Il s’en est fallu de peu. Le Mali était à une demi-heure de la disqualification. Mais, heureusement, il n’en a rien été. Les Aigles participeront donc bien à cette première CAN à 24 sur les terres égyptiennes. Pour son entrée en lice, le Mali rencontrera un néophyte dans la course à ce trophée, la Mauritanie, le 24 juin, avant quatre jours plus tard de défier la Tunisie dans le match des jeunes générations et des Aigles (24 ans de moyenne d’âge pour les Aigles de Carthage contre 24,3 pour le Mali). La sélection clôtura sa phase de groupe par un dernier match à Ismaïlia face à l’Angola, sélection contre laquelle, neuf ans plus tôt, le Mali avait réussi une improbable remontada, revenant de 0 – 4 à 4 – 4 en 15 minutes.

 

Présentée par certains observateurs comme l’une des équipes avec le plus de potentiel, le Mali a impressionné lors des éliminatoires. En tête de son groupe de qualification avec 14 points pris sur 16 possibles, 0 défaite, 10 buts marqués et 2 encaissés, l’équipe entrainée par Mohamed Magassouba, également DTN, a fait montre d’une grande solidité défensive. Solidité qu’il lui serait bien indiqué de retrouver à quelques jours de son premier match à la CAN. À sa nomination, en 2017, Magassouba s’était fixé comme objectif de mettre fin à la « saignée défensive » de l’équipe, face à une sélection psychologiquement marquée par une lourde défaite (6 – 0) au Maroc. S’en sont suivi huit matchs où le Mali n’a encaissé que deux buts et concédé aucune défaite, juste avant de débuter sa préparation en vue de la CAN. Depuis, deux défaites (contre le Sénégal et l’Algérie), un match nul contre le Cameroun et surtout six buts encaissés lors de ces trois matchs. Est-ce pour autant la fin de l’état de grâce ? Pas si sûr. Si le timing de ses contre-performances est indéniablement fâcheux, le sélectionneur et les joueurs ont quelques jours pour mettre à profit les enseignements de ces matchs et rectifier le tir.

Meilleure gestion des périodes

Ces trois dernières rencontres du Mali auront mis en lumière un fait : la très mauvaise gestion des périodes. Les moments « clutch » comme on le dirait en NBA.  La trame de ces trois matchs a été la même : le Mali qui ouvre le score avant de se faire reprendre vers la toute fin d’une des deux périodes du match et de chuter. Un problème sur lequel il urge de se pencher selon Bréhima Diakité, journaliste sportif. « Le sélectionneur devrait vite corriger cela, car nos adversaires risquent de jouer là-dessus », conseille-t-il. Dimanche 16 juin, pour son dernier match de préparation contre l’Algérie, le Mali a mené deux fois au score, mais a fini par céder et par s’incliner 3 – 2, sur un but marqué dans les dix dernières minutes. À l’issue du match, le sélectionneur algérien s’est dit satisfait du résultat contre une « équipe qui a développé des automatismes et un jeu plaisant ». « Sur l’ensemble du match, nous avons été beaucoup plus dangereux et, en concrétisant quelques occasions, nous aurions pu finir avec un score plus large », a-t-il ajouté. La rencontre se disputant à huis clos et sans images, difficile d’apporter une contre-analyse. Toutefois, à en croire le sélectionneur algérien, les Aigles ont concédé plusieurs occasions. « Le sélectionneur est encore à la recherche de la bonne formule. Il a essayé différentes associations en défense centrale et je suis sûr qu’il trouvera la bonne avant le deuxième match à la CAN de la sélection », estime Soumaila Diarra, secrétaire général de l’Union nationale des anciens footballeurs du Mali et ancien international.  Face au Sénégal, c’est la paire Boubacar « Kiki » Kouyaté – Mamadou Fofana, qui avait été alignée. Contre les champions en titre camerounais, Fofana cédait sa place dans l’axe à Molla Wague et face aux Fennecs le dernier cité tenait la charnière avec Fofana.

Jeune génération, grandes ambitions

La génération dorée des Kanouté, Diarra « Djila », Keita, Sissoko… a cédé le terrain à une jeunesse dorée. Une jeunesse conquérante, pleine d’envie, de fougue et de talent. Rarement ces dernières années le Mali aura eu autant de talents dans sa sélection. Pour la plupart éléments clés dans leurs différents clubs, les Aigles avancent avec confiance et certitude. Celles d’avoir disputé de grandes compétitions, affronté les meilleurs, engrangé de l’expérience. Seul l’état de forme de Djigui Diarra, pourtant bon gardien, peut poser question. La faute à un manque de compétition dû à l’arrêt du championnat au Mali depuis deux ans. Même orpheline d’Yves Bissouma, qui a dû renoncer à la compétition pour cause de blessure à l’épaule, l’équipe compte en son sein de nombreux atouts. Indispensable élément de la formation messine championne de Ligue 2 française cette saison, Mamadou Fofana est une valeur sûre. Mais c’est au milieu et sur les ailes que la sélection est la mieux armée. L’ancien très bon duo des Red Bull de Salzbourg Diadié Samassekou et Amadou Haidara pourra exprimer sa complicité et sa science du jeu si le sélectionneur décidait de les aligner ensemble. Pour mieux faire étalage de son talent, la paire pourrait bénéficier de l’apport en sentinelle du très combattif Lassana Coulibaly, dont les qualités ont séduit son coach, Steven Gerrard. « Nous sommes une jeune équipe composée de bons joueurs. Le coach est en train de réaliser un bon travail. Lors de cette compétition, notre objectif sera d’aller le plus loin possible, en toute humilité. Ce ne sera pas facile, mais la CAN réserve toujours des surprises », a affirmé Samassekou. Sur les côtés, un problème de riche se pose à Magassouba. Moussa Doumbia, Moussa Djénepo, AdamaTraoré « Malouda » ou même Haidara, qui peut jouer sur une aile. Véloces et percutantes, les déflagrations sur les côtés devraient provoquer d’importantes secousses dans les défenses adverses. L’attaque sera, sauf grande surprise, conduite par Moussa Maréga. Décisif et très influent avec son club, l’attaquant peine encore à aligner les mêmes statistiques avec le Mali. Interrogé sur la question en mars 2019, le sélectionneur avançait l’état des pelouses africaines et des coéquipiers différents en sélection pour expliquer la panne du buteur. L’équation à résoudre rapidement reste à savoir qui peut être associé à Marega pour bonifier son jeu. Abdoulaye Diaby en second attaquant, l’excellent Sékou Koita en soutien ou encore AdamaTraoré « Noss » en numéro 10 pour essayer d’abreuver l’attaque en bons ballons.

Du talent, mais pas favori

Le Mali a des atouts, c’est indéniable, pour faire une belle CAN, mais l’équipe ne sera pas favorite. Le sélectionneur Magassouba, auprès de Cafonline, a assuré que parler d’un sacre en Égypte serait prématuré. Mais « on ne va pas à une compétition pour simplement faire de la figuration », a-t-il prévenu. « Les sélections qui ont de la grinta (envie) sont celles qui peuvent nous poser le plus de problèmes. Nous avons la technique et le physique, donc les moyens de rivaliser avec les équipes qui ont le même profil, mais les sélections avec de la hargne seront les plus compliquées pour les Aigles », analyse Soumaila Diarra. L’Égypte, sur ses terres, emmenée par Mohamed Salah, sera naturellement l’une des favorites de la compétition. Ce statut de grand favori, les Pharaons le partagent avec les Lions du Sénégal, première Nation africaine au classement FIFA et qui compte dans ses rangs Sadio Mané et Kalidou Koulibaly, entre autres.

Journal du mali