Beaucoup de gens préfèrent attendre la veille de la fête pour faire leurs achats, parce qu’ils ne disposent pas de place pour garder leurs béliers à la maison. En plus, nourrir les bêtes pendant plusieurs jours est coûteux

La fête de Tabaski est symbolisée par le sacrifice du bélier qui se trouve au cœur d’un business timide, cette année du moins, pour ce qui concerne le cas de la ville de Sikasso, la capitale de la 3è région. Pas besoin d’être surdoué en marketing pour savoir que les affaires présentent des complications à Sikasso sur les marchés à bétail. « Approchez-vous, venez acheter du mouton, c’est de la qualité », c’est la formule de publicité qu’Ibrahim Dicko n’arrête pas de scander depuis des heures au marché à bétail de Médine. « Je vous jure qu’il n’y a pas d’affluence cette année. Les clients ne font que demander les prix et ils passent », affirme-t-il. Lui qui se rappelle encore de la Tabaski passée, où, il a fait de bonnes affaires. « L’année passée, je pouvais vendre 10 moutons par jour, or cette année, je peine même à vendre deux par semaine », se lamente-t-il. Par ailleurs, Dicko ajoute qu’il exerce ce métier depuis plus de 20 ans. Il collecte les moutons dans les localités comme Kouoro barrage, Kléla, Bambougou, etc. Le prix de ses moutons, constitués de la race ovine prisée communément appelée bali bali et de saga sourouni, varie entre 60 000 Fcfa et 170 000 Fcfa.


Certains clients expliquent l’affluence timide par le fait qu’ils n’ont pas d’endroit pour garder le bélier. « Personnellement, je manque d’espace adéquat pour garder mon mouton, c’est pourquoi je tarde à l’acheter », avance Ousmane N’Diaye, l’un des clients de M. Dicko. Il invite les commerçants à réduire les prix afin de permettre à tous les musulmans de sacrifier le bélier. Egalement commerçant de bétail dans le marché de Médine, le ressortissant de Zangasso, Amidou Coulibaly, se plaint de l’insécurité de son point de vente. « La nuit, nous sommes contraints de monter la garde pour nous prémunir des vols d’animaux. Si tu dors, on te vole », révèle-t-il. Rappelant que l’année passée, les bandits ont volé près d’un million de Fcfa dans la poche de son voisin. Amidou Coulibaly soulignera l’augmentation du prix du fourrage (de 400 Fcfa la botte l’année passée, elle passe à 1000 Fcfa cette année), du manque d’eau (nous sommes obligés d’aller chercher de l’eau à quelque km du marché pour donner à boire aux moutons). S’y ajoute le paiement journalier de 50 Fcfa par tête de mouton à la mairie.
Au marché à bétail de Bougoula hameau, l’intermédiaire, Alassane Sangaré, se plaint de la « dureté du temps ». « Les clients n’affluent pas, car ils n’ont pas d’argent. Vraiment, la situation nous dépasse», martèle-t-il. Avant d’affirmer que la situation les affecte énormément, car ils n’arrivent pas à se faire des sous pour la Tabaski. Près du Centre de santé communautaire (CSCOM) du quartier Wayerma II, se trouve le point de vente des moutons d’Alassane Traoré. Il soutient qu’il pratique le métier à chaque veille de Tabaski et cela depuis 8 ans. « Auparavant, je pouvais vendre 20 moutons par semaine, mais, actuellement je n’arrive même pas à vendre un seul mouton », précise-t-il incriminant les intermédiaires qui augmentent très souvent le prix des moutons.« Les moutons coûtent très chers, je suis en train de sillonner les points de vente afin de pouvoir acheter au prix qui me convient », nous explique Oumar Diarra, un client qui ne cesse de contempler les moutons d’Alassane Traoré. Toutefois, les commerçants se plaignent du manque d’affluence dans les marchés tandis que les clients déplorent la hausse du prix des moutons.
Mariam F. DIABATÉ

Source: L’Essor- Mali