L’arrivée de l’Internet a favorisé le développement des réseaux sociaux. Ceux-ci ont contribué à la dégradation de nos mœurs. Il est fréquent de voir des images insolites publiés sur ces réseaux, de voir des propos désobligeants utilisés contre un haut responsable ou un dignitaire religieux.

La dernière gaffe qui a failli créer un incident diplomatique est celle de l’ancien directeur de communication de la présidence de la République, notre confrère Tiégoum Boubèye Maïga. Exprès ou pas ? C’est encore les réseaux sociaux qui ont servi de relai.

De ces relais, des tas d’immondices sont maquillés. De ces tas, nous sortons de l’encens envoûtant. Pour cela, il suffit d’avoir une tablette ou un téléphone Android et quelques mégas pour faire ses prises et ses pirouettes. Avec quelques “j’aime”, on s’autoproclame activiste et on tire des boulets rouges sur tout ce qui bouge.

Avec le titre d’activiste, la passe est trouvée. Des informations classées “secret” qui vous sont communiquées sont balancées sur la toile pour faire mal à un camp. La connexion avec un camp vous pousse à aller plus loin et souvent maladroitement et même au détriment de la nation.

Ha l’Internet ! Ha les réseaux sociaux !

Avec un clavier, un écran et quelques mégas, on joue la musique à fond pour encenser les amis et ennuyeux les ennemis. C’est ça aussi la communication de nos jours. Les spécialistes sont mis de côtés. Les services sont ignorés. Et l’arme fatale est confiée à des oisifs qui ont pour mission d’entacher l’image de la bête noire. Et après, on s’offusque que la communication ne marche pas. Derrière chaque fuite, se cache une main invisible.

Le mouvement des troupes, le déplacement des patrouilles, l’itinéraire des convois et l’heure de départ sont communiqués. La moindre prouesse de l’armée est mise sur la toile et souvent avec les images de cadavres. Nous devons reconnaître avec l’autre que “le tapage est digne d’une cacophonie, faute de symphonie et d’harmonie”. On ne va pas à la guerre en battant le tam-tam. Cela est révolu. On ne traque pas l’ennemi invisible avec des clinquants. On ne gagne pas la guerre asymétrique en klaxonnant.

En temps de crise, la meilleure stratégie de communication se déploie avant la crise. Dans les écoles de communication, on enseigne qu’entre la communication active et celle proactive, seule la seconde est utile en temps de crise. En période de crise, la toile ne doit pas être un espace de désordre où chacun vient dévoiler sa haine et son égo.

En faisant cela, nous sommes tous coupables et nous ne devons pas s’étonner que notre crise perdure. Dans la mesure où, c’est sur la toile que nous avons décidé d’étaler dans les moindres détails tous les secrets. Le courrier confidentiel n’est confidentiel que de nom. Le secret défense n’existe pas. Le secret d’Etat aussi. Il est devenu un tas d’immondice et le renseignement est entre les mains des grandes dames du salon. Sur la toile, nous sommes indiscrets.

La faute de toutes ces bavures incombe à l’Etat. Même si on a tenté de rectifier le tir par l’adoption d’une loi sur la cybercriminalité. Combien de loi sont votées ? Sont-elles appliquées ? La loi n’est-elle pas tardive ? Dans la mesure où c’est l’Etat qui s’est sali en recrutant les activistes qui ont fait déborder le vase jusqu’à offenser des magistrats ? On ne doit pas dédommager certains pour leurs fautes et sanctionner d’autres ou museler certains et laisser d’autres aboyer.

L’Etat doit veiller à ce qu’une information juste soit distillée. Il doit combattre la désinformation, l’intoxication et la désinformation des faits. Pour cela, nous devons communiquer autrement en mettant l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.

                                                                                          

Moussa Sidibé

Source: Aujourd’hui-Mali