Au Mali sous IBK, à chaque mois suffit sa peine. Après la polémique autour de l’accord de réadmission et celle de l’affaire dite de la secrétaire du Président de l’Assemblée, c’est autour du football que la crise couve désormais. Décidément, il ne serait nullement exagéré de qualifier le régime d’IBK de régime à scandales et  de crises permanentes. De son accession au pouvoir à nos jours, il ne se passe presque plus de mois où le pays n’est pas empêtré dans un scandale ou une crise, faisant du Mali la risée des pays de la sous-région. Sinon, qui pouvait imaginer qu’après la polémique sur la signature d’un document de réadmission des immigrés maliens en situation irrégulière en Europe et celle autour de l’affaire de la secrétaire du Président de l’Assemblée, que le pays allait  encore connaitre une autre crise à seulement quelques 16 mois de la fin du mandat d’IBK. Et pourtant, la boîte à pandore vient d’être ouverte par le ministre des Sports Housseyni Amion Guindo qui a dissout la FEMAFOOT. A-t-il réellement mesuré les conséquences de son acte ? La FIFA ne va-telle pas suspendre le Mali de toutes les compétitions de football ? Par ce geste, le ministre ne va-t-il pas sacrifié l’avenir de toute une génération ?

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Le football est, sans nul doute, le sport roi au Mali. Il demeure également l’un des pans de la fierté nationale qui ne s’était pas encore écoulé. Le seul encore qui était capable de raviver la conscience nationale et l’appartenance à un Peuple-un But-une Foi. Le Gouvernement comprendra-t-il jamais que le Sport est le domaine inexploré à même de ramener la paix des cœurs dans le pays ?  La grave décision, et probablement la première jamais prise par un ministre des Sports au Mali, de dissoudre la Fédération Malienne de football, si elle a été saluée par bon nombre d’amateurs du ballon rond, pourrait s’avérer très lourde de conséquences pour le Mali. Elle expose non seulement le pays à une suspension de toutes les équipes masculines comme féminines de toutes les compétitions, mais aussi et surtout, sacrifie l’avenir de toute une génération de jeunes talentueux qui n’auront plus l’occasion de se faire valoir, tant que perdurera la sanction. Et cela, à la CAN comme à la coupe du monde de toutes les catégories. Les textes de la FIFA sont très clairs. Ils interdisent toute immixtion des politiques dans la gestion du football. La décision du ministre est déjà interprétée par les instances du football mondial comme une ingérence des politiques. Elle fera fi des causes qui auront été à la base de la décision du ministre. La FIFA ne jugera que le courageux acte mais risqué posé par le ministre qui avait pourtant saisi au préalable sans succès la FIFA et le Tribunal Arbitral du Sport pour ne pas en arriver là.

Pour rappel, la crise de la FEMAFOOT couvait depuis plus de 2 ans paralysant ainsi  le sport roi. Plusieurs tentatives de médiation, notamment celle des leaders religieux, de la société civile et même de l’ancien Président de la Transition, Dioncounda Traoré et du Président de l’Assemblée Nationale sont restées sans succès. La décision du ministre n’est intervenue qu’après toutes ces tentatives de médiation infructueuses et surtout après que les clubs et les équipes nationales en eurent pâti. Comme en témoignent l’élimination précoce et inattendue de l’équipe nationale sénior à la CAN Gabon 2017 et celle  dès le premier tour de la ligue des champions d’Afrique des clubs de l’AS Réal et du Stade malien de Bamako.  Si  nul ne conteste le bien-fondé de la décision du Gouvernement après moult médiation et si bon nombre de maliens ont applaudi la courageuse décision du ministre Poulo, lui-même ancien président de club et ancien vice-président de la FEMAFOOT, pensant mettre fin à la chienlit au sein de la FEMAFOOT, les conséquences de cette décision seront préjudiciables pour  la nouvelle génération de jeunes footballeurs et pour le Mali.

En définitive, à moins 8 mois de la fin du mandat de l’actuel bureau, dirigé par le Général Boubacar Baba Diarra, la sagesse devait guider le Gouvernement à prendre le mal en patience jusqu’ à la fin du mandat et préparer le congrès pour balayer tout l’actuel bureau source de toutes les crises au sein de la FEMAFOOT. Au lieu de cela et comme une malédiction, le gouvernement provoque une autre crise, faisant du régime IBK le record man en scandales et crises en Afrique de l’ouest. Le Gouvernement doit prendre la question du Sport très au sérieux surtout qu’il peut amener à renforcer le sentiment d’appartenance nationale à la même Nation. Et dans le cadre du processus de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix, fini le rêve de ceux qui caressaient le plaisir de voir un jour évoluer au sein de notre équipe nationale de foot, un touareg ou un arabe. Imaginer un tant soit peu, l’image retour sur la paix que ferait le football sur le Mali, si la victoire du pays passait un jour par les pieds d’un touareg ou d’un arabe.

Youssouf Sissoko

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Source: Inf@sept