chercher à la maison en voiture. Ils vont abuser de ton corps et tu n’auras rien qui peut t’assurer un avenir meilleur. Travaille et tu auras ta propre voiture un jour.

Chers parents, il faut sauver les enfants. Tu es pauvre et tu cherches à négocier les enseignants pour faire passer ton enfant en classe supérieure, il sera une charge pour toi un jour. Tu n’as pas assez de moyens et tu oses corrompre. Ne dis pas que tout le monde le fait. Fais de ton enfant un homme ou une femme de valeur. Car, si vous pensez que les choses vont changer comme ça, vous vous trompez. Si tu n’as assez de moyens, fais de ton enfant un homme ou une femme de valeur.

Juste une petite remarque : il y a des ministres que vous connaissez dont les parents ont été ministres ou autres cadres. Enfant de ministre devient ministre. Enfant de riche devient riche. Donc, il faut ouvrir les yeux pour comprendre ; sinon enfant de pauvre continuera à être pauvre. C’est ce qu’on appelle ça « la pauvreté chronique ». Les causeries dans les grins ne changeront pas cela mais le travail. Ce n’est pas facile, mais ça ira. Battons-nous jusqu’au bout. On sera découragé à des moments donnés, mais continuons.

Ce texte est le résultat des erreurs que j’ai commises à des moments données. Ne pas perdre le courage et ne pas abandonner doit être mon soubassement. Continuons, on deviendra tous « quelqu’un » un jour.

Chers élèves et parents, je vous souhaite une bonne rentrée. Toutes mes excuses pour les personnes qui se sentiront vexées.

On est ensemble !

 

Yacouba Dao,

Enseignant conférencier, journaliste écrivain

Rédacteur de formation

La rédaction