Le démarrage du championnat national de football ligue 1 Orange du Mali a été reporté sine die. Le ministre des sports a demandé au comité de normalisation (Conor) de le surseoir jusqu’à l’élection d’un nouveau bureau à la tête de la Fémafoot.

Mauvaise nouvelle pour les férus du ballon rond. Le démarrage du championnat, initialement prévu pour ce mois-ci, a été reporté jusqu’à nouvel ordre. Dans un communiqué, Jean Claude Sidibé, ministre des Sports, invite le Comité de normalisation de la fédération malienne de football de «surseoir au démarrage du championnat jusqu’à la mise en place du bureau fédéral».

«Nulles et sans effets»

Le Tribunal arbitral du sport, dans sa sentence du 15 novembre, ordonne au Conor d’organiser une assemblée générale ordinaire (AGO) de la Fémafoot sur la base de la liste des membres convoqués pour l’AGO du 10 janvier 2015. Selon l’instance suprême de juridiction du sport mondial, toutes les décisions prises après cette date sont «nulles et sans effets». C’est sur la base de cette décision que le Conor a dévoilé la liste des clubs devant participer à la compétition. C’est-à-dire, les mêmes qui jouaient en ligue 1 en 2015. Certaines équipes comme LCBA, USC Kita, US Bougouni, Black Star, qui évoluaient jusque-là parmi l’élite, retourneront en division inférieure.

La sentence du TAS sera appliquée

Approché, le ministre Sidibé estime que ce n’est pas une ingérence du gouvernement. D’un ton circonspect, il indique avoir peur des troubles dans le pays. «On ne peut faire descendre huit équipes sans qu’il y ait des contestations, d’autant que le football constitue la seule activité dans ces localités», argumente-t-il.

Ces équipes, affirme-t-il, ont mis des années avant d’accéder en première division. Comme alternative, le ministre propose au Conor de laisser l’organisation du championnat au bureau qui sera élu lors de l’assemblée générale ordinaire de la Fémafoot. Celui-ci, investi du plein pouvoir, pourrait en décider.

Selon le ministre Sidibé, la sentence du TAS parle de droit de vote et sera appliquée à l’élection. Il indique n’avoir aucune préférence parmi  les candidats et est prêt à travailler avec le président qui sera élu. Toutefois, Maître Jean Claude Sidibé invite le futur vainqueur à tendre la main au vaincu, seul gage pour lui de sortie de crise.

L’immixtion du ministre des Sports

Pour la énième fois, le report du démarrage du championnat n’est pas du goût de tous les acteurs du ballon rond. L’intervention du ministre Sidibé déchaîne les passions surtout sur les réseaux sociaux. Chacun y va de son interprétation en fonction de sa sensibilité. Pour les uns, le patron du département des Sports est dans son rôle. Ils estiment que la mission du Conor n’est pas d’organiser le championnat. Pour d’autres, au contraire, il s’agit bien d’une ingérence.

«Dans sa feuille de route, le comité de normalisation doit gérer les affaires courantes. Et l’organisation du championnat en est un. Et prendre l’insécurité comme prétexte ne saurait prospérer» analysent-ils. Ils accusent Me Jean Claude Sidibé de prendre parti pour un camp au détriment d’un autre. Ils en veulent pour preuve l’appartenance d’un protagoniste de la crise et du ministre au même club.

Dans un communiqué, le collectif des clubs, ligues et associations majoritaires de la fédération malienne de football, «dénonce avec véhémence l’immixtion du ministre des Sports dans les affaires du football et condamne avec la dernière rigueur la volonté du ministre des Sports d’empêcher le Conor de mener à bien le processus de normalisation du football malien». Pour les responsables du collectif, c’est pour des raisons partisanes que le ministre Sidibé a demandé au Conor de surseoir à l’organisation du championnat déjà programmé.

Après trois ans sans championnat national, la CAF s’impatiente et presse le Mali d’organiser un championnat pour avoir des représentants en compétitions africaines des clubs. L’instance dirigeante du football africain a demandé à tous les pays de finir avec leur championnat au plus tard le 31 mai. Alors, le temps nous est compté !

Abdrahamane Sissoko

Source: Le Wagadou