Les Maliens ont découvert les arts martiaux pendant la période coloniale, à travers le judo. Tout a commencé avec cette discipline d’origine japonaise qui a grandi au fil du temps des années et donné naissance à toutes les autres fédérations d’arts martiaux

 

Connaissez-vous la première discipline d’arts martiaux qui a fait son apparition Mali ?  C’est le judo qui est d’origine japonaise et qui a été créé en 1882 en tant que pédagogie physique, mentale et morale par Jigoro Kano. Le judo est généralement catégorisé comme un art martial moderne, qui a par la suite évolué en sport de combat et en sport olympique. Sa caractéristique la plus proéminente est son élément compétitif, dont l’objectif est, soit de projeter, soit d’amener l’adversaire au sol, et de l’immobiliser (technique de maîtrise), ou de l’obliger à abandonner à l’aide de clés articulaires et d’étranglements. Les frappes et coups à main nue ainsi que les armes font aussi partie du judo, mais seulement sous la forme pré-arrangée (kata) et ne sont pas autorisées en judo de compétition, ni en pratique libre (randori). Le lieu où l’on pratique le judo s’appelle le dojo qui signifie lieu d’étude de la voie.

Selon nos sources, le judo a fait son apparition au Mali pendant la période coloniale et deux ans seulement après l’accession de notre pays à l’indépendance, c’est-à-dire en 1962, la Fédération malienne de judo et disciplines associées a été portée sur les fonts baptismaux. Disciplines assimilées signifie d’autres arts martiaux, comme le karaté, le taekwondo, l’aïkido.

Autrement dit, toutes ces disciplines trouvent leur origine dans le judo qui permettra au Mali de remporter sa première médaille d’or, dès les premiers Jeux africains de Brazzaville. C’était en 1965 et le «héros» national avait pour nom feu Lamine Touré qui a été sacré dans la catégorie des -78 kg. Lors de ces mêmes  jeux, l’athlète Namakoro Niaré s’est également illustré, en remportant la médaille d’or au lancer de disque, alors que l’équipe nationale de football a décroché la médaille d’argent. «Les arts martiaux maliens ont été connus, à travers  Lamine Touré, Reymond Coulibaly et autres. L’art martial, c’est la maîtrise de soi. C’est ce qui fait la beauté des arts martiaux, c’est le fait qu’ils enseignent avant tout la non violence.

On n’apprend pas les arts martiaux pour aller se battre avec des gens», souligne le président de la Fédération malienne de judo, Mamadou Traoré «Amadou». Après le sacre de Lamine Touré, décédée le 6 septembre 2015, il a fallu attendre 2007, soit 42 années pour voir les arts martiaux maliens refaire surface sur l’échiquier international, avec la victoire du combattant de taekwondo Daba Modibo Keïta au Championnat du monde des lourds. Deux ans plus tard, le colosse Daba Modibo Keïta remettra ça, en se hissant, à nouveau sur le toit du monde (2009). Jusqu’à ce jour, aucun athlète africain n’a réussi une telle performance, c’est-à-dire, remporter deux titres mondiaux dans une discipline d’art martial.

NAISSANCE D’AUTRES FEDERATIONS-à partir de 1993, soit vingt-huit ans après les Jeux africains de Brazzaville, d’autres fédérations d’arts martiaux verront le jour dans notre pays, dont la Fédération malienne de taekwondo (FEMAT), la Fédération malienne de karaté (FMK), la Fédération malienne d’aïkido (FEMA), la Fédération malienne de kung-fu wushu (FMKW).  Pour le président de la FEMAT, Maître Alioune Badara Traoré, ceinture noire, 7è dan, la création de ces fédérations était attendue pour la simple raison, explique-t-il, «les arts martiaux ont beaucoup évolué au Mali».

«Aujourd’hui, il y a une vingtaine de disciplines d’arts martiaux qui se pratique au Mali. Toutes ces disciplines se terminent par la formule do qui veut dire esprit. Donc à la base, c’est le travail de l’esprit qui accompagne le corps ou c’est le corps qui accompagne le travail de l’esprit, c’est pratiquement indissociable. Certaines disciplines sont plus basées sur la technique de défense, comme l’aïkido qui s’appuie spécifiquement sur la force de l’adversaire pour le contrer, alors que d’autres, comme le taekwondo sont dominées par des coups de pied. Au karaté, au wado ryu ou au shotokan, c’est la prédominance de coup de poing», précise Maître Alioune Badara Traoré, avant d’indiquer qu’il y a 20.000 licenciés de taekwondo au Mali.

Au départ, la FEMAT s’appelait Union malienne de taekwondo qui a été créée en 1976 et dont le président fut Maître Amadou Keïta. «Après les événements de mars 1991, le ministère a décidé de mettre en place des fédérations au lieu de faire une fédération de judo et disciplines associées et chaque fédération devait s’occuper du développement  de son art. C’est ainsi que la Fédération malienne de taekwondo a été créée en 1994, avec à sa tête feu Boubacar Diouf», a complété l’actuel patron du taekwondo malien, Maître Alioune Badara Traoré.

La Fédération malienne de karaté, elle a été créée un an avant la FEMAT, révèle son président, Maître Adama Mariko, ceinture noire 8e dan. Pour lui, il y a une grande différence entre les arts martiaux. «Les gens pensent que tous ceux qui portent du blanc, tapent du pied et poussent un cri sont des karatékas. Il y a une différence entre les arts martiaux. Le karaté, l’aïkido, le yoseikan budo, le judo sont des disciplines d’origine japonaise, le taekwondo est coréen, alors que le kung fu vient de la Chine. Quant au sambo, c’est la Russie, alors que le voviman viet vo dao vient du Vietnam.

Le yoseikan budo est la seule discipline qui pratique les quatre formes de combat, c’est-à-dire, le combat à distance, le combat rapproché, le corps-à-corps et le combat au sol. Les arts martiaux sont partagés entre les pays d’Asie», explique Maître Adama Mariko.  Et de poursuivre : «Aussi, il y a une différence entre les tenues. La tenue du karaté s’appelle le kimono, tandis que celle du taekwondo est le dobok. Les gens ne remarquent pas la différence, parce que toutes les deux sont de couleur blanche barrée d’une ceinture». Selon notre interlocuteur le premier professeur de karaté du Mali est le Français, Maître Réné Canwel et la discipline a vu le jour dans notre pays dans une salle de judo. «La pratique des arts martiaux, en tant que sport, est un moyen d’épanouissement, de développement du corps et de l’esprit.

Les arts martiaux cultivent une certaine quiétude, une certaine tranquillité avec soi-même. On peut aussi évoquer la maintenance du corps en tant que personne humaine, l’équilibre entre le physique et le mental. Tout le monde peut faire le karaté, d’abord pour la santé, ensuite pour le maintien et l’équilibre du corps et l’auto-défense».

Contrairement à Maître Adama Traoré, le président de la Fédération malienne de kung fu wushu, Drissa Coulibaly pense que tous les arts martiaux sont les mêmes mais, avec des origines différentes. «Le kung fu est un art martial chinois, le karaté et le judo sont japonais, le taekwondo est coréen. Aujourd’hui, il y a  8773 licenciés de kung-fu wushu, toutes catégories confondues», indique Drissa Coulibaly. Pour lui, le nombre de pratiquants d’arts martiaux augmente chaque année au Mali et cela signifie clairement que notre pays fait partie des meilleurs du continent.

Boubacar KANTÉ

L’Essor