Certes, la désobéissance civile est un droit reconnu par la loi fondamentale de notre pays. Son respect doit se faire également dans un cadre réglementaire. Toutefois, depuis quelques jours, des Bamakois et d’autres usagers assistent à une autre façon de désobéissance qui tranche avec le principe des libertés. En ce sens que les manifestants vont jusqu’à contraindre d’autres citoyens d’arrêter leur travail jusque dans leurs bureaux. N’est pas une violation des 10 commandements ?

 

Depuis lundi dernier, la désobéissance a repris, dans la capitale et dans certaines localités du pays, après la trêve de 10 jours. La mesure pour ses initiateurs est un moyen de pression contre le président de la République Ibrahim Boubacar KEITA et son régime afin qu’il jette l’éponge. La stratégie des contestataires est d’user de tous les moyens ‘’légaux pour faire partir IBK du pouvoir au motif qu’il est incapable de satisfaire les attentes de ses administrés, après 7 ans de règne.
L’un de ses moyens est la désobéissance ou le droit à la résistance décrété, il y a quelques semaines, mais qui avait été suspendue afin de permettre à la communauté musulmane de fêter la Tabaski dans la quiétude. L’exercice de ce droit est reconnu par la constitution du 25 février 1992 en son article 121 : « Le fondement de tout pouvoir en République du Mali réside dans la Constitution. La forme républicaine de l’État ne peut être remise en cause. Le peuple a le droit à la désobéissance civile pour la préservation de la forme républicaine de l’État. Tout coup d’État ou putsch est un crime imprescriptible contre le peuple malien».
Toutefois, l’application de ce droit par le M5-RFP à Bamako et à l’intérieur du pays se passe dans l’illégalité totale. En effet, ceux qui sont chargés de son respect en abusent et vont jusqu’à violer les consignes données par les responsables du mouvement.
« Bloquons les entrées de tous les services de l’État (sauf les services de santé). Installons-nous dans les cours et invitons les travailleurs à se joindre au mouvement ». Tel est le commandement N°1 donné par les responsables du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques M5-RFP.
Contrairement à cette ligne de conduite, depuis la reprise de ‘’ce droit à la résistance’’, des agents et responsables des services publics sont harcelés, contraints à abandonner leurs lieux de travail.
À Kayes, ce 4 août 2020, au nom de la désobéissance civile, une mère de deux enfants fonctionnaire des collectivités a été sévèrement battue par un groupe de délinquants se réclamant du M5-RFP à la Mairie, selon des sources concordantes.
À Bamako, plusieurs services publics ont été fermés par la force par des jeunes se réclamant du M5-RFP ou même des chefs de famille empêchés de se rendre à leurs lieux de travail.
En ce moment, ils privent des individus de leur droit également de travailler, de liberté de mouvement. Ainsi, ce qui est en train de passer est à la limite est un abus de droit. Parce que selon un principe juridique, l’exercice d’un droit doit se faire dans la légalité.
Néanmoins, comparativement à la 1re étape de la désobéissance, il y a des efforts qui sont faits dans le sens du respect des droits des autres citoyens, mais ce n’est pas suffisant.

Par Sikou BAH

Source : INFO-MATIN