« Le football dévient très dangereux quand il ne respecte pas l’Etat ». Cette assertion du ministre des Sports, Housseini Amion Guindo, suffit largement pour expliquer la dissolution du bureau exécutif de la Fédération malienne de football (Femafoot), dont le mandat prend fin en Octobre prochain. En effet, l’Etat finance le football au Mali et délègue une grande partie de son pouvoir à la Femafoot. Si cela dévient une affaire de tête ou d’intérêts personnels, il vaut mieux casser et recommencer sous une nouvelle formule.

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La dissolution de la Femafoot par le ministre des Sports, ce 08 Mars, est  perçue comme un coup d’Etat contre l’instance dirigeante. Dans le cadre du football, la Fédération internationale de football associations (FIFA) conteste toute  décision de dissolution ou d’ingérence de la politique, et menace de sanctionner le pays (Suspension de  toutes les activités concernant le football sur le plan international et non reconnaissance du bureau provisoire mis en place dans la foulée). C’est aussi le cas lors d’un coup d’Etat militaire : la communauté internationale hausse le ton et menace de mettre le pays sous embargo sous toutes ses formes.

Qu’est ce qui est à la base de la dissolution du bureau de la FEMAFOOT ?  

Plusieurs problèmes sont à la base de la détérioration du climat au sein du football malien, cela, depuis 2014. Le Président sortant est l’auteur de plusieurs malversations : « Division, mésentente, médisance, mensonge, calomnie, corruption, malversations, surfacturations, corruption, manipulation, haine inouïe, trahison, coups bas, pressions, népotisme, gabegie, entêtement, voilà autant de maux qui ont miné le règne du président de la fédération malienne de football, Boubacar Baba Diarra et non moins Inspecteur Général de Police du 08 octobre 2013 au 08 mars 2017 », selon le journal Mutation.

Tous ces maux n’ont fait que dégrader l’état de nos équipes nationales et de nos clubs : le Stade Malien de Bamako et l’AS Réal sont éliminés de la ligue des champions, la prestation des séniors a été catastrophique lors de la phase finale de la CAN 2017 au Gabon, les juniors aussi ont fait une très mauvaise prestation lors de leur CAN, en Zambie. Aussi, les Aigles séniors ont mal démarré les éliminatoires de la coupe du monde Russie 2018.

Comment se fait-il que les vices champions du monde cadets et champions d’Afrique de 2015 n’ont même pas pu gagner un match lors de la dernière coupe d’Afrique junior? Pourquoi, les Aigles ont-ils réussi à ne gagner un seul match avec une telle équipe ? A qui la faute ?

En tout cas, le Général Boubacar Baba Diarra et son clan ne roulaient que pour leurs intérêts personnels et non pour l’intérêt de la  nation malienne. Le désormais ex président de la FEMAFOOT, le Général Boubacar Baba Diarra,  se trouve en Ethiopie pour participer au congrès électif de la confédération africaine de football (CAF). Selon des sources bien introduites, tant que la Fifa n’a pas pris de sanction contre le Mali, la CAF ne reconnait que le bureau dirigé par le Général Diarra. C’est pourquoi, elle a envoyé l’invitation et le billet d’avion au bureau dirigé par le Général Diarra.

Quelques jours après son départ, le ministre des Sports, après dissolution de la FEMAFOOT, a mis en place un comité provisoire. Ce qui dénote que le Général perd  désormais son statut de premier dirigeant du football malien. A cet effet, a-t-il encore  la qualité  de siéger ou prendre des décisions au nom du Mali ?

De toute façon, la décision prise par le ministre des Sports, le 08 Mars dernier est juridiquement valide. Nous constatons aussi une démarche participative et une certaine patience de la part de Poulo dans la recherche de solutions idoines. Il faut également noter que l’opinion est acquise à sa cause tant la querelle de clocher aura miné le football malien. Le  gouvernement, dans sa totalité soutient sa  décision. Toutes choses qui prouvent à suffisance la posture d’homme d’Etat du ministre Housseini Amion Guindo et sa capacité à diriger sans arrogance.

Au Mali, il y a une expression qui cause généralement problème : le plein pouvoir. C’est pourquoi, quand le Docteur Cheick Modibo Diarra a été nommé Premier ministre avec pleins pouvoirs, pendant la transition, il avait  pensé que c’était lui qui devrait manager même le Président de la République. En ce qui concerne la Femafoot,  comme ses membres du bureau savent qu’ils jouissent généralement d’une gestion indépendante, c’est-à-dire, qu’ils ne rendent pas compte, ils se sont mis  aussi à gérer de façon à se rendre service.

Faut-il craindre une éventuelle sanction de la FIFA ?

Le ministre des Sports est sans équivoque : « La FIFA n’est pas au-dessus du Mali et elle est sujette  de droit. Le Mali est prêt à assumer toutes les conséquences de cette décision… Nous sommes prêts à mener une bataille d’un an et même de 10 ans, s’il le faut, pour défendre notre pays  », a-t-il martelé. Des propos qui rassurent et qui donnent  de l’espoir au peuple malien.

Le Mali a besoin d’homme de poigne comme M. Guindo pour faire avancer le pays tout entier. En tout cas, le coup est consommé. Il reste seulement à l’Etat de s’assumer. Aussi, ce qui rend historique cette décision du ministre Guindo, c’est que c’est une première fois dans l’histoire du football malien qu’un ministre des Sports dissout la le bureau de la Femafoot. Est-ce parce que les ministres précédents étaient mouillés avec les membres des bureaux précédents et actuels de la fédération ? Allez savoir !

Liste des membres du comité provisoire 

Le nouveau bureau du comité provisoire, mis en place par la Décision N°0012/MS-SG du 14 Mars 2017,  est composé de 19 membres et est dirigé par Sidy Diallo, membre du Comité National Olympique et Sportif du Mali. Il est suivi de : Amadou dit Baba Cissé, mouvement sportif ; Amadou Diarra Yalcouyé, Ministère des Sports ; Missa Dioma, Direction des Finances et du Matériel/ Ministère des Sports ; Amara Mallé Diallo, journaliste ORTM ; Me Abdrahamane Ben Manata Touré, Avocat ; Moussa Ben Deka Diabaté, Arbitre international ; Modibo Simbo Kéita, Magistrat ; Hamidou Albachar, Médecin ; Colonel Charles Moussa Diakité, Direction nationale du Sport militaire ; Madame Djénébou Sanogo, Mouvement sportif ; Ibrahim Thiam, ancien capitaine de l’équipe nationale ; Mohamed Salia Touré, Conseil national de la jeunesse du Mali ; Souleymane Bobo Tounkara, journaliste AMAP, Mahamadou Koné, Professeur de l’enseignement supérieur ; Me Magatte Assane Seye, Avocat, ancien bâtonnier ; Dioncounda Samabaly, comité des sages ; Gouro Sidi Aly Diallo, Sociologue ; Moustaph Maïga, journaliste sportif.

Enfin, le ministre des Sport a invité les acteurs du football à œuvrer ensemble pour la refondation du football malien dans la cohésion et dans la solidarité. Ainsi, tous les clubs, toutes les ligues et autres organisations sportives sont appelés à éteindre le feu et à regarder le Mali d’abord.

En matière de football, le Mali mérite mieux que ça.

Alfousseini Togo