L’ancien Premier ministre ivoirien Charles Konan Banny est décédé ce vendredi 10 septembre 2021. Il avait été évacué vers Paris, samedi 4 septembre, selon nos confrères de Jeune Afrique, des suites de complications liées au Covid-19 où il est s’est éteint à l’Hôpital américain de Neuilly. Agé de 78 ans, il fut un personnage central de la scène politique ivoirienne, dans l’ombre des « trois grands » qu’il a servi successivement.

Né en 1942 à Divo dans le sud de la Côte d’Ivoire, Charles Konan Banny vient d’une famille de planteurs et de hauts fonctionnaires baoulés, piliers du pouvoir houphouëtiste, dont il suivra la trace. Après des études à l’Essec, grande école française de commerce dont il est diplômé en 1968, il entre à la Caisse de Stabilisation et de Soutien des Prix des Productions Agricoles, d’abord, puis à l’Organisation InterAfricaine du Café dont il est le secrétaire général.

En 1976, il entre à la BCEAO, il en gravira tous les échelons jusqu’au poste de gouverneur, à partir de 1990, lorsqu’il succède à Alassane Ouattara, devenu premier ministre. En 1994, il doit gérer les effets de la dévaluation du Franc CFA ou encore la faillite d’Air Afrique, mais il poursuit à la tête de la banque sous-régionale, jusqu’à ce qu’une autre crise l’amène à la politique active.

En 2005, il devient Premier ministre de transition dans une Côte d’ivoire déchirée, alors que la présidentielle a été repoussée. Pendant 16 mois, il est balloté par les soubresauts de la crise, sert d’intermédiaire entre Laurent Gbagbo et Jacques Chirac qui ne s’entendent pas, reconnait des « négligences » dans l’affaire du Probo Koala, qui faillit l’emporter.

Il cède sa place en 2007

Dans le même temps, il tente de prendre le contrôle du PDCI, le parti historique de Félix Houphouët-Boigny, mais Henri Konan Bedié gardera la main. Les accords de paix se succèdent mais ne sont jamais réellement appliqués, jusqu’à celui de Ouagadougou, en 2007, à la suite duquel il doit céder sa place à Guillaume Soro.

Charles Konan Banny est un homme de consensus. Alassane Ouattara, arrivé au pouvoir en 2011, s’en souvient. Il le nomme président de la « Commission pour le dialogue, la vérité et la réconciliation ». Sa mission va durer trois ans, son bilan est apprécié diversement selon les familles politiques.

Après le retour de Laurent Gbagbo à Abidjan mi-juin, Charles Konan Banny avait mis en avant son expérience sur la question de la réconciliation, et republié les conclusions et recommandations de la CDVR, un « socle concret » selon lui.

Il soutenait un « dialogue national inclusif », défendant le « consensus houphouëtien » comme modus vivendi en Côte d’Ivoire.

Passionné de football, Charles Konan Banny était marié et père de quatre enfants.