La circulation routière à Bamako connaît un embouteillage hors du commun. Pour se frayer un chemin dans ce magma de tacots, il importe d’avoir les nerfs tenaces. Et un peu plus de carburant à prévoir. Un jeune chauffeur de taxi a appris la leçon à ses dépens. A la descente du pont (lequel) vendredi après-midi, son vieux taxi s’éteint.

 

Des passants lui prirent en pitié et lui vinrent en aide. Ils ont beau poussé le véhicule, le moteur ne redémarre pas. Plutôt normal, c’était une panne sèche. Pas une goutte de gasoil dans le réservoir de cette bagnole des années 88. Les 2.000 Fcfa de carburant que le chauffeur avait pris à la station est déjà siroté par le moteur agonisant.

Les usagers s’impatient. Les klaxons ont vite attiré l’attention des policiers. Un gros souci supplémentaire pour notre taximan. Lui qui transpirait déjà à grosses gouttes. Arrivés, les agents ont réclamé et obtenu les papiers du véhicule de transport. Seul Dieu sait comment les policiers et le chauffeur régleront le contentieux !

Les deux compères n’ont pas de secret l’un pour l’autre. Un chauffeur de taxi et un policier sont des presque-cousins, dit-on. Ils arrivent toujours, en effet, par la magie de leur flexibilité, à trouver un terrain d’entente, même au travers d’un échange de bons procédés.

BOUCHON MONSTRE
Pourquoi ce bouchon monstre est perceptible partout ? Les dépenses de la fête de Tabaski qui arrive expulsent les chefs de famille de leurs maisons. Ceux qui travaillent dans les bureaux ont aussi investi la ville. Pour certains, il faut chercher de l’argent. Pour d’autres, le défi est de trouver un bélier digne de ce nom avec un modeste budget. Qui ne tente rien n’a rien. Les plus prévoyants ont déjà acquis la bête. A prix d’or bien des fois. L’animal est probablement attaché devant la porte, dans la cour ou même à l’arrière-cour sous bonne garde.Pour tous ces cas de figure, le chef de famille se voit contraint de sortir pour arrondir les angles. La pression est plus forte lorsque, fièrement, le voisin expose son bélier devant sa porte. Les enfants ne se font pas de cadeau si toutefois le père d’un d’entre eux ne parvient pas à acheter un mouton à immoler le jour de la fête.

Il y a aussi ceux qui sortent pour le voyage. Jeunes en général, ils sont très nombreux à se jeter dans la circulation pour rejoindre une compagnie de transport. Fêter en famille, manger avec les parents un morceau de viande de mouton, est un rendez-vous annuel pour ceux dont les villes ou villages sont désenclavés.

A cette forte affluence dans la circulation routière, il faut ajouter la dégradation des routes par les eaux diluviennes. « Nous avons l’impression que tous les usagers de la route sont sortis au même moment. Avec les pluies incessantes et le mauvais comportent des chauffeurs, on ne sait plus quoi faire », siffle un conducteur de berline japonaise.

« Pour arriver au centre-ville, il m’a fallu plus de deux heures », ajoute un usager qui travaille sur la rive droite de la capitale. « On a pas le choix », lance-t-il, fataliste.

Heureusement, certains policiers assurent correctement le service. Des images réjouissantes ont circulé sur la toile montrant des barbouzes réguler la circulation en dépit des averses. « La plupart des feux tricolores sont cassés lors des manifestations. Nous sommes obligés de nous grouiller pour faciliter la circulation et limiter les accidents au niveau des carrefours », indique un policier posté à un carrefour sur l’Avenue de l’OUA.

Ahmadou CISSE

Source : L’ESSOR