Après un premier report en 2018 pour cause du « climat social assez tendu », les opérations de démolitions des constructions illicites se trouvant dans la zone aéroportuaire du Mali ont démarré finalement aujourd’hui jeudi 14 janvier. C’est une volonté politique exprimée au plus sommet de l’Etat et soutenue notamment par le Président de la transition, Bah N’Daw. C’est une opération audacieuse en ce sens qu’elle concerne des centaines de constructions appartenant à des particuliers.

En effet, depuis plus d’une dizaine d’années, l’Etat du Mali fait face à un incivisme criard et profond du fait de certains élus municipaux, d’agents de l’Etat et de certains citoyens. Leurs proies privilégiées c’est le domaine public de l’Etat. Lequel est morcelé allègrement par des maires, des préfets et des sous-préfets souvent même des gouverneurs en violation des dispositions réglementaires. Les bénéficiaires de ces parcelles n’ont pas d’autres noms : ce sont des occupants illicites.
Aujourd’hui, le domaine aéroportuaire classé suivant le Décret n°99-25/P-RM du 15 septembre 1999 portant classement d’une parcelle de terrain à usage d’emprise aéroportuaire d’une superficie de 7194 hectares fait l’objet de lotissement et d’occupations illicites. En 1995, l’Etat avait déjà fait une démolition dans la zone aéroportuaire. Les occupants d’alors ont été indemnisés.
Avec le temps, les occupations illicites ont atteint une telle ampleur que l’Aéroport est menacé de retrait de sa licence par les autorités de l’aviation civile internationale.
Ce retrait, s’il intervenait priverait notre pays de vols internationaux et contraindrait pour ce faire nos voyageurs à utiliser les aéroports des pays voisins.
Le caractère irrégulier des occupants n’est à démontrer si on fait au rapport de l’Inspection des Domaines et des Affaires Foncières qui a mis en exergue l’ampleur des occupations illicites.

L’accord du Président de la transition
C’est ainsi que, le Président de la Transition a réagi, par une lettre confidentielle n°073/PRM du 12 octobre 2020 en instruisant de procéder à la démolition des occupations illicites. Aussi, les services en charge de l’urbanisme disposent déjà des constats administratifs sur l’irrégularité des occupants et les menaces qu’elles représentent pour l’aéroport. C’est ce qui avait motivé le Gouverneur du District de Bamako à prendre un ordre de démolition le 21 mars 2018. Il s’en était suivi un programme de démolition des constructions illicites initié par les ministères en charge des transports et des domaines.
Avec toutes ces garanties, une consultation a été organisée par l’ANAC à la suite de laquelle l’entreprise Africa Construction Corporation a été sélectionnée pour la démolition effective des constructions illicites dans le secteur dit zone prioritaire pour un montant total de 320 888 628 F CFA. Il a été proposé de commencer par cette zone très proche de la piste de l’aéroport. Elle a une superficie de 1660 hectares.
La date du 28 mai 2020 avait été retenue pour la démolition des constructions illicites. Toutefois, à la veille de l’opération, le Premier ministre, par une instruction verbale, a ordonné de surseoir à l’opération. Cela a été confirmé par une lettre N°2020-0499/PM-CAB du 29 mai 2020. L’argument avancé était le « climat social assez tendu ». L’entreprise avait déjà engagée des frais pour un montant de 44 000 000 F CFA. Elle n’a toujours pas été désintéressée pour ce montant.
Depuis cette décision, il est constaté l’accélération des constructions nouvelles sur le site. Toute chose qui justifie la nécessité de reprendre ces opérations comme l’a instruit le Président de la transition.
La Commission chargée de superviser les opérations de démolition s’est réunie plusieurs fois et a retenu comme nouvelle date de démolition des constructions illicites le jeudi 14 janvier 2021 dans le secteur dit prioritaire dont le financement est acquis. L’opération qui commence par cette zone va continuer sur les zones de trouée Est et Ouest. Les opérations de recensement et d’évaluation sont en cours.
Youssouf Diallo

Source:  La lettre du Peuple