Suite à la suspension de la Fédération malienne de football par la Fifa, notre football continue sa descente aux enfers. La dissolution du Comité exécutif de la Fémafoot et la mise en place d’un comité de normalisation continuent de défrayer la chronique, la sanction de l’instance suprême du football agrémente les débats. Si la Fifa se mure dans un silence, le ministre Poulo et son comité provisoire s’agitent, en un moment où la Fémafoot  garde le profil bas. Alors question : dans cette affaire qui sera le dindon de la farce ?

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Cette question mérite d’être posée pour la simple raison que  la crise a atteint son paroxysme, au moment où l’on s’y attendait le moins. Et pour cause ! Le ministre des Sports, Housseïni Amion Guindo, a étalé sa partialité dans une affaire qu’il aurait pu gérer dès ses premières heures. Mais hélas, l’homme a manqué de discernement. Et les conséquences sont là : le Mali est suspendu par la Fifa, notre football est pris en otage. Et dès lors, nous assistons à une guerre de positionnement. Le comité de normalisation mis en place par le ministre des Sports est dans sa logique d’exécution de la feuille de route, c’est-à-dire la réunification de la famille du football, la normalisation du football à travers la reprise des compétitions et le rétablissement des liens avec les instances internationales, la professionnalisation du championnat, et l’audit administratif et financier de la Fédération malienne de football. Tout cela dans un délai de douze mois. Quel théâtre ! Et la question importante est la suivante : comment réussira-t-elle ?  Plus de la moitié des clubs de ligue 1, les clubs de deuxième division, les quatorze  équipes du football féminin, les arbitres, ont réaffirmé leur soutien indéfectible au C.E  dirigé par Boubacar Baba Diarra. Conscient de l’échec de ses missions, et  parallèlement à ses sorties médiatiques incendiaires, le président du comité de normalisation, Sidy Diallo, ne cesse de démarcher en douce certains membres du C.E, pour gagner leur sympathie et créer la confusion dans le C.E de la Fémafoot. Mais peine perdue ! Tous ceux  qu’il a contactés l’ont rejeté gentiment.

C’est à dire que chaque jour la crise du football malien prend des proportions démesurées.  Notre  sport roi plonge dans l’incertitude à cause de l’entêtement du premier responsable du département des Sports, lequel refuse de revenir  sur ses décisions de dissolution du Comité exécutif de la Fémafoot et de désignation d’un comité provisoire de normalisation.

Tous les regards sont désormais braqués sur les agissements du ministre des Sports et de son comité dit de normalisation, et surtout leur évolution dans un schéma de sortie de crise. Ils  continuent de dire à grande pompe sur les médias que des éminents avocats et magistrats du pays saisiront le Tribunal Arbitral de Sport (TAS) pour contraindre l’instance suprême du football international à revenir sur sa décision de suspension du Mali. En attendant d’avoir de la visibilité dans leurs actions, tout porte à croire que les choses s’annoncent véritablement compliquées.

Car, dans la pratique, la Fifa n’est jamais revenue sur une telle sanction consécutivement à une ingérence des pouvoirs publics. Elle est restée résolument respectueuse de ses principes. Des Etats tout aussi exemplaires que la France, le Nigéria  et le Bénin ont été obligés de revenir sur leur décision, évitant à leur pays  les méfaits d’une suspension affreuse et insupportable.

Plus particulièrement, selon les informations qui fuitent de Zurich (base de la Fifa), le président  Gianni Infantino aurait clairement exprimé son soutien personnel au président Boubacar Baba Diarra et à son comité exécutif et serait décidé à faire du cas malien un cas d’école, surtout au égard du comportement défiant du ministre malien des Sports. Il se trouve qu’à plusieurs reprises,  le ministre Housseïni Amion Guindo a  tenu des propos va-t-en-guerre à l’égard de la Fifa, à travers lesquels les responsables de la Fifa ont clairement décelé un acharnement de sa part contre l’équipe dirigeante de la Fémafoot, au profit d’une minorité active et de blocage. Le bout du tunnel s’annonce encore loin, le salut des amoureux du ballon rond au Mali semble uniquement lié à l’annulation des deux décisions controversées du ministre Poulo.

La Fifa s’emmure dans un silence et veut faire du Mali un cas d’école, le ministre des Sports, désemparé, s’entête toujours, pendant que son comité de normalisation s’agite et la Femafoot  garde le profil bas. Alors question : qui sera le dindon de la farce ?

Entre temps, pour occuper son calendrier  parce qu’il n’a rien à faire, le comité de normalisation multiplie  les  visites de courtoisie aux leaders religieux, à l’ancien président de la République, à l’Assemblée nationale, le tout sanctionné par une conférence de presse téléguidée. Quels sont les impacts de ces visites sur la crise et leurs missions ?                            A.B. HAÏDARA

Source: Aujourd’hui-Mali