Certains candidats au voyage, en quête du certificat de test Covid-19, reprochent à l’Institut national de santé publique une mauvaise
organisation et la lenteur dans l’obtention des résultats. Mais la direction générale de l’établissement s’inscrit en faux contre ces accusations.

L’obtention du certificat de test Covid-19 pour les voyageurs serait-elle devenue un parcours du combattant ? En tout cas, la pilule est parfois amère à faire passer chez certains voyageurs en quête de ce précieux sésame. Ceux-ci s’indignent du guichet unique mis en place au niveau de l’Institut national de santé publique (INSP). Ils s’accommodent mal de l’organisation interne de cet établissement pour assurer les prélèvements et de la lenteur dans le rendu des résultats. Ils portent des accusations avec tellement d’assurance et de précisions que nous avons jugé bon de procéder à des vérifications.

Il est utile de rappeler que, désormais, ceux qui veulent voyager vers d’autres pays africains ou d’ailleurs sont contraints de se munir d’un certificat de test Covid-19. Le précieux sésame n’est obtenu qu’au niveau de l’INSP. Celui qui est en quête de certificat Covid-19 doit payer 35.000 Fcfa pour réaliser le test. Il y a, aujourd’hui, une certaine polémique autour de la question.

Dr Boubacar Traoré, médecin conseil de nombreuses entreprises dans notre pays, s’inquiète de l’aboutissement de ce projet parce qu’il estime que les choses ne se font pas dans les règles de l’art. Il explique s’être rendu, samedi dernier à l’INSP, en compagnie de six personnes, dont un enfant d’un an pour réaliser le test Covid-19 en vue d’un voyage à effectuer. Il reproche à l’INSP une organisation interne qui ne permet pas de fluidifier les prélèvements. Notre témoin dit être arrivé sur les lieux aux environs de 7 heures avec son groupe.

«Un travailleur de l’établissement nous a distribués des numéros par ordre d’arrivée. Malheureusement, il y avait une telle pagaille qu’on s’est retrouvé avec des doublons et il était difficile de démêler tout ça», indique Dr Boubacar Traoré.

Autre grief contre l’INSP : la lenteur dans le rendu des résultats mais surtout une insuffisance de communication. Notre interlocuteur cite un exemple précis. Il a été clairement dit que les enfants de 0 à 5 ans ne paient pas. La direction générale de l’INSP nous confirmera cette information.

«Au moment de retirer le résultat du bébé d’un an qui était dans le groupe, certains agents ont exigé que nous payions», accuse Dr Traoré qui explique ne pas comprendre cette attitude des agents qui travaillent au niveau de l’unité de retrait des résultats. En outre, les voyageurs déplorent l’insuffisance du nombre d’équipes de prélèvements.

Nous avons approché le directeur général de l’INSP et coordinateur national de la lutte contre la pandémie du coronavirus, Pr Akory Ag Iknane, pour avoir les informations utiles ou les précisions nécessaires. Il s’inscrit en faux contre certaines allégations faites, mais reconnaît qu’au début, il y a eu des balbutiements avec l’affluence. Mais puisque lui-même ambitionne de s’engager dans une amélioration continue, il a déjà déployé des efforts dans ce sens avec la mise en place de six équipes de prélèvements, depuis dimanche, contre une seule équipe samedi. Ce qui a apporté de la fluidité, dont nous pouvons attester parce qu’au passage de notre équipe de reportage, la liste des candidats à l’attente pouvait contenir sur un ticket de métro.

Le directeur de l’INSP explique aussi que des affiches indiquent les horaires de prélèvements. Malgré tout, certains tiennent à se faire prélever au-delà de ce timing et avoir les résultats dans l’immédiat.
Dans une telle situation, lui et ses agents accomplissent un immense effort de sensibilisation pour amener la personne à comprendre que cela n’est pas négociable. Les résultats sont toujours délivrés le lendemain du prélèvement avec la date du jour de retrait.

Pr Akory Ag Iknane explique le processus. Lorsque les candidats au voyage par voie aérienne sont prélevés au niveau des narines ou de la bouche (les salives), les échantillons sont acheminés au niveau du laboratoire de l’INSP qui dispose de trois machines PCR (une technique qui permet de chercher le virus). Il faut 6 heures pour avoir les résultats. Le retard dans le rendu des résultats se justifie aussi par le fait que l’établissement cumule les échantillons prélevés avant de mettre les trois PCR en marche. Pr Akory souligne qu’il n’est même pas normal de mettre toutes les machines en marche ensemble.

«On devrait garder une en réserve au cas où, il y aurait une panne technique dans une machine». Pour ce qui concerne les tickets distribués par ordre d’arrivée, il ne croit pas à l’existence des doublons à ce niveau. À ceux qui reprochent à son établissement de faire de ces tests Covid-19, un fonds de commerce, il leur oppose simplement le Règlement sanitaire international (RSI) qui exige qu’il y ait un guichet unique pour plus de fiabilité et de sécurité.

Le responsable de l’INSP s’empresse de préciser que les cas suspects qui sont prélevés au niveau des centres de santé de référence (Csref) ou des établissements hospitaliers sont analysés gratuitement au niveau de l’INSP et de trois autres laboratoires, notamment le Laboratoire de biologie moléculaire (LBMA), le Laboratoire du Centre Mérieux et celui du Centre universitaire de recherche clinique (UCRC). Le directeur de l’INSP informe aussi que les gens au laboratoire travaillent jusqu’à une heure indue puisqu’ils sont bien motivés. Ils perçoivent 15.000 Fcfa par jour. Il confirme que les enfants de 0 à 5 ans ne paient pas le moindre kopeck.

Il est important que l’INSP fasse de gros efforts de communication sur la question pour éviter des polémiques. Mais il est surtout essentiel pour les voyageurs de s’y prendre un peu tôt, c’est-à-dire de faire le test 48 heures avant le voyage afin de disposer de certificat Covid-19 et d’éviter les désagréments.

Bréhima DOUMBIA

Source: Journal l’Essor-Mali