Plus rien ne reste à propos de ces documents sur lesquels escompte le gouvernement pour faire bouger les choses. Hier jeudi 22 août 2019, la place de l’Indépendance a servi de cadre à une démonstration de force et de refus par un jeune malien, Samba  Traoré dit Boua. Venu à pied avec un sac sur le dos, ce jeune qui détenait une pancarte sur laquelle on pouvait lire : « Désarmez la CMA ; que l’armée soit à Kidal ; non à l’impunité ». Samba Traoré a, publiquement, brûlé l’Accord d’Alger, la loi d’entente nationale et la loi pour la révision constitutionnelle. Davantage, une marche est prévue pour le 7 septembre prochain.

 

Il se nomme Samba Traoré alias Boua, domicilié à Bamako et âgé de 31 ans. Pour prendre à témoin la communauté nationale et internationale, le jeune malien pourtant président d’un collectif d’associations, a décidé de passer à l’acte qui lui tenait à cœur. « Je suis sorti aujourd’hui pour manifester ma colère face à la situation actuelle du pays. Des valeurs que Modibo Keita nous a laissées sont en train de partir. Ce que je n’accepte pas », dit le jeune mécontent des gouvernants. Ce pays, ajoute-t-il, pour lequel Modibo Keita est décédé, de même que les martyrs de 1991 ne doit aucunement être détruit en notre présence. Après  cent ans, il n’y a que la mort, si nous nous asseyons regarder les autres détruire ce pays, qu’est-ce qui va rester à nos enfants ? s’interroge-t-il. Puis de poursuivre : « Je ne suis pas d’accord avec la Loi d’entente nationale. Elle n’a et  ne sera jamais une bonne chose pour le Mali. Elle n’amènera aucune entente entre les Maliens. Avec ces morts d’hommes, en plus des  députés illégitimes, le président IBK promulgue cette loi que je condamne. Cette loi, elle ne survivra jamais».

À propos du projet de révision constitutionnelle, Samba s’exprime en ces termes : « À cause de la situation du pays, les élections législatives n’ont pas pu se tenir. Pourtant, le président  de la République prétend faire les révisions constitutionnelles. Nous disons non à cela. Moi personnellement, je m’engage à mettre fin à ce projet en le brûlant ».

Pour lui, aucune confiance n’existe encore entre les gouvernants et le peuple. Parlant de l’Accord d’Alger, il évoque : « Depuis la signature de cet Accord jusqu’à nos jours, il y a eu trop de morts. Tous les maux du Mali  sont dans cet Accord qui, aujourd’hui, ne règle aucun problème du pays ».

À lire la déclaration du jeune, nous comprendrons que la CMA empêche  l’armée de rentrer à Kidal. Cela, avec la complicité de la France, ainsi que de l’incompétence du président IBK. Ce qui, selon ce document, met en cause la souveraineté de l’État. À lire la déclaration, l’Accord d’Alger contient des germes de partition du Mali. Il viole la constitution dans toutes ses formes. Pour ce qui concerne la Loi d’entente nationale, la déclaration de Samba laisse dire que celle-ci viole toutes les procédures pénales et de la constitution. « Aujourd’hui, l’insécurité devient de plus en plus grandissante. Depuis l’arrivée d’IBK au pouvoir, la destruction de plusieurs villages et communes devient récurrente, laissant une hécatombe dans le centre à cause de la corruption à ciel ouvert dans l’achat des armements pour les FAMAS »,lit-on dans cette déclaration qui poursuit : « Moi Samba Traoré dit Boua marche ce jour 22 août pour dire non à l’application de l’Accord d’Alger, à la Loi d’entente nationale, au projet de la loi de révision constitutionnelle, et à la politique des autorités françaises dans la résolution de cette crise ». « Ensemble, nous marcherons pour dénoncer l’incompétence du président IBK et son gouvernement à défendre l’intégrité territoriale du Mali, à soigner les Maliens et à sécuriser les populations et leurs biens. Nous demanderons à IBK ainsi qu’à la France de désarmer la CMA sans condition, et la présence de l’armée à Kidal. Également, nous demanderons, le jour de la marche prévue pour le 7 du mois prochain, l’arrestation et la traduction de tous ceux qui sont impliqués dans l’achat des avions cloués au sol. Nous dirons à IBK : halte au massacre dans le centre ainsi qu’à la corruption… » Après avoir souligné ces points, le jeune Traoré lance appel au peuple pour ladite marche qui va être tenue à la place de l’Indépendance en date du 7 septembre prochain pour entre autres exiger :la libération de Kidal, la défense de la souveraineté nationale ainsi que de l’intégrité du territoire, l’équipement d’hôpitaux. En plus, a-t-on appris de lui, les gens marcheront pour dire non à la politique française au Mali dans la gestion de cette crise. De même que la mauvaise gouvernance. M. Samba Traoré a terminé par brûler l’Accord d’Alger, la Loi d’entente nationale, et la Loi du projet de révision constitutionnelle.

Mamadou Diarra

Source : Le Pays