Contre toute attente, la Fifa a décidé, avec la complicité de la CAF, d’installer un Comité de Normalisation au Mali (CONOR). La décision est tombée le 20 décembre dernier à la suite d’une correspondance dont le contenu ne résiste à aucun argumentaire réglementaire. Une grande première pour l’organe faitière du football mondial qui fera jurisprudence.

Il y aura bel et bien un Comité de Normalisation (CONOR) pour gérer le football malien et élire un nouveau Comité exécutif en 110 jours (3 mois et 20 jours). La nouvelle qui était pendante depuis quelques semaines est tombée le mercredi 20 décembre 2017.

Les incongruités de la Fifa

Enfin dans sa correspondance à la Femafoot, la Fifa manque de professionnalisme,  de sérieux et d’attention en commettant une faute matérielle par rapport aux dates d’installations du CONOR au Mali : « Le comité de normalisation se composera d’un nombre opportun de membres qui seront désignés par une mission conjointe de la Fifa et de la CAF prévue les 9-10 janvier 2017 »

La caution de la CAF

La Femafoot est un enjeu de taille pour l’actuel président de la CAF,  le Malgache, Ahmad Ahmad qui n’a bénéficié de la voie du Mali lors de son élection à la CAF. Après le départ du président Boubacar Baba Diarra qui ne s’est plus représenté à sa propre  succession, la CAF d’Ahmad Ahmad a infiltré la sphère footballistique malien à travers une malienne du nom de Mariam Diakité. Cette belle dame est de la pré-carré très fermé du président de la CAF. En complicité avec le ministre malien des  sports d’alors Ousseyni Amion Guindo, la CAF a fait de Mariam Diakité  son pion pour basculer le nouveau comité exécutif de la Femafoot dans son camp. C’est dans cette optique que la Mariam Daikité s’est retrouvée sur la liste du candidat Salaha Baby. Ce dernier,  frondeur de la Femafoot depuis janvier 2015, est un protégé du ministre, Amion Guindo. La guerre était donc ouverte contre le candidat de la majorité  Mamoutou Touré que l’autre camp qualifiait de protégé d’Amadou Diakité, ancien membre du comité exécutif de la CAF et très proche de l’ancien président Issa Hayatou. Le mobile du crime est donc trouvé pour le président Ahmad Ahmad d’abattre Bavieux Touré. L’on sait qu’Ahmad Ahmad voue une haine viscérale contre le Camerounais Issa Hayatou.   On se rappelle de ces propos d’Ahmad Ahmad en août 2017 a Ouadougaou (Burkina Faso) en marge de la finale de la Coupe du Faso : « Même avec 4 équipes, le Cameroun ne sera pas capable d’organiser la CAN 2019….L’ancien président de la CAF avait promis de me soutenir lors de mon élection, mais depuis il ne m’avait jamais appelé au téléphone pour me donner son point sur tel ou tel problème. Pire, ces proches ne cessent de me critiquer dans la presse… »  

La Mafia est démantelée

Le réseau mafieux composé du ministre Ousseyni Amion Guindo, de la malienne de la CAF  Mariam Diakité, du président de la CAF Ahmad et de certains cadre de la Fifa vient d’être démasqué. On sait que Mariam Diakité qui est aux petits soins d’Ahmad Ahmad a beaucoup pesé dans l’installation du CONOR Au Mali. Depuis quelques semaines, l’ancien ministre des Sports du Mali Ousseyni Amion Guindo ‘’Poulo’’ et son directeur national des Sports Ibrahim Fomba anticipaient   la nomination d’un CONOR au Mali. Poulô et Fomba ont officiellement démontré qu’ils étaient en connivence avec le président, Ahmad Ahmad  « Ahmad Ahmad a décidé de travailler désormais directement avec les gouvernements. Il est en phase avec le ministre Poulô pour l’installation du CONOR au Mali », avait lâché Ibrahim Fomba à la presse le 5 décembre dernier. Il avait même juré que la décision d’installation du CONOR   a été prise la veille et que son ministre Poulô avait déjà reçu la correspondance. C’est dire que le scenario était bien ficelé entre le ministre Poulô et Ahmad Ahmad à travers la belle dame Mariam Diakité. Cette jeune dame qui est méconnue du milieu sportif malien vient de contribuer à la déstabilisation du football malien. Son mentor Ahmad Ahmad lui est toujours dans la logique de la vengeance contre Issa Hayatou. Il veut faire élire à la tête du football malien une personne à sa solde. Pour une question électorale, Ahmad Ahmad compose  avec le politique pour arriver à ses fins. Le masque est tombé le lundi 1er janvier 2018 avec une correspondance d’Ahmad Ahmad adressée au ministre  des sports Ousseyni Amion Guindo. Dans ladite lettre (lire en encadré), Ahmad invite le ministre Guindo au Gala CAF Aiteo Awards prévue le 4 janvier à Accra (Ghana). Avec tous frais à la charge de CAF. Hélas ! Le plan machiavélique a échoué. Parce que Poulô n’est plus le ministre des sports du Mali. Toute chose qui l’empêche de répondre à l’invitation de la CAF avec le statut de ministre des Sports. Dans tout ce jeu, c’est Ahmad Ahmad qui surprend. Lui qui a été la première victime du politique selon ses propres mots « J’ai été élu par deux fois président de la fédération de football de mon pays en 2003. Par deux fois on a cassé mon élection mais je me suis battu avec l’aide de la Fifa pour récupérer mon fauteuil… il faut que le politique   reste en dehors  de la gestion quotidienne des affaires du football ». C’est ce même Ahmad,  aujourd’hui président  de la CAF,  qui essaie d’ignorer les présidents des associations nationales et composer directement avec les gouvernements a travers les ministres des sports.

Par ailleurs, on a du mal à comprendre la volte-face  de Veron Mosengo Omba chargé des associations d’Afrique et des Caraïbes et représentant de la Fifa aux assises de la Fifa en octobre 2017. Que dire de l’administration de la Fifa à travers la correspondance de sa secrétaire générale, Fatma Samoura,  pour l’installation d’un comité de normalisation au Mali? Il a été prouvé que Fatma Samoura et le ministre Ousseyni Amion Guindo se sont entretenus à Dakar en début décembre 2017 lors des obsèques de la mère de la Sénégalaise. L’on comprend alors la grande implication du ministre Guindo dans l’installation d’un CONOR au Mali. Toute chose qualifiée par la Fifa d’immixtion du politique dans la gestion du football.

L’imbroglio de l’installation du CONOR

Le cas du Mali est déjà une grosse épine dans le pied de la Fifa. L’installation du CONOR prévue les 9 et 10 janvier prochains   est très mal engagée. Le candidat élu Mamoutou Touré dit Bavieux et ses électeurs (39 sur 57) sont déjà en ordre de bataille. Pour rien au monde, cette large et écrasante majorité ne veut pas se laisser voler sa victoire. Il y a donc une sorte de radicalisation des délégués qui sont les mandataires pour sauvegarder leurs votes lors de l’élection que le CONOR organisera au plus tard le 30 avril 2018. Dans les coulisses, on apprend que la Fifa, la CAF et le ministre Amion Guindo avaient de gros soucis pour accorder leur position sur le choix du nombre du CONOR. Nos sources nous informent que la proposition par le ministre Guindo de Sidy Diallo (ancien président du comité provisoire déchu) comme président du CONOR  a été rejetée. D’autres personnalités proposées ont décliné l’offre. On peut citer entre autres, Hameye Founé Mahalmadane (Ancien ministre des sports sous la transition) Mahamadou Samake ‘’Sam Djema’’ (ancien président du Stade Malien de Bamako) Gaoussou Drabo (Journaliste,  membre de la HAC et ancien ministre de la communication).

C’est dire  que la Fifa et la CAF passent des nuits blanches pour l’imposition d’un comité de normalisation au football malien qui ne répond à aucun texte réglementaire. D’ailleurs certaines voix a l’intérieur de la Fifa et de la CAF n’ont jamais approuvé cette décision de la Fifa sur proposition de la CAF.

C’est en tout cas une brèche qui est ouverte pour le président de la Fifa Gianni Infantino et son protégé Ahmad Ahmad pour secouer et déstabiliser toutes les fédérations  qui n’ont pas voté lors de leur accession au pouvoir. Malheureusement c’est l’Afrique qui en pâtit.

Dans une correspondance (à lire in extenso en encadré) adressée à son homologue Malien, Ségui Kanté, la secrétaire générale de la Fifa, la Sénégalaise, Fatma Samoura,  informe de la nomination d’un Comité de Normalisation à la tête de la Femafoot après une élection controversée des 8 et 9 octobre derniers. “La Fédération malienne de football a tenu son assemblée générale ordinaire élective le 8 octobre 2017. Toutefois, malgré la présence d’une délégation de la FIFA et de la CAF, les élections n’ont pas pu avoir lieu en raison de litiges liés à la légitimité de certains délégués à l’assemblée. La situation s’est même dégradée au point que la délégation de la FIFA et de la CAF, après avoir en vain  tenté d’apaiser les esprits des parties impliquées,  a dû quitter les lieux. Le lendemain, 39 des 57 délégués à l’assemblée disposant du droit de vote se sont de nouveau réunis, dans un lieu différent, et ont élu monsieur Mamoutou Touré à l’unanimité. La délégation de la FIFA et de la CAF n’a pas été prévenue de cette réunion et n’était plus déjà sur place lors de sa tenue. Dans une lettre à la FIFA datée du 11 octobre, la Femafoot a indiqué que monsieur Touré était le nouveau président. La FIFA a reçu néanmoins diverses plaintes, notamment de la part de monsieur Salaha Baby, l’autre candidat à la présidence de la Femafoot au sujet d’irrégularités dans la procédure électorale” rappelle l’instance dirigeante du football mondial.

A la lecture de cette partie de la correspondance de la Fifa on tombe de nu. On se rappelle que lors de l’Assemblée General élective,  le représentant la Fifa Veron Mosengo Omba avait été clair. Pour lui, le congrès de la Femafoot avait été convenablement convoqué par qu’il respectait les articles 15 de la Fifa et 29 de la Femafoot. Veron est allé plus loin pour marteler  aux différents délégués que la Fifa n’était pas  un organe juridictionnel. C’est dire qu’il y a des voies de recours pour les plaignants au niveau national et international. Toute chose qui tranche avec la plainte du candidat malheureux Salaha Baby devant la Fifa. Une plainte d’ailleurs cautionnée par la Fifa. C’est donc difficilement compréhensible que la Fifa elle-même torpille ses propres textes.

Toujours dans sa correspondance du 20 décembre 2017, la Fifa explique que “Le 4 décembre 2017, la Commission des Associations membres de la FIFA a abordé la situation de la Femafoot. Elle a conclu, à la lumière des éléments susmentionnés, que les élections de la Femafoot ne pouvaient pas être reconnues et que la constitution du nouveau comité exécutif de la Femafoot était impossible. Dès lors, la Commission a recommandé au Bureau du Conseil la nomination d’un Comité de Normalisation de la Femafoot dont les termes du mandat et la durée seraient à définir par l’administration de la FIFA sur la  base des conclusions présentées par la mission d’évaluation”.

Et en conclusion, la FIFA qui estime que le CONOR est la solution définitive à la crise qui secoue le football malien depuis 2015 informe que  “Au vu de ces circonstances et conformément à la recommandation faite par la Commission des Associations membres le 4 décembre 2017, le Bureau du Conseil a décidé le 20 décembre de nommer un Comité de Normalisation pour la Femafoot.”

Là également,  la Fifa se mêle les pinceaux. L’organe mondial du football a-t-il les prérogatives de reconnaissance d’un bureau fédéral élu en assemblée générale ? La Fifa n’étant pas un organe juridictionnel a-t-elle le pouvoir de valider ou d’invalider un bureau fédéral élu en Assemblée générale ?

Nous répondons en disant : Non. Surtout que la Fifa ne s’appuie sur aucun article de ses statuts pour prendre sa décision de nomination d’un comté de normalisation au Mali. Pire, dans sa correspondance, la Fifa divague en évoquant les conclusions de sa mission d’inspection au Mali : “la légitimité des délégués de l’assemblée générale de la Femafoot en particulier ceux envoyés par les ligues régionales est largement contestée. La convocation électorale semble ainsi avoir été entachée d’irrégularités….La nouvelle convocation d’une assemblée générale du 9 octobre ne semble pas avoir été effectuée dans les règles. Plusieurs délégués n’ont apparemment pas été convoqués.”

                                                                                                   Baba Cissouma

Par Match