La reprise des compétitions de basket reste très inégale d’une région du monde à l’autre, à cause de la crise
du coronavirus. Dans cette interview accordée à nos confrères de Radio France internationale (RFI),
le président de la Fédération internationale de basket-ball fait le point sur la situation

RFI : Hamane Niang, fin mai, la Fédération internationale de basket-ball (FIBA) a publié ses lignes directrices pour le retour au jeu. Où en est-on ? Est-ce que des compétitions ont repris sur tous les continents, malgré le coronavirus ?


Hamane Niang : Tout d’abord, je tiens à remercier toutes nos fédérations nationales pour leur soutien au cours des derniers mois, dominés par la pandémie de la Covid-19. Nous avons réagi très rapidement en suspendant toutes les compétitions FIBA. Nous avons été l’une des premières fédérations internationales à le faire, dès le 12 mars.

La FIBA a beaucoup travaillé durant cette période en élaborant des lignes directrices pour la reprise du jeu. La priorité numéro un de la FIBA est la santé des joueurs et de tous les acteurs. Les différents types de redémarrage adressés aux différentes fédérations pour informations ne sont pas destinés à remplacer les directives et restrictions mises en place par les gouvernements et autorités de santé publique. Ces lignes avaient seulement pour but d’aider les fédérations nationales et les ligues à terminer leurs saisons.

Aujourd’hui, je peux vous dire que quelques ligues nationales ont terminé leurs saisons, comme l’Espagne, l’Allemagne, Israël. Il y a également eu des compétitions de basket 3×3 en Estonie, Belgique, Lituanie, France et ailleurs. Par contre, la reprise est beaucoup plus difficile pour les compétitions internationales parce que les situations sont très différentes d’un pays à l’autre et il y a de nombreuses restrictions concernant les voyages.

RFI : Aucune Coupe du monde sénior FIBA, hommes ou femmes, n’était programmée en 2020 et 2021. Cela a-t-il permis à la FIBA de mieux traverser cette crise que d’autres fédérations internationales sportives qui, elles, ont été obligées de reporter, voire d’annuler, de grands événements ?

Je voudrais rappeler que pour 2020 la FIBA avait programmé les Tournois de qualification olympique (TQO) pour les Jeux olympiques de Tokyo, qui sont très importants pour les fans de basket. Avec la Covid-19, nous avons été amenés à reporter ces TQO 2020 à 2021. Quant à 2021, c’est une année phare pour nos compétitions zonales avec l’Afrobasket, l’Eurobasket, l’AsiaCup et l’AmeriCup. Vous voyez donc bien que nous sommes touchés pour ces deux années, à l’instar d’autres fédérations internationales.

Mais la FIBA a revu ses calendriers de compétitions dès avril 2020. Nous avons décidé de tenir en 2021 l’Afrobasket, l’AsiaCup et les TQO pour les Jeux de Tokyo. En revanche, l’Eurobasket et l’AmeriCup ont été reportés à 2022. Nous espérons que ces retouches vont nous permettre de mieux traverser cette crise.

RFI : La Coupe du monde masculine s’est déroulée en Chine et notamment à Wuhan d’où est partie la pandémie de la Covid-19, quelques semaines avant la crise du coronavirus. Avec le recul, la FIBA a-t-elle échappée au pire ? à savoir, une annulation de dernière minute du tournoi et/ou une vague de contagions chez les équipes ?
Oui, effectivement, nous avons eu de la chance que le virus n’apparaisse qu’après la Coupe du monde en Chine. Cela nous a permis d’organiser la plus importante Coupe du monde ; la première avec 32 équipes réparties dans 8 villes. […]

Une Coupe du monde qui a vu tous les records battus, notamment en termes de téléspectateurs, de spectateurs, de vues sur les réseaux sociaux. […] Nous nous réjouissons déjà de la prochaine Coupe du monde qui aura lieu en 2023 et qui sera organisée pour la première fois par trois pays : les Philippines, le Japon et l’Indonésie.

RFI : La crise du coronavirus a-t-elle eu un impact sur les finances de la FIBA ?
La FIBA est dans une situation financière saine et stable. Nous avons évidemment revu le budget 2020 et faisons attention à nos dépenses. Mais nous avons confiance dans le fait que nous pouvons surmonter cette crise.

RFI : Des ligues comme la NBA (Amérique du Nord) ou la CBA (Chine) ont choisi de finir la saison dans un ou deux sites, à huis-clos. La FIBA comprend-elle et soutient-elle cette stratégie ?
Chaque ligue est indépendante et chaque organisation peut prendre ses décisions. Cela dit, nous comprenons et soutenons la reprise du jeu à chaque fois que la santé des joueurs et de tous les acteurs est prise en compte et que les directives des autorités de santé publique sont respectées.

RFI : Pour s’assurer que les compétitions auront lieu en 2021, faut-il justement privilégier ce type de solutions : c’est-à-dire des tournois sans spectateurs, avec des matches qui se déroulent dans un petit nombre de salles ?
Notre souhait est que les compétitions reprennent comme par le passé, dans une ambiance sportive et festive, avec toutes les parties prenantes. Après, en fonction de l’évolution de la pandémie, on aura assez d’énergie pour s’adapter et continuer à jouer pour le bonheur de nos fans.

RFI : Une compétition dont le sort n’a toujours pas été décidé, c’est la Basketball Africa League (BAL). Craignez-vous l’annulation pure et simple de sa saison inaugurale ?
[…] Les dirigeants de la BAL sont actuellement en train d’analyser toutes les pistes possibles pour le lancement de la saison 2020. Je reste persuadé que tout sera mis en œuvre pour que cette ligue, qui a suscité tant d’espoirs pour le monde du basket en général et pour celui en Afrique en particulier, voit le jour dans les mois à venir.

Source: Journal l’Essor-Mali