Le Mali gagne une place dans le classement annuel établi par le département d’Etat américain dans son rapport sur la traite des personnes (TIP) de 2019. De la Catégorie 3, il vient dans la Catégorie 2. En dépit des efforts qui ont valu ce résultat, le gouvernement malien est accusé de passivité contre le groupe armé, le GATIA, qui exploiterait des enfants comme des soldats. Pour y mettre fin, le gouvernement doit arrêter de soutenir les groupes armés qui recrutent et utilisent illégalement des enfants.

Chaque année, le département d’Etat américain élabore un rapport d’évaluation du respect de la personne, de la dignité humaine dans tous les pays et de la lutte contre la traite de la personne. Les Etats sont évalués et notés de la Catégorie 1 à la Catégorie 4. Ainsi, les pays placés dans la Catégorie 1 sont ceux qui ont les meilleures approches de la lutte contre la traite de la personne et dans la Catégorie 4, sont logés ceux qui trainent encore le pas. Dans le classement, le Mali gagne une place en quittant la Catégorie 3 pour la Catégorie 2.

« Le gouvernement du Mali ne se conforme pas pleinement aux normes minimales pour l’élimination de la traite des personnes, mais il fait des efforts importants dans ce sens. Dans l’ensemble, il a intensifié ses efforts par rapport à la période visée par le précédent rapport ; le Mali a donc été placé dans la catégorie supérieure, la catégorie 2 », indique le rapport annuel du département d’Etat américain.

Ce résultat se justifie par des efforts qui ont été consentis par le gouvernement malien. Pèle mêle, rappelle le document, les poursuites dans les affaires de traite, la formation des responsables des services de répression et les dirigeants communautaires, l’adoption d’un Plan d’action national de lutte contre la traite des personnes 2018-2022.

Ces actions restent importantes dans la lutte contre la traite des personnes, mais pas suffisantes parce qu’il a encore beaucoup de choses à faire. « Les pouvoirs publics n’ont pas fait d’efforts pour lutter contre le recrutement frauduleux de ressortissants maliens à l’étranger, et les inspecteurs du travail ne disposaient toujours pas de la capacité ou des ressources suffisantes pour réglementer le secteur informel, où se produisait la plupart des affaires de travail forcé. Il n’a déployé aucun effort pour réduire la demande de commerce du sexe ou de travail forcé », relève le texte.

Outre ces insuffisances dans la lutte contre la traite de la personne, le gouvernement continue de fermer les yeux sur certaines violations venant notamment de certains groupes en dépit des dénonciations.

« Le gouvernement n’a pas satisfait aux normes minimales dans plusieurs domaines clés. Le gouvernement a continué de soutenir le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), groupe armé non gouvernemental dirigé par un général malien qui recrutait et utilisait des enfants soldats, et à collaborer avec lui », affirme le rapport. Ce groupe est accusé d’avoir recruté et utilisé 22 enfants par le passé.

Il n’y a pas que ce cas déplorable. « Le gouvernement n’a pas enquêté sur des personnes, notamment des responsables publics, soupçonnées de s’être rendus coupables de recrutement d’enfants soldats ni fait d’efforts pour empêcher les groupes armés d’en recruter ou d’en utiliser », précise le rapport.

Au-delà des observations, le rapport formule également des recommandations aux Etats. Ainsi, le document du département d’Etat américain demande aux autorités maliennes d’arrêter de soutenir les groupes armés qui recrutent et utilisent illégalement des enfants, et tenir pour responsables au pénal tout fonctionnaire de l’État complice de recrutement d’enfants soldats. Egalement, dans le cadre du processus de paix, dialoguer avec les groupes armés non gouvernementaux pour mettre un terme au recrutement et à l’usage d’enfants.

Jean JACQUES 

Source: Azalaï-Express