Pour soulager la souffrance des populations de certaines localités du cercle de Niono qui sont sous occupation djihadiste, depuis des mois, la Direction générale de l’Office du Niger a décidé d’accorder un dégrèvement total de 5 261,84 ha au bénéfice de 8 301 familles, pour un manque à gagner en redevance eau de plus de 300 millions de FCFA. Cette annulation du paiement de la redevance eau concerne les zones de productions de Diabaly, N’Débougou, Niono et Molodo. Cette décision salutaire de l’Office du Niger qui a été bien appréciée par les populations concernées cache malheureusement un arrière-goût amer. La raison est toute simple : ces populations meurtries qui sont toujours sous l’emprise des djihadistes ont besoin d’être libérées. À quand cette solution indispensable de la part des autorités après plusieurs autres solutions qui n’ont pas produits les résultats escomptés ?

 

La campagne agricole écoulée a été marquée par de grandes difficultés dans certaines zones de l’Office du Niger. Ces difficultés ont pour noms l’insuffisance des quantités d’engrais subventionnés accordés aux paysans, des inondations de champs et de villages, l’insécurité avec son corollaire de morts et l’impossibilité pour certains paysans d’accéder à leurs champs et des incendies criminels qui ont ravagés des champs.
Pour ces raisons, la Direction générale de l’Office du Niger a pris la bonne initiative d’exempter les producteurs des zones concernées du paiement de la redevance eau.
Cette décision salutaire vient à point nommé, car les populations ne savent plus à quel saint se vouer. Pendant plusieurs mois, elles sont assiégées par les terroristes (cas de Farabougou). Ces terroristes sans foi ni loi ont empêché les paysans d’accéder à leurs champs en pleine campagne agricole. Pire, beaucoup de champs ont été réduits en cendre suite à des incendies criminels provoqués par les nouveaux maitres des lieux.
L’intervention des FAMa pour éviter le chaos n’a pas produits les résultats escomptés puisque les terroristes sont toujours présents dans les localités. Aujourd’hui, la préoccupation majeure des populations est que leurs localités soient purement et simplement libérées.
Cette présence des terroristes qui empêchent les populations de vaquer à leurs occupations est une honte et une humiliation nationale. La situation n’a que trop duré. Les autorités nationales et les partenaires internationaux sont interpellés à mettre à trouver une solution définitive. Les populations souffrent le calvaire et à Bamako on n’a tendance à oublier ce qui se passe dans ces parties du pays situées à quelques centaines de kilomètres de la capitale. Au fur et à mesure que la situation perdure, elle devient tristement banale et passe inaperçue.
Après la visite du Vice-président de la Transition à Farabougou et l’acheminement des vivres et des produits médicaux, les autorités doivent déclencher une opération d’envergure pour chasser ces occupants indésirables des négociations qui ont tendance à s’éterniser. Tant que les populations seront empêchées d’entreprendre leurs activités, tout appui à leur endroit ne sera que du saupoudrage.
C’est dire que les visites de soutien, les appuis alimentaires et médicaux et la renonciation au paiement de la redevance eau sont salutaires. Mais la réalité est que ces initiatives ne permettront jamais de mettre fin à la souffrance de ces populations tant qu’elles seront assiégées.

PAR MODIBO KONE

Source : INFO-MATIN