Le Grand Mali, berceau de grands empires, de grandes civilisations, qui a forgé de grands hommes, et qui a longtemps pu s’imposer en exemple, à travers le monde ; après des siècles de gloire, tombe dans les travers. Dans ce Mali, ce sont les démons de la division qui s’imposent en maître dans tous les segments et secteurs de la vie socio-politique, économique et culturelle. Après les politiciens, les syndicats, les femmes, les jeunes et même la grande muette, le CNPM, jusque-là caractérisé par un minimum de cohésion et de consensus vient de nous montrer son visage hideux.

 

Ce 26 septembre 2020, malgré l’avis de report du secrétariat général du Conseil national du patronat du Mali (CNPM) dûment signé par le Président sortant, Mamadou Sinsy COULIBALY, le camp adverse conduit par Diadié dit Amadou SANKARE a maintenu le rendez-vous. C’est donc dans la pagaille, à la devanture du CNPM (le bâtiment de la structure étant inaccessible à cause d’un important dispositif sécuritaire), que le camp Diadié SANKARE s’est quand même livré à son one man show !
« Conformément aux statut et règlement intérieurs du CNPM et suite à la décision du président du comité statutaire, l’assemblée générale élective du président conseil national du patronat du Mali s’est tenue ce 26 septembre 2020 devant le siège du CNPM à l’ACI 2000, Bamako », indique un proche de Diadié dit Amadou SANKARE. En l’absence du camp adverse, on peut donc deviner les conséquences d’une telle élection. Sur 155 délégués inscrits, il y a eu 107 suffrages exprimés (sur un quorum de 104), dont 17 bulletins blancs. Par la suite, le candidat Diadié dit Amadou SANKARE a remporté le vote avec 89 voix contre 1 voix pour Mamadou Sinsy COULIBALY qui n’était pas présent.
Comme l’on pouvait s’y attendre, son élection est déjà contestée par le camp Mamadou Sinsy COULIBALY qui ne reconnaît au Comité statutaire aucune qualité pour organiser des élections. Des tensions qui en disent long sur la crise qui traverse le patronat malien.
Le CNPM, longtemps au-dessus des clivages et mesquineries, tombe à son tour dans la division. Avant, c’était les syndicats identifiables par l’existence de quatre centrales syndicales (UNTM, CSTM, CMT, CDTM) et de nombreux syndicats autonomes.
Qu’en est-il des partis politiques au Mali où après trois décennies de parcours démocratiques on n’en dénombre plus de 200 avec ou sans programme ?
Ce n’est pas tout, le spectre de la division avait également gagné les organisations de la société civile, même les confessions religieuses ne sont pas épargnées. Les femmes avec la Coordination des associations et organisations féminines (CAFO) sont loin d’être un exemple de cohésion. Le Conseil national de la jeunesse (CNJ) est en lambeau avec les guerres de clans en son sein. Que reste-t-il alors du Mali ? Même la grande muette, symbole de l’unité et de l’intégrité territoriale a du mal à se mettre au-dessus de la mêlée. Qui ne se rappelle pas de la guerre des bérets suite au coup d’État du 22 Mars 2012 ?
Au détour de plusieurs confrontations d’intérêts égoïstes, les Maliens se retrouvent avec un Mali des terroristes au Nord et au Centre vautrés dans les paradis du trafic d’or, de drogues et d’organes humains ; le Mali de l’Azawad ; muni d’un drapeau sapé par un accord de paix qui chante une absurde unité nationale ; le Mali des écoles fermées ; le Mali des prises d’otage ; le Mali des villages brûlés, le Mali des femmes éventrées, des enfants égorgés, des hommes abattus ; le Mali de l’ethnocentrisme exacerbé ; le Mali des camps militaires occupés ; le Mali des milliers de réfugiés ; le Mali des élections bâclées…
Le cauchemar de la désolation semble avoir de beaux jours devant lui, puisque malheureusement, les fils de la mère patrie malade ne semblent pas encore prendre conscience du niveau de gravité du mal-être de leur génitrice.

Par Sidi DAO

Source : INFO-MATIN