Des jeunes lycéens se serviront du slam pour parler  de paix et de cohésion sociale au Mali à la faveur d’une grande compétition, prévue ce samedi 8 février, au Magic Cinéma de Bamako.  

 

Qui dit slam, dit public et scène. Aujourd’hui, cet art oral gagne du terrain du fait de sa vocation consistant à défendre la cause des sans-voix et à dénoncer les tares de la société. Au Mali, la situation reste dominée, entre autres, par les conflits qui sont source de violences mettant à mal la cohésion sociale et menaçant l’avenir même des enfants, privés d’éducation dans divers endroits du pays. Tout cela vient s’ajouter à la corruption, à l’étalage insolent du chômage, etc.

Le groupe féminin de slam Maralinké, soutenu par le projet Donko Ni Maaya, organise une compétition pour faire entendre la voix des jeunes slameurs sur la paix, le vivre ensemble et la cohésion sociale au Mali. Il s’agit, selon ce groupe composé de trois slameuses (Aminata Bamby Konaté, Mally Keïta et Mariam Koïta), d’ouvrir l’esprit à des jeunes sur l’importance de la paix pour une société malienne plus stable, et véhiculer des messages forts contre l’extrémisme violent. « Le projet de Maralinké répondait bien aux objectifs du projet Donko ni Maaya, qui est de donner la parole aux jeunes à travers la culture afin qu’ils puissent participer au développement de leur société. Nous pensons que les jeunes ont un rôle important à jouer dans le renforcement de la cohésion sociale et la paix», explique Magali Moussa coordinatrice  du projet Donko Ni Maaya.

Adhésion des élèves

Cette compétition regroupera dix-huit jeunes, filles et garçons, issus de différents lycées des six communes du district de Bamako. « La jeunesse étant la relève de demain, elle doit aussi s’exprimer, et le meilleur moyen pour nous de lui donner la parole est le slam », fait remarquer Aminata Bamby Keïta, alias « Wesh la slameuse » de Maralinké. De fait, Maralinké est formé à partir de la fusion des noms de deux groupes ethniques du Mali : Maraka (« Soninké ») et Malinké.

Sous le thème « Nos mots contre les maux du Mali », cette compétition de slam scolaire est un moyen d’expression pour la jeunesse. Au-delà de son caractère divertissant, la compétition donnera la parole à une jeunesse très peu ou même pas écoutée. « Les jeunes aussi peuvent proposer des solutions aux autorités étant donné qu’ils sont souvent les plus touchés par les crises», ajoute Mally Keïta du groupe Maralinké.

Dans les lycées qui doivent competir, l’initiative a recueilli l’adhésion des élèves. « Nous avons aussi envie de nous exprimer, de donner notre point de vue sur notre société. Nous voulons la paix et la réconciliation et nous ne voulons plus voir le sang couler. Nous avons aussi des solutions à proposer», lance Diarafa Soukouna, élève en terminale sciences exactes au lycée Notre Dame du Niger, à Bamako. « Notre seul espoir est que la voix de la paix soit plus forte au Mali», ajoute Alioune Badara Coulibaly, élève en terminale langues et littérature au lycée Lanterne.

Les élèves à l’école du slam

La plus part des 18 jeunes qui participeront à cette compétition n’ont jamais fait du slam. Or, ils auront un public à toucher avec leurs « mots contre les maux du Mali ». C’est pourquoi, tous les candidats ont été initiés aux techniques d’écriture du slam pendant un mois à travers des modules. Ils ont notamment été formés sur la prise de parole en public, l’occupation scénique et la composition des rimes.

Bambo Sissoko, directeur des études au Complexe scolaire Mali Univers, estime qu’en plus d’être un espace d’expression cette initiative contribuera également à la formation des élèves participants en termes d’enseignement pédagogique. « Le slam, dit-il, forme moderne de poésie qui allie écriture, oralité et expression scénique, complète nos enseignements en français et permet aux slameurs de maitriser l’écriture en prose et en vers.»

Source : benbere