Au Mali, on a coutume de dire que les 80% voire 90% des tensions intercommunautaires sont la conséquence de mauvaises décisions d’ordre Administratif ou judiciaire. Hormis, le centre et septentrion où ces tensions sont d’une autre nature, l’adage est vrai pour le reste du pays. Et la petite bourgade de Talokoto, à environ 30 km de Manantali vient d’être touchée par le phénomène.

En effet, Talokoto, bien avant l’avènement de la colonisation, était un hameau de culture du village de Toumboudito (ancien canton de Kolama, Arrondissement/ Commune de Oualia, cercle de Bafoulabé). Suite au déplacement des villages du terroir du Bafing voisin avec la construction du barrage de Manantali, des ressortissants de Keniékenieko (Bafing) ont demandé l’autorisation de s’installer à Talokoto pour y cultiver et subvenir aux besoins de leurs familles.

Cette demande a été acceptée par le chef du village de Toumboudito, détenteur du droit coutumier sur la zone de Talokoto, car dans la tradition malinké « on ne refuse pas la terre à quelqu’un qui cherche sa nourriture’’. Des années ont passée, Manantali est devenu un grand centre.  L’axe Manantali –Kita-Bamako est  très fréquentée. Talokoto et ses environs sont très riches en espèces ligneuses (nous sommes dans la savane arborée). Autant d’atouts qui ont favorisé la migration des populations allogènes (Peulh de Konkodougou- kenieba, bamanan de Bougouni) spécialisées dans la coupe du bois et l’exploitation du charbon. Cette activité est devenue si florissante, que ceux là qui avaient demandé la terre pour cultiver ont purement abandonné cette pratique. Désormais ils vivent des ristournes issues de l’exploitation du bois. Et, pour avoir les mains totalement libres, ils obtiennent, en complicité avec le Maire de Djokeli, l’érection du hameau en village rattaché à la Commune de Djokèli. Cette décision a été prise par le Préfet de Bafoulabe, sans que, le village mère(Toumboudito), ni même ses ressortissants à Talokoto ne soient consultés.

Autre fait gravissime, la Commune de Djokeli n’est même pas contigüe au terroir de Talokoto ; il faut traverser la Commune de Bamafélé pour y accéder.

Notons également que dans cette affaire, le droit coutumier, partie intégrante du droit positif malien, n’a pas été respecté. Ainsi, des populations qui ont toujours vécu en parfaite harmonie, avec des liens de toute nature, sont désormais dos à dos.

Face à la situation qui prévaut, le chef de village de Toumboudito élargi à ceux de l’ancien canton de Kolama et aux ressortissants de Kolama à l’extérieur demandent  aux autorités administratives, de trouver une issue rapide à ce problème, c’est-à-dire le rattachement de Talokoto à la Commune de Oualia, car tout le terroir de Kolama relève de l’Arrondissement de Oualia. La décentralisation est faite pour alléger les difficultés des populations et non les alourdir. Sa mise en œuvre correcte dépend du comportement des responsables communaux  aujourd’hui plus tournés vers le gain facile, que le travail bien fait. C’est temps-ci, nous constatons que certains maires ont commencé à gouter aux délices de la prison.  A bon entendeur salut !

 Seydou Diarra

 

Source carrefour