Si rien n’est fait pour améliorer la gouvernance à l’Institut universitaire de gestion (IUG) et désamorcer la tension qui couve entre le directeur général, Badra Alou Macalou, et les travailleurs, l’établissement universitaire échappera difficilement à la paralysie. Et pour cause, les deux syndicats, après l’alerte sur la situation préoccupante de l’IUG, se préparent à un arrêt de travail illimité. Un préavis de grève de 48 heures a été déposé, dans ce sens, auprès du ministre du Travail, reconductible pour 72 heures et en illimitée, si les doléances n’étaient pas satisfaites.

Suite à l’assemblée générale unitaire du 14 mars dernier, les comités du Syndicat national de l’éducation et de la culture (SNEC) et celui de l’enseignement supérieur (SYNESUP) de l’IUG ont déposé un préavis de grève de 48 heures sur la table du ministre du Travail, de la fonction publique et des relations avec les institutions, ce lundi 18 mars 2019.

Si les points de revendication ne sont pas satisfaits, apprend-on auprès des responsables des deux comités syndicaux, la grève de 48 heures, reconductible, sans aucune autre forme de préavis, sera déclenchée, le 1er avril prochain.

Selon le secrétaire général du Comité syndical SNESUP, Moussa Keita, malgré le message très tranché à l’endroit du directeur Macalou, suite à l’assemblée générale unitaire du 14 mars 2019, ce dernier reste figé sur sa position.

«Toute chose qui justifie sa mauvaise foi et son mépris vis-à-vis des travailleurs et de l’avenir de l’IUG menacé », a-t-il déclaré.

Du côté du SNEC, dont nous avons pu joindre, hier mercredi, le secrétaire général, M. Aly Koné, par téléphone, c’est suite à une demande d’audience à lui adressée, depuis une semaine, que le DG a accepté de rencontrer hier (mardi, ndlr) son bureau. Face aux préoccupations qui lui avaient été adressées, le Dr Badra Alou Macalou a donné des réponses à son bureau, qu’il doit faire apprécier par sa base.

Toutefois, au moment où nous mettions sous presse, le SNEC également était dans la logique du préavis de grève, sauf avis contraire des militants.

Les deux comités syndicaux de l’IUG accusent le Dr Macalou de commanditer un blocage total de l’Institut à travers : le non-respect de l’organigramme de l’établissement et le transfèrement illégal des prérogatives des Chefs de DER à une administration parallèle créée à dessein ; la dégradation, ces deux dernières années, des conditions de travail du personnel enseignant et administratif de l’IUG, qui est visible à travers l’état de délabrement des conditions ergonomiques de la salle des professeurs et des salles de classe, la disparition des tables bancs, des chaises et des tables des enseignants, le manque d’entretien et le piteux état des salles informatiques ne permettant plus aux enseignants et aux étudiants de faire des cours pratiques au rabais ; l’ouverture, au nom de l’IUG, d’un compte bancaire parallèle à Orabank dans lequel séjournent les fonds de l’établissement moyennant un intérêt de 3 % versé au Directeur.

Malgré, le soit-transmis du Recteur de l’USSG et de l’Arrêté N° 2016-2082/MEF-SG du 15 juin 2016 fixant les règles d’ouverture, de clôture et de gestion des comptes bancaires publics, ledit compte parallèle reste opérationnel encore à ce jour, dénonce-t-on.

Il est également reproché au premier responsable de l’Institut, sa gestion opaque de l’argent généré par les tests d’entrée, les examens du DUT et les passerelles DUT-Licence ; la volonté délibérée et affichée du Directeur de fermer les cours à distance de l’IUG ; le blocage de tous les dossiers administratifs et financiers des enseignants pour montrer au nouveau bureau qu’il ne peut rien résoudre comme problème ; des agressions verbales de certains camarades ; son immixtion dans les affaires électorales et syndicales de l’IUG et enfin, la rupture totale du dialogue avec les comités syndicaux SNEC et SNESUP.

« De sa nomination en 2016 à aujourd’hui, soit au moins 3 ans, l’actuel Directeur de l’IUG, le Dr Badra Macalou, a réussi à détruire tout ce que ses prédécesseurs ont construit sur des dizaines d’années, déplorent les responsables syndicaux. L’IUG, l’un des fleurons de l’enseignement supérieur au Mali, est aujourd’hui dans un état de déliquescence totale », a tempêté Oualy Sissoko.

En plus du préavis de grève déposé, les syndicats et les travailleurs sont en train de prendre des dispositions pour saisir le Vérificateur général et le pool économique afin de faire un audit sur la gestion des fonds de l’IUG par le DG, nous a expliqué le secrétaire général du comité syndical SNESUP.

Par Sidi DAO