Dans le cadre de la campagne d’information et de sensibilisation sur la migration et les opportunités d’emplois, une mission conjointe est arrivée le vendredi 06 avril à Yélimané.

La délégation est conduite par plusieurs conseillers techniques des Ministères de l’emploi et de la formation professionnelle et du Ministère des Maliens de l’Extérieur. La délégation comprend également les responsables de l’APEJ, du FAFPA, du PROCEJ et de l’EJOM.

Le Sous-préfet a insisté sur la démarche participative du projet et la lutte contre toutes les forces de migration irrégulière.

A l’entame de la séance, le maire de la commune rurale de Guidimé Yélimané et le Sous Préfet central ont souhaité la bienvenue à la délégation conjointe et une bonne séance d’information.

Dans son intervention M. Ibrahima Mahamane Touré, représentant le Président du CNJ Mali a salué les initiatives prises par les plus hautes autorités pour freiner la migration irrégulière en donnant des opportunités d’emplois pour 8600 jeunes hommes et femmes. Il a invité les jeunes à rester ici pour construire le Mali.

Le Ministère des maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine est à sa 3è séance de sensibilisation à Yélimané dont 15 000 ressortissants sont des migrants à travers tous les continents. Le Gouvernement du Mali a déjà élaboré une politique nationale de la migration et une politique nationale de l’emploi. Sur les dix projets pilotés pour réduire la migration cinq sont opérationnels dans la région de Kayes. D’autres dispositifs ont exposés aux populations du cercle par les responsables des structures d’exécution.

La politique nationale de la migration est un ambitieux projet de 120 milliards Fcfa qui s’articule autour de deux volets essentiels : la gestion des migrations dans le cadre des normes internationales et la volonté de mettre en lien la migration et le développement. Il s’agit alors de mettre en œuvre tout un ensemble de mécanismes pour favoriser l’investissement de la diaspora et organiser la migration légale. Cet instrument de politique analyse la migration sous tous ses aspects et assigne des objectifs, des actions pertinentes pour positiver le phénomène en améliorant ses effets et impacts favorables et en réduisant ses aspects négatifs.

Elle consiste à assurer la protection et la sécurisation des migrants et les membres de leurs familles en veillant au respect de leurs droits et devoirs, en favorisant leur accès à un travail décent et à une bonne couverture sociale. Elle permettra également de mobiliser et valoriser les apports de la diaspora pour réduire la pauvreté et soutenir le développement national. Bref la PONAM envisage de faire de notre pays un carrefour ouest-africain de concertation et de dialogue sur les migrations.

Même si la pauvreté est mise en avant comme une raison fondamentale de la migration irrégulière, force est de reconnaître que dans le contexte actuel, elle est surtout liée au fait culturel chez les Soninkés par exemple. Les principales causes s’expliquent également par une combinaison de facteurs comme les contraintes consécutives aux actions anthropiques (dégradation des ressources naturelles, aléas climatiques, démographie etc.) A celles-ci s’ajoute l’insuffisance des opportunités d’insertion et de développement local. Ainsi, le contexte actuel de la migration exige de nouvelles réponses, ajoutera-t-il.

Une place de choix est réservée à la communication de proximité pour un changement de comportements en mettant à leur disposition l’information et les outils (textes et fiches, traduits en langues nationales) sur les réalités de la migration clandestine. Puis l’Etat identifiera les opportunités d’investissements qui seront appuyées dans le cadre de la mise en œuvre de la politique nationale. Aujourd’hui, les autorités, à travers la PONAM, ambitionnent également d’aménager les cours d’eau dans les localités de départ pour occuper les jeunes pendant toute l’année. En plus, l’accent sera mis sur la promotion des activités comme l’élevage et l’installation des unités de transformation agricole dans ces zones. Pour une bonne réussite de ces activités, la formation des jeunes sera en ligne de mire du gouvernement. Des centres de formation et d’apprentissage des métiers, comme la mécanique, la menuiserie, seront ouverts aux jeunes. La construction d’infrastructures routières créera des emplois qui pourront également retenir les jeunes candidats à l’émigration. Le gouvernement envisage aussi de mettre en valeur des ressources naturelles existant dans ces territoires, précisera le conseiller technique.

Ainsi en 2014, le gouvernement a facilité le rapatriement de milliers de Maliens de la République centrafricaine et près de 800 personnes de la Libye. En 2015, près de 600 personnes de la Guinée Equatoriale, du Gabon, du Cameroun et quelques dizaines venus des pays européens. Dans tous ces cas, le ministère des Maliens de l’extérieur a joué un rôle fondamental pour permettre un retour dans la dignité de nos compatriotes. La problématique du retour s’est davantage complexifiée avec les récents événements survenus dans les régions nord du Mali qui ont engendré des déplacements massifs de populations vers les pays voisins, le district de Bamako, les régions du centre et du sud. Ces déplacements massifs ont posé de nombreux problèmes d’intégration sociale et de réinsertion professionnelle. La gestion de cette situation a exigé de l’Etat, des collectivités territoriales et de leurs partenaires (PTF, société civile), la mobilisation d’importants moyens logistiques et financiers.

Potentiel de la diaspora. Ainsi depuis 2007, l’Etat et ses partenaires ont mis plus de 3 milliards de Fcfa dans la réinsertion des migrants de retour. Les Maliens rapatriés de la Côte d’Ivoire ont bénéficié de l’appui de l’Etat, le projet CIGEM a accompagné des centaines de jeunes en formation et en équipements. Dans le cadre de la PONAM, plus de 7 milliards de Fcfa sont prévus pour la réinsertion des migrants de retour.

Autre programme important qui fait également partie des grands projets de société du Chef de l’Etat : la réalisation de la Banque et de la Maison des Maliens de l’extérieur. Ces deux structures expriment l’intérêt que les autorités accordent à notre diaspora.

La diaspora malienne dispose de capacités assez diversifiées que le pays ambitionne de valoriser et de mobiliser au service du développement national, a-t-il souligné. Ces capacités concernent principalement le transfert de compétences techniques et scientifiques et la mobilisation des investissements et des ressources financières. La Banque des Maliens de l’extérieur permettra d’aider les expatriés à investir dans les secteurs d’activités d’envergure pour la création d’emplois. Contrairement aux banques classiques, l’idée est de permettre aux Maliens de l’extérieur d’avoir accès aux crédits à un taux plus bas. A travers cette structure financière, l’Etat compte orienter l’apport financier de la diaspora malienne estimé à près de 500 milliards Fcfa vers les investissements productifs.

Aujourd’hui, une prise de conscience s’impose chez les jeunes et leurs parents pour abandonner la migration clandestine. « Nous devons comprendre que nous ne sommes pas les plus pauvres du monde et chacun doit jouer son rôle.

Les drames causés par le phénomène et les conditions économiques difficiles dans les pays d’accueil prouvent que la migration clandestine n’est pas une alternative crédible pour nos jeunes.

Au cours de la séance de pleine séance, les participants ont reçu l’information selon laquelle un jeune ressortissant de Kayes a été interpellé le matin en Algérie. Pour sa libération, les autorités ont exigé de sa famille le paiement de l’équivalent de 50 000 FCFA. Un montant que le Directeur de l’APEJ a remis à la famille.

Le cadre institutionnel comporte un ministère de plein exercice en charge de l’emploi et de la formation professionnelle avec des services centraux et personnalisés comme la direction nationale de l’emploi, la direction nationale de la formation professionnelle, l’Agence nationale pour l’emploi, l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes, la direction des ressources humaines, le Fonds d’appui à la formation professionnelle par l’apprentissage (FAFPA). A ces structures s’ajoutent celles qui ont été créées en 2014 comme l’Institut national d’ingénierie de formation professionnelle (INIFORP) et l’Observatoire national de l’emploi et de la formation (ONEF).

Des mécanismes nationaux de financement de la formation professionnelle et de promotion de l’emploi ont été également mis en place. Il s’agit de la Taxe de formation professionnelle, la Taxe emploi jeune et le Fonds auto renouvelable pour l’emploi. Aussi, les entreprises, les organisations et les associations professionnelles et consulaires interviennent pour le paiement de la contrepartie des bénéficiaires et participent également aux organes de gestion des structures publiques de formation professionnelle.

Cette cartographie du dispositif institutionnel suscite donc l’espoir chez les jeunes. Un regard rétrospectif permet d’évaluer leur impact sur la politique de création d’emploi dans notre pays.

Les exposés ont porté sur les projets OIM (financement de projets individuels ou collectifs) qui seront bientôt ouverts à Kayes. Un exposé a également porté sur les financements du co-développement (MMEIA) de 15 à 30 millions. Le montant de ce projet est de plus de 5 milliards fcfa.

Un autre exposé a porté sur le projet EJOM (l’Emploi des jeunes créée des opportunités ici au Mali). Ce projet est exécuté par UCCO, Waste, SNV et l’APEJ.

Le Projet EJOM (l’Emploi des Jeunes crée des opportunités ici au Mali) a déjà sélectionné 2400 jeunes à former dans les régions de Kayes, Koulikoro, Gao et le District de Bamako.

Le Projet EJOM s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la migration irrégulière. Il est financé par l’Union Européenne afin de contribuer à stimuler le développement économique et la stabilité sociale en créant des opportunités d’emploi pour 8620 jeunes à travers le développement des chaines de valeur horticoles, la gestion des déchets, l’agro-alimentaire et l’artisanat utilitaire dans les région de Kayes, Koulikoro, Gao et dans le District de Bamako. Le Projet EJOM concerne les jeunes de 18 à 40 ans. La séance a pris fin par les débats.

La rédaction